France - Algérie : Boualem Sansal se livre sur les raisons de son arrestation

Libéré il y a une dizaine de jours après un an de détention, Boualem Sansal a choisi le journal télévisé de France 2, ce dimanche 23 novembre, pour sa première prise de parole. L’écrivain franco-algérien, resté silencieux depuis sa sortie de prison, a parlé avec prudence, mais a livré sa lecture de ce qui l’a conduit derrière les barreaux. Au-delà de son cas personnel, son témoignage renvoie aux tensions persistantes entre Paris et Alger, qu’il dit avoir ressenties jusque dans sa cellule.

Son arrestation remonte au 16 novembre 2024, à son arrivée à l’aéroport d’Alger. Les autorités lui reprochaient des propos tenus quelques semaines plus tôt dans un entretien vidéo accordé au média français Frontières, où il évoquait notamment l’histoire des frontières entre l’Algérie et le Maroc. Placé en détention provisoire, puis jugé, il a été condamné en mars 2025 à cinq ans de prison pour « atteinte à la sûreté nationale » et « atteinte à l’intégrité territoriale », peine confirmée en appel en juillet. Sa libération est intervenue le 12 novembre 2025, à la faveur d’une grâce présidentielle accordée pour raisons humanitaires, compte tenu de son âge et de sa maladie, avant une prise en charge médicale à l’étranger et son retour en France.

Sahara occidental, diplomatie France-Algérie et lecture de Boualem Sansal

Interrogé sur ce qu’il estime être le cœur du dossier, Boualem Sansal avance une explication directement liée aux relations franco-algériennes. Selon lui, sa détention aurait été « principalement » provoquée par la position récente de la France sur le Sahara occidental, et par les répercussions politiques de cette décision à Alger. Il dit avoir compris assez vite que son cas dépassait sa personne.

L’écrivain associe aussi son arrestation à ses liens personnels en France. Il cite notamment son amitié avec Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France à Alger, qu’il considère comme un élément ayant aggravé la perception des autorités algériennes à son égard. Dans son récit, ces deux facteurs — Sahara occidental et relations françaises — se combinent pour expliquer la sévérité de la procédure.

Boualem Sansal indique par ailleurs avoir souhaité que la question de son sort soit abordée au plus haut niveau, expliquant avoir demandé au président Emmanuel Macron de s’adresser directement à Abdelmadjid Tebboune. Il souligne ainsi le caractère éminemment politique qu’il attribue à son dossier, tout en se gardant d’élargir son propos à des considérations non vérifiées.

Retour possible en Algérie, inquiétudes familiales et détenus politiques

Sur un éventuel retour en Algérie, Boualem Sansal dit en avoir le désir, notamment pour récupérer ses affaires. Mais il affirme craindre pour ses proches s’il y remet les pieds, évoquant le risque que son épouse soit à son tour inquiétée. Cette inquiétude marque un contraste entre son attachement au pays et la méfiance née de son passage en prison.

Toujours dans un ton mesuré, l’écrivain explique contrôler ses mots pour ne pas exposer ceux qui sont restés détenus. Il dit penser à ses anciens compagnons de cellule et cite le journaliste Christophe Gleizes parmi les personnes encore emprisonnées, rappelant qu’il n’est pas un cas isolé. Sa prise de parole vise aussi à ne pas provoquer de conséquences immédiates pour ces détenus.

Enfin, Boualem Sansal décrit la difficulté de retrouver une vie ordinaire après un an d’incarcération. Il parle d’un retour progressif à la liberté, fait de repères à reconstruire, sans entrer dans le détail de son expérience carcérale.

En livrant cette lecture des raisons de son arrestation, Boualem Sansal place son histoire au croisement du politique et de l’intime. Sa parole, prudente mais explicite, intervient alors que Paris et Alger restent engagés dans une relation sensible, où chaque geste peut peser sur les équilibres diplomatiques et sur le sort d’autres détenus.

2 réflexions au sujet de “France - Algérie : Boualem Sansal se livre sur les raisons de son arrestation”

  1. A y voir de près, il faut un séjour carcéral d’un an dans une prison Algérienne pour guérir d’un cancer en phase terminal.
    C’est pour dénoncer la communication mensongère autour de cette affaire dont l’aboutissement est la libération de Boualem Sansal .
    Le malade en phase terminal fait après son rapatriement à Berlin puis à Paris les plateaux télés.
    La ficelle est grosse .
    Cherchez l’erreur

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