L’Assemblée nationale française a récemment adopté une résolution visant à dénoncer l’accord franco-algérien de 1968, une démarche que le gouvernement algérien considère comme une politisation du texte. Pour Alger, cette initiative relève pour l’instant de la « compétition électorale » interne à la France et n’engage pas encore Paris envers l’Algérie.
L’accord de 1968, un texte sous tension
L’accord signé en 1968 avait pour objectif de réguler la présence et le séjour des ressortissants algériens en France après l’indépendance. Il facilitait l’obtention de titres de séjour et le regroupement familial, accordant aux Algériens un cadre légal spécifique par rapport aux autres étrangers. Ce dispositif symbolise les liens post-coloniaux et demeure un élément clé des relations bilatérales, mais il reste sensible lorsqu’il est évoqué dans le débat politique français.
La récente initiative du Rassemblement National, adoptée à une majorité très étroite, a ravivé ces tensions. La résolution montre des critiques sur l’accord, le présentant comme dépassé et inadapté aux enjeux actuels de la politique migratoire française, ce qui a immédiatement attiré l’attention du gouvernement algérien, qui n’a pas été consulté officiellement.
Une réaction mesurée mais claire d’Alger
Le ministre des Affaires étrangères algérien, Ahmed Attaf, a souligné dans une interview accordée à la chaîne algérienne AL24, que le vote relève de la sphère politique française et ne constitue pas un acte engageant officiellement les deux pays. Il a rappelé que l’accord de 1968 est un traité intergouvernemental, et que toute modification nécessiterait une discussion directe entre Paris et Alger.
Il a vivement critiqué l’utilisation de ce texte à des fins électorales, affirmant qu’un traité historique encadrant les relations bilatérales ne devrait pas être instrumentalisé pour marquer des points politiques internes. Selon lui, transformer un cadre de coopération en enjeu politique fragilise la portée du texte et risque de brouiller le dialogue entre les deux gouvernements.
Pour l’instant, l’Algérie n’a reçu aucune information officielle de Paris et espère que l’affaire restera limitée au débat intérieur. Toutefois, le ministre a averti que son pays pourrait intervenir si cette initiative évoluait vers une décision gouvernementale formelle, transformant le débat interne en véritable sujet diplomatique.



