Sécurité au Mali : pour la France, la Russie a échoué

La France a estimé que la coopération sécuritaire entre le Mali et la Russie n’avait pas apporté les résultats escomptés. Alors que Bamako a fait face à une crise énergétique provoquée par des attaques de groupes armés, Paris exprime sa préoccupation sur la situation sécuritaire. Les propos du ministère français des Affaires étrangères interviennent au moment où la capitale malienne retrouve peu à peu son rythme normal. La question du rôle des partenaires étrangers dans la lutte contre les groupes islamistes ressurgit.

Les critiques françaises sur l’efficacité du partenariat russo-malien

Le ministère français des Affaires étrangères a déclaré ce jeudi que la décision du Mali de s’appuyer sur la Russie et sur des groupes armés associés à Moscou pour lutter contre les organisations islamistes avait montré ses limites. Selon Pascal Confavreux, porte-parole du ministère, Paris observe “avec une réelle inquiétude” la dégradation de la sécurité dans le pays. Il a ajouté que la présence des forces russes “n’assure en rien la sécurité des populations maliennes”.

Ces déclarations interviennent alors que le pays subit depuis plusieurs semaines un blocus de carburant imposé par des combattants liés à Al-Qaïda. Ce blocage, entamé il y a deux mois, a fortement ralenti les activités économiques et logistiques dans la capitale. Le manque de carburant a provoqué des pénuries d’électricité et une hausse des prix du transport, accentuant les tensions sociales.

Les autorités maliennes affirment toutefois avoir partiellement rétabli l’approvisionnement grâce à l’arrivée récente de plusieurs centaines de camions-citernes escortés jusqu’à Bamako. Cette opération logistique, coordonnée par les Forces armées maliennes (FAMa), a permis de contourner les zones sous influence jihadiste et de ravitailler la capitale, évitant un arrêt complet des services essentiels.

De la rupture avec la France à l’alliance avec Moscou

Après plusieurs années de coopération militaire étroite avec Paris, les autorités maliennes ont mis fin à la présence française en 2022. L’opération Barkhane, qui visait à contenir les groupes armés dans la région du Sahel, a été contrainte de se retirer du territoire. Peu après, la même tendance s’est observée au Burkina Faso et au Niger, entraînant la formation de l’Alliance des États du Sahel (AES). Cette structure, qui réunit aujourd’hui ces trois pays, ambitionne d’assurer une sécurité collective indépendante des anciennes puissances coloniales et de renforcer leur souveraineté régionale.

Ce repositionnement diplomatique a ouvert la voie à un rapprochement stratégique avec Moscou. Des instructeurs russes ont été déployés pour soutenir les forces locales, notamment dans les zones les plus exposées aux attaques jihadistes. Avec ce soutien, les forces maliennes ont réussi à reprendre le contrôle de Kidal, un ancien bastion tenu par des groupes armés depuis plusieurs années. Cette reconquête a été présentée comme un symbole de la restauration de l’autorité nationale sur une partie du nord du pays.

Il convient de rappeler que durant la période de présence militaire française, plusieurs attaques meurtrières avaient également frappé le centre et le nord du Mali, malgré les opérations menées contre les groupes affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique. Les difficultés à stabiliser durablement ces zones témoignaient déjà de la complexité du conflit et de la résilience des groupes armés dans des territoires vastes et difficiles d’accès.

Les autorités maliennes affirment que leur coopération actuelle vise à consolider les zones reprises tout en poursuivant les efforts de sécurisation et de développement. Pour Paris, la situation reste préoccupante, mais les responsables maliens insistent sur leur volonté de maintenir une approche souveraine dans la gestion de la sécurité nationale. Entre attentes sécuritaires, enjeux géopolitiques et pression économique, le Mali tente de maintenir un équilibre fragile au cœur du Sahel.