Le Fonds souverain d’investissements stratégiques (FONSIS) a dévoilé les grandes lignes du projet de reconstruction de l’Hôpital Aristide Le Dantec à Dakar. L’établissement, en pleine transformation, vise à hisser le Sénégal au rang des pôles sanitaires les plus performants d’Afrique de l’Ouest. Avec une capacité annoncée de 660 lits et un plateau technique de dernière génération, cette initiative marque une étape clé vers l’autonomie médicale nationale et la réduction des évacuations à l’étranger.
Un projet structurant pour la santé publique
Le FONSIS pilote la valorisation et la modernisation du site historique de l’Hôpital Aristide Le Dantec, fer de lance du système hospitalier sénégalais depuis plus d’un siècle. Le futur complexe s’étendra sur trois hectares, avec une capacité d’accueil de 660 lits et 15 blocs opératoires. Il intégrera un plateau technique complet, comprenant des unités d’imagerie, d’IRM, de scanner, d’angiographie et de radiothérapie de haute précision. Le projet prévoit également la création de pôles paramédicaux et d’unités spécialisées, en complément des services déjà proposés par les grands hôpitaux de la capitale.
Conçu pour répondre aux standards internationaux en matière d’infrastructures médicales, ce nouvel hôpital ambitionne de renforcer la souveraineté sanitaire du Sénégal et de réduire la dépendance aux soins extérieurs. Le financement se fera sans recours à l’endettement de l’État, grâce à un modèle de co-investissement avec le secteur privé. Le FONSIS précise que le foncier ne fera l’objet d’aucune vente : il sera mis à disposition sur la base de baux à long terme ou d’apports en nature, assortis de clauses de non-aliénation garantissant la stabilité des investissements. Ce modèle s’inspire de dispositifs internationaux éprouvés de valorisation d’actifs publics, souvent utilisés pour encourager le financement privé dans les infrastructures sociales.
Les études techniques actuellement en cours permettront de déterminer le coût global du projet et les modalités du partenariat financier. À terme, l’ensemble devrait contribuer à positionner Dakar comme un centre régional d’innovation médicale, capable d’attirer des praticiens et des patients venus de toute la sous-région. Des discussions sont déjà engagées avec plusieurs institutions financières et partenaires techniques pour accompagner la mise en œuvre du programme.
Un chantier au cœur des débats publics
La transformation du site Le Dantec n’a pas toujours fait consensus. La fermeture progressive de l’hôpital en août 2022 avait suscité un vif débat national. Plusieurs acteurs de la santé, syndicats et associations d’usagers avaient exprimé leurs inquiétudes face aux conséquences immédiates sur la continuité des soins, notamment pour les malades chroniques et les services spécialisés. Des critiques ont également émergé autour de la gestion du foncier : certains ont dénoncé que seuls trois hectares seraient utilisés pour la reconstruction sur les six hectares d’origine, alimentant des soupçons de cession de terrain à des acteurs privés.
Pour le FONSIS, cette reconfiguration du site s’inscrit au contraire dans une logique de valorisation maîtrisée, où le foncier résiduel sera consacré à des projets paramédicaux, hôteliers ou d’accueil, venant compléter l’offre de soins et de services du futur hôpital. Ce choix, selon l’institution, permettra d’assurer un équilibre économique et de garantir la pérennité du modèle sans grever le budget de l’État.
Historiquement, l’Hôpital Aristide Le Dantec a occupé une place centrale dans le système de santé sénégalais. Créé en 1914, il a formé plusieurs générations de médecins et de soignants, tout en assurant des soins tertiaires pour des patients venus de tout le pays et de la sous-région. Sa vétusté et la dispersion de ses pavillons avaient cependant rendu indispensable une reconstruction complète. Ce chantier, une fois achevé, devra concilier la mémoire d’un lieu emblématique et la nécessité d’un service public de santé adapté aux exigences du XXIᵉ siècle.
La relance du site par le FONSIS marque ainsi une étape décisive dans la refondation hospitalière du pays, en vue de doter le Sénégal d’infrastructures médicales de référence, modernes, accessibles et durables.



