La Cour suprême du Sénégal a confirmé, ce jeudi, la condamnation du journaliste Madiambal Diagne à trois mois de prison ferme pour diffamation à l’encontre du magistrat Souleymane Téliko. Seule la contrainte par corps, prononcée par la Cour d’appel de Dakar en mars 2025, a été annulée. Cette décision met un terme à un long contentieux judiciaire entre le journaliste et l’ancien président de l’Union des magistrats du Sénégal.
La plus haute juridiction tranche définitivement l’affaire
En rendant son arrêt, la Cour suprême a maintenu les principales sanctions retenues par les juridictions inférieures : trois mois d’emprisonnement ferme, une amende de 500 000 FCFA et le paiement de 5 millions de FCFA à titre de dommages et intérêts à Souleymane Téliko. Cette décision confirme la déclaration de culpabilité du journaliste, déjà actée par le tribunal de première instance puis confirmée en appel. Seule la mesure de contrainte par corps, permettant une incarcération pour non-paiement, a été écartée par la juridiction suprême.
L’affaire trouve son origine dans des propos tenus en 2021, lorsque Madiambal Diagne avait affirmé que le magistrat Téliko avait été « épinglé » par un rapport de l’Union européenne pour des indemnités perçues de manière irrégulière lors d’une mission des Chambres africaines extraordinaires sur le procès Hissène Habré. Ces déclarations, jugées diffamatoires, avaient conduit Souleymane Téliko à déposer plainte. Malgré plusieurs recours, le fondateur du groupe Avenir Communication n’a pas obtenu gain de cause.
Un deuxième dossier judiciaire plane sur le journaliste
Cette décision intervient alors que Madiambal Diagne est impliqué dans un autre dossier d’envergure. Le journaliste est poursuivi pour des flux financiers illicites estimés à 21 milliards de FCFA dans le cadre d’une enquête ouverte par le Pool judiciaire financier. Recherché par la justice sénégalaise, il a été interpellé en France en octobre 2025, avant d’être placé sous contrôle judiciaire. Son audience devant le tribunal de Versailles a été reportée au 4 novembre prochain. Ce volet financier, distinct de l’affaire Téliko, alimente depuis plusieurs jours un débat sur la transparence des activités économiques du patron de presse, déjà visé par un mandat d’arrêt international.
La double actualité judiciaire de Madiambal Diagne illustre les tensions récurrentes entre liberté de la presse et responsabilité pénale au Sénégal, un pays où plusieurs acteurs des médias ont récemment fait face à des poursuites pour diffamation ou diffusion de fausses nouvelles. Certains observateurs estiment que cette affaire pourrait servir de référence dans les débats futurs sur la réforme du code de la presse, régulièrement évoquée dans les milieux professionnels.
Avec cette décision de la Cour suprême, le dossier Téliko se referme sur un verdict définitif, marquant la fin d’un contentieux de longue haleine entre deux figures publiques du monde judiciaire et médiatique.


