Réuni en Conseil des ministres à Dakar, le chef de l’État Bassirou Diomaye Faye a instruit son gouvernement d’articuler les politiques publiques autour de la relance de l’investissement, de l’emploi et de la protection du pouvoir d’achat. À l’approche du vote du budget 2026, l’exécutif est appelé à concilier rigueur budgétaire et justice sociale, alors que le poids de la dette publique s’alourdit. L’enjeu est de maintenir la stabilité économique sans freiner la croissance.
Une feuille de route centrée sur la relance et la cohésion sociale
Hier en Conseil des ministres, le président Bassirou Diomaye Faye a demandé aux ministres de présenter à l’Assemblée nationale des politiques et programmes capables de stimuler l’investissement productif et l’emploi. Ces orientations, qui accompagneront la loi de finances 2026 déposée le 15 octobre au Parlement, doivent aussi renforcer le rôle du secteur privé comme moteur du développement.
Le chef de l’État a insisté sur la nécessité de mesurer l’efficacité du Plan de redressement économique et social (PRES) et de la Stratégie nationale de développement pour la période 2025-2029. Cette évaluation devra permettre d’ajuster les politiques publiques en faveur de la croissance inclusive et de la lutte contre la pauvreté. À cet effet, le Premier ministre, le ministre de l’Économie et celui des Finances sont chargés de coordonner les travaux et de proposer des réformes concrètes.
Le Président a également mis l’accent sur la maîtrise des prix des denrées de base et des services essentiels. Il a appelé à renforcer les dispositifs de protection sociale pour soutenir les ménages modestes et prévenir toute érosion du pouvoir d’achat. Les groupes vulnérables et les zones rurales doivent figurer parmi les priorités des prochains arbitrages budgétaires. Ces mesures visent à contenir les tensions inflationnistes qui affectent le panier de la ménagère et à préserver la stabilité sociale.
Des sources gouvernementales indiquent que des ajustements réglementaires sont envisagés pour mieux encadrer les marges de distribution et les coûts logistiques. Un projet d’arrêté interministériel sur les produits de première nécessité pourrait être soumis au vote dès la prochaine session parlementaire.
Une équation budgétaire dominée par le poids de la dette
L’un des défis majeurs du gouvernement reste la gestion du service de la dette, estimé à 3 200 milliards de francs CFA sur les trois prochaines années, soit environ 5,8 milliards de dollars. Cette somme représente un effort considérable pour les finances publiques, alors que les besoins en investissements sociaux et productifs demeurent élevés. Pour 2026, les projections font état d’une hausse de plus de 11 % par rapport aux estimations de juin, et les exercices 2027-2028 devraient suivre la même trajectoire ascendante.
Selon des analyses issues du ministère des Finances, cette évolution résulte notamment de l’intégration progressive d’une « dette cachée » héritée des exercices précédents. Les autorités s’efforcent désormais d’en clarifier l’ampleur et la structure, en concertation avec les partenaires techniques et financiers. Cette transparence est essentielle pour restaurer la crédibilité du pays sur les marchés internationaux, comme l’ont récemment souligné plusieurs observateurs économiques.
Les efforts de rééquilibrage budgétaire s’appuieront sur une stratégie de mobilisation accrue des ressources internes et sur la rationalisation des dépenses publiques. Le gouvernement compte aussi renforcer la coopération avec les acteurs du secteur privé pour attirer des investissements dans les infrastructures et les industries locales.
Le pari de Bassirou Diomaye Faye est donc double : maîtriser les engagements financiers de l’État tout en soutenant la relance économique. Ce cap, s’il est maintenu, conditionnera la capacité du Sénégal à préserver sa stabilité macroéconomique et à répondre aux attentes sociales d’une population en quête d’équité et d’opportunités durables.



