Le ton est monté entre Elon Musk et l’agence spatiale américaine. Sur son réseau X, le patron de SpaceX a violemment attaqué Sean Duffy, ministre des Transports et administrateur par intérim de la Nasa, qu’il accuse de vouloir « saboter » les efforts de son entreprise. L’échange montre la tension croissante entre l’homme d’affaires et l’agence qu’il considère comme un partenaire stratégique… mais aussi comme un concurrent.
Des propos qui enflamment le débat spatial américain
Tout est parti des déclarations de Sean Duffy sur Fox News. Il y évoquait la possibilité de relancer les appels d’offres pour la mission Artémis 3, destinée à ramener des astronautes américains sur la Lune, évoquant les retards pris par SpaceX dans le développement de sa fusée géante Starship. Cette annonce a aussitôt provoqué la colère d’Elon Musk, qui a riposté avec virulence en le traitant de « crétin » et en affirmant qu’il essayait de « tuer la Nasa ».
Pour Musk, les critiques sont infondées : il soutient que Starship progresse plus rapidement que tout autre projet du secteur et que la fusée « accomplira la mission lunaire intégrale ». Mais pour l’agence américaine, les délais répétés de SpaceX menacent la crédibilité du programme Artémis, censé démontrer la capacité des États-Unis à maintenir une présence durable sur la Lune avant de viser Mars.
Un partenariat historique sous tension
Depuis plusieurs années, la Nasa et SpaceX entretiennent une collaboration étroite. L’entreprise de Musk a permis de relancer les vols habités américains vers la Station spatiale internationale après la retraite des navettes en 2011. Ce partenariat public-privé a souvent été cité en exemple pour son efficacité et son coût réduit. Mais aujourd’hui, l’équilibre semble fragilisé par la pression du calendrier et la concurrence technologique internationale, notamment avec la Chine, que Washington voit comme un rival majeur dans la conquête lunaire.
La décision de rouvrir les appels d’offres pour Artémis 3 traduit une perte de confiance de certains responsables américains envers SpaceX. L’agence cherche à éviter une dépendance excessive vis-à-vis d’un seul acteur, aussi performant soit-il. Une approche que Musk juge inutile et bureaucratique.
Une querelle symptomatique d’un enjeu plus large
Au-delà des insultes, cette querelle montre la complexité des relations entre innovation privée et mission publique. Elon Musk, qui aime se présenter comme un pionnier indépendant, se heurte ici à une institution tenue par des impératifs politiques, budgétaires et de sécurité nationale. L’épisode révèle aussi la fragilité d’un partenariat basé autant sur la performance que sur la confiance mutuelle.
Reste à savoir si cet affrontement public affectera la coopération entre SpaceX et la Nasa, ou s’il ne s’agira que d’un nouvel éclat d’un entrepreneur connu pour ses provocations. Une chose est sûre : la course à la Lune américaine vient de prendre une tournure bien plus terrestre.



