Maroc : pourquoi l’Espagne renforce son dispositif militaire dans le nord

Depuis plusieurs semaines, le Maroc et l’Espagne multiplient les manœuvres militaires entre les îles Canaries et le détroit de Gibraltar. Sur mer, dans les airs et à terre, les deux voisins affichent une vigilance accrue dans une zone où les tensions ne s’éteignent jamais vraiment. Dans ce climat de méfiance mutuelle, Madrid a franchi une nouvelle étape en déployant à Ceuta ses systèmes d’artillerie et de défense antiaérienne les plus performants.

Une puissance de feu au service de la dissuasion

Le régiment mixte d’artillerie n° 30 (RAMIX 30), basé à Ceuta, a récemment mobilisé ses unités les plus performantes dans le cadre de l’exercice DACE comme le rapporte le site espagnol elpueblodeceuta. Ce programme d’entraînement a vu le déploiement de systèmes de missiles Mistral et de canons bitubes Oerlikon 35/90, capables d’intercepter des cibles aériennes à moyenne altitude avec une cadence de tir impressionnante. L’objectif : renforcer la réactivité du dispositif espagnol face à toute menace potentielle venant du sud, dans un contexte où Rabat revendique toujours Sebta, Melilla et plusieurs îlots côtiers.

Le RAMIX 30 agit comme le bouclier antiaérien de Ceuta. Ses troupes s’exercent à détecter, suivre et neutraliser des cibles tout en assurant la coordination entre les sections de canons et les unités de missiles. Ces manœuvres visent à évaluer l’efficacité du dispositif de commandement et la capacité d’interopérabilité entre les différents systèmes d’armes.

Entre vigilance et rivalité territoriale

Les revendications marocaines sur les deux enclaves espagnoles restent un point sensible. Rabat, qui modernise rapidement son armée et développe de nouveaux partenariats technologiques, observe avec attention les exercices espagnols. De son côté, Madrid veut rappeler qu’elle demeure prête à toute éventualité, tout en évitant d’alimenter une escalade inutile.

Cette rivalité feutrée se joue désormais autant dans le ciel que dans la communication stratégique. Chaque manœuvre, chaque image de déploiement militaire devient un message adressé à l’autre rive. L’Espagne teste la réactivité de ses troupes, tandis que le Maroc affine sa capacité de projection régionale.

Une frontière sous haute tension symbolique

Au-delà de l’aspect technique, Ceuta et Melilla concentrent des enjeux identitaires et politiques majeurs. Leur défense, pour l’Espagne, ne relève pas seulement de la sécurité, mais de la souveraineté. Le Maroc, lui, voit dans ces territoires un vestige de l’histoire coloniale qu’il n’a jamais renoncé à contester.

Laisser un commentaire