Un récent article publié par la revue américaine The Geopolitics avance que l’Algérie chercherait à renforcer son influence en Tunisie afin de limiter l’ascension diplomatique du Maroc au Maghreb. Dans une région historiquement traversée par des rivalités politiques et territoriales, ce positionnement stratégique viserait à consolider l’avantage algérien dans les équilibres régionaux.
Une Tunisie fragilisée, terrain d’influence privilégié
Selon l’analyse de The Geopolitics, la situation économique et politique tunisienne, marquée par un pouvoir davantage centralisé entre les mains du président Kaïs Saïed et par des difficultés financières, aurait accru la dépendance de Tunis vis-à-vis de ses voisins. L’Algérie aurait profité de cette conjoncture pour accroître son soutien économique et sécuritaire, renforçant ainsi son poids dans les décisions stratégiques tunisiennes.
Ce rapprochement se traduirait notamment sur le plan diplomatique, où la Tunisie adopte désormais des positions plus proches de celles d’Alger. L’exemple le plus significatif avancé par le magazine est la question du Sahara occidental, où Tunis, autrefois prudente et neutre, se montre désormais moins encline à adopter une posture intermédiaire entre les deux puissances rivales.
Une stratégie ancrée dans une rivalité historique au Maghreb
L’approche algérienne décrite par la revue s’insère dans une situation de rivalités anciennes et profondes entre Rabat et Alger. Celles-ci trouvent leur origine dans le conflit autour du Sahara occidental, où le Maroc revendique sa souveraineté tandis que l’Algérie soutient le Front Polisario. À cela s’ajoute la fermeture des frontières terrestres depuis 1994, ainsi qu’une lutte silencieuse mais constante pour le leadership régional, notamment dans les affaires africaines et sahéliennes. Ces antagonismes ont durablement bloqué les initiatives d’intégration au sein de l’Union du Maghreb arabe et freiné la coopération politique.
Dans ce jeu de contre-poids, la Tunisie devient un acteur décisif. Plus Tunis s’aligne sur la diplomatie algérienne, plus Rabat se retrouve marginalisé dans l’espace maghrébin. La revue estime que cette dynamique complexifie toute perspective d’apaisement entre les deux voisins, puisque l’un des rares ponts potentiels de dialogue — la Tunisie — se retrouve désormais ancré dans une logique d’équilibre favorable à Alger.
La revue souligne donc que le rôle de la Tunisie pourrait évoluer si elle parvenait à retrouver une marge d’autonomie diplomatique. Une Tunisie plus indépendante pourrait à terme redevenir facilitatrice de dialogue, voire contribuer à rouvrir la voie à des projets régionaux communs, actuellement au point mort.



