L’échec financier d’une entreprise n’efface pas toujours le prestige d’une réussite globale. C’est ce que démontre Rihanna, icône planétaire et entrepreneuse milliardaire, qui vient d’enregistrer une perte d’environ 36 millions de dollars à travers sa société Denim UK Holdings rapporte Finance Monthly. Ce revers provient de la fermeture de Fenty Maison, sa marque de mode haut de gamme créée avec LVMH en 2019. Malgré ce coup dur, la chanteuse reste à la tête d’un empire commercial florissant et conserve sa place parmi les figures les plus influentes du luxe contemporain.
Une ambition inédite dans l’univers du luxe
Lorsque LVMH s’associe à Rihanna pour lancer Fenty Maison, le projet porte une portée symbolique forte : pour la première fois depuis Christian Lacroix en 1987, le géant français du luxe crée une nouvelle marque à partir de zéro. L’artiste devient ainsi la première femme noire à diriger une maison au sein du groupe.
L’objectif est clair : bousculer les codes du luxe traditionnel en y infusant l’énergie, la diversité et l’audace caractéristiques de l’univers de la chanteuse barbadienne.
Fenty Maison se distingue dès son lancement par son positionnement numérique et ses collections prêtes à être achetées immédiatement après leur présentation. Le pari : marier la spontanéité de la pop culture avec l’exigence du sur-mesure parisien. L’idée séduit, mais les défis apparaissent vite. Les vêtements proposés — comme une veste en jean à près de 1 000 $ ou une robe-chemise à plus de 800 $ — peinent à séduire une clientèle déjà conquise par les produits plus accessibles de Fenty Beauty et Savage x Fenty. Ce déséquilibre entre prestige et accessibilité a fait de la marque une prouesse esthétique, mais un casse-tête économique.
Une aventure stoppée net par la pandémie
Les ambitions de Rihanna et de LVMH se heurtent à un obstacle inattendu : la crise sanitaire mondiale. Les restrictions de déplacement liées au COVID-19 empêchent la chanteuse, installée aux États-Unis, de superviser les opérations entre Paris et l’Italie, où se trouvent les ateliers et usines partenaires. La jeune maison, encore en phase d’installation, souffre alors d’un manque de direction artistique continue et de retards logistiques répétés.
Cette paralysie s’ajoute à des coûts d’exploitation élevés et à des ventes insuffisantes. En 2021, la décision tombe : la ligne de prêt-à-porter est suspendue, marquant la fin d’une aventure ambitieuse mais fragile.
Selon les derniers bilans, Rihanna y aurait investi près de 35 millions de dollars, somme presque équivalente à celle de LVMH. La perte totale, estimée à 36 millions, apparaît désormais comme le prix d’une expérience grandeur nature dans un marché impitoyable.
Une leçon plutôt qu’un échec
Le parcours de Fenty Maison n’est pas qu’un épisode de pertes financières ; il illustre les limites du concept de célébrité-entrepreneuse face aux réalités du luxe traditionnel. Là où le maquillage et la lingerie reposent sur la proximité et la diversité, la haute couture exige une régularité artisanale et une présence physique constante.
Mais cette fermeture ne remet pas en cause la stature économique de Rihanna. Ses autres marques, Fenty Beauty et Savage x Fenty, demeurent des succès planétaires. Pour la chanteuse devenue femme d’affaires, ces 36 millions de dollars représentent moins un échec qu’une expérience d’apprentissage à coût élevé, révélant combien la créativité doit composer avec les contraintes du marché du luxe.



