Moins de vingt-quatre heures après l’interpellation de Maïmouna Ndour Faye, directrice de 7TV, le journaliste Babacar Fall a été arrêté ce mercredi dans les locaux de la RFM. Il venait d’interviewer Madiambal Diagne, recherché par la justice sénégalaise. Ces arrestations en série ravivent les inquiétudes sur la liberté de la presse et le respect du cadre légal de l’information au Sénégal.
Deux interpellations en moins de 48 heures
Après la descente des gendarmes mardi 28 octobre 2025 dans les locaux de 7TV à Dakar, c’est au tour de la Radio Futurs Médias (RFM) d’être au centre de l’actualité. Ce mercredi matin, Babacar Fall, animateur vedette de la matinale de la station, a été arrêté par la police, selon une information confirmée par le compte officiel du Groupe Futurs Médias (GFM), propriété de Youssou Ndour.
Le journaliste venait de diffuser un entretien exclusif avec Madiambal Diagne, poursuivi pour des flux financiers illicites estimés à 21 milliards de FCFA et visé par un mandat d’arrêt international. Cette arrestation intervient alors que Maïmouna Ndour Faye demeure en garde à vue après la tentative d’interview avortée du même Madiambal Diagne sur 7TV la veille. Plusieurs voix s’élèvent pour dénoncer ce qu’elles considèrent comme une série d’atteintes à la liberté de la presse.
À Versailles, en France, le journaliste Madiambal Diagne devait comparaître lundi dernier, mais ses avocats ont obtenu le report de l’audience au 4 novembre. Cette simultanéité entre procédures judiciaires et arrestations de journalistes alimente un débat national sur la transparence judiciaire et la protection du droit à informer.
Le Code de la presse au cœur du débat
Ces événements successifs réactivent la question du cadre légal applicable aux médias sénégalais. L’article 5 du Code de la presse dispose que « le journaliste et le technicien des médias ont droit au libre accès à toutes les sources d’information et d’enquête sans entraves sur tous les faits d’intérêt public », à condition de respecter le secret de l’enquête et les règles de sécurité nationale. Ce principe, garant de la liberté d’informer, sert aujourd’hui de référence aux défenseurs des professionnels interpellés.
Des juristes rappellent que ni l’annonce ni la diffusion d’une interview ne constituent, en soi, une infraction, sauf en cas de divulgation d’éléments couverts par le secret judiciaire. L’interprétation retenue par les autorités suscite donc des interrogations sur la proportionnalité des mesures prises à l’encontre des journalistes. Des associations de presse appellent déjà à un front commun pour la défense du pluralisme et de la liberté d’expression, évoquant un « précédent inquiétant » pour le paysage médiatique sénégalais.
Les gardes à vue de Maïmouna Ndour Faye et de Babacar Fall devraient connaître des développements dans les prochaines heures, alors que les syndicats de journalistes annoncent une réunion d’urgence pour décider des actions à entreprendre.


