Bénin : Que sont devenues les écoles de formation des partis politiques ?

L’ère des réformes politiques au Bénin, marquée par la charte des partis de 2018 a soulevé une question cruciale : Que sont réellement devenues les écoles de formation idéologique et technique au sein des grandes formations politiques ? Longtemps considérées comme le socle de l’animation démocratique, ces structures sont passées du statut de centres de réflexion permanents à celui d’outils stratégiques, principalement activés pour le renforcement des capacités en amont des échéances électorales. Mais depuis plusieurs mois silence radio.

L’actualité récente, notamment au sein des partis politiques, montre un regain d’intérêt formel pour ces écoles, témoignant d’une reconnaissance de la nécessité de la professionnalisation. Le paysage politique béninois impose aux acteurs une nouvelle forme de discipline. La lutte ne se joue plus seulement sur le terrain de la mobilisation brute, mais sur la qualité technique et stratégique des cadres.

Les formations politiques dominantes ont toutes réactivé ou officialisé leurs structures internes. L’Union Progressiste le Renouveau (UPR) a lancé il y a quelques mois en arrière, la formation de ses formateurs, sous la houlette de son Président, Joseph Fifamin Djogbénou. L’objectif était clairement énoncé : « Renforcer les capacités des militants pour structurer efficacement les cellules du parti et assurer une mobilisation réussie » en vue des prochaines échéances. Cette initiative vise à doter les cadres d’outils stratégiques pour un engagement plus structuré et efficace sur le terrain, insistant sur le besoin d’une formation en cascade allant de la haute direction aux cellules de base.

Le Bloc Républicain (BR) a tenu sa première session de formation de l’École du Parti pour l’année 2024, avec un focus sur le renforcement des capacités en communication politique à l’intention des députés, leurs suppléants et les membres du Bureau Exécutif National. Le Président du BR, Abdoulaye Bio Tchané, avait souligné l’impératif de cette démarche : « Si nous voulons faire de notre Parti le premier du Bénin, il faut passer par notre école du Parti ». L’École du BR, selon le Professeur Arifari Bako, se veut modulaire et itinérante, organisant des sessions thématiques sur des sujets variés allant de l’historique politique du Bénin à la e-réputation et aux aspects psychologiques de la communication politique.

L’expérience passée des FCBE (Forces Cauris pour un Bénin Émergent), lancée officiellement en mai 2018, montre l’importance de ces écoles pour structurer la contradiction. L’objectif affiché des FCBE était alors de « rehausser le niveau du débat politique ». Ces initiatives marquaient un tournant : les écoles de parti ne sont plus optionnelles, mais des instruments de performance politique et électorale. L’efficacité de la formation se mesure ici à la capacité des cadres et militants à maintenir l’ancrage idéologique, former des cadres non pas pour des postes, mais pour des convictions, afin de résister aux incitations financières et aux menaces et doter les élus d’une expertise technique pour décortiquer les projets de loi, proposer des amendements pertinents et animer un débat contradictoire crédible, évitant ainsi de transformer l’Assemblée Nationale en simple chambre d’enregistrement.

Un effet de passager

Juste après les initiatives de lancement de ces écoles de formation des partis politiques, la ferveur semble s’être estompée. Pourtant, ces écoles sont très utiles pour l’affermissement de la conviction et la normalisation de la vie politique au Bénin. Avec l’émergence de ces écoles, nombre d’observateurs ont rêvé de voir une élite politique dans quelques années, différente de celle que connait actuellement le pays et dont les aspirations ne cadrent pas beaucoup avec celle du peuple. La vraie mesure de la réussite de ces écoles ne devrait pas être leur nombre de sessions, mais la résilience qu’elles conféreront aux cadres face aux tentatives de déstabilisation et leur capacité à produire des politiques alternatives crédibles.

Le silence que l’on observe actuellement est-elle une trêve qui permettra de mieux sauter ou alors, il s’agit d’un effet de propagande qui s’est envolé après avoir fait son charme communicationnel ? La question reste posée et la responsabilité des partis politiques, quel que soit leur bord, est sérieusement engagée. Pour un militantisme de qualité, ces écoles de formation doivent connaitre une nouvelle dynamique.

1 réflexion au sujet de « Bénin : Que sont devenues les écoles de formation des partis politiques ? »

  1. « Que sont devenues les écoles de formation des partis politiques »
    On voit maintenant les vraies raisons derrière plus d’une trentaine de partis politiques au Bénin. La Science politique donne l’ouverture de devenir un servant public où l’échelle monte dans la voie politique en étudiant les Sciences politiques en faisant les études supérieures. Au Bénin on se donne le luxe des écoles de formation des partis politiques pour faire ou sortir des politiciens fainéants, paresseux qui n’attendent que le « Hand-out » de l’état.
    Les écoles primaires ont besoin de ces bancs et tables pour mieux asseoir leurs élèves.
    La pagaille!

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