Sénégal : les parieurs lancent une grève de 72 heures pour protester contre la taxe de 20 %

Des associations de parieurs ont décrété un arrêt collectif des mises dans plusieurs villes du Sénégal, notamment à Dakar, Thiès et Ziguinchor. Leur mouvement, entamé le 3 novembre 2025, vise à dénoncer la taxe de 20 % désormais appliquée sur les gains issus des paris sportifs et des loteries. Les manifestants parlent de « spoliation » et réclament une révision de la loi. Cette mobilisation intervient alors que le gouvernement défend une mesure inscrite dans la loi n° 17/2025 du Plan de redressement économique et social (PRES).

Trois jours de suspension des jeux dans tout le pays

Les parieurs sénégalais ont lancé un mot d’ordre inédit : suspendre toute activité pendant 72 heures pour protester contre ce qu’ils considèrent comme une ponction injuste sur leurs gains. Dans plusieurs régions, les guichets physiques sont restés fermés, tandis que des groupes d’usagers ont relayé des appels au boycott sur les réseaux sociaux. Selon les initiateurs du mouvement, cette grève temporaire a pour but d’attirer l’attention des autorités sur les difficultés rencontrées par les parieurs réguliers depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle fiscalité.

La loi n° 17/2025, appliquée depuis le 1er novembre 2025, prévoit qu’une taxe de 20 % soit automatiquement prélevée sur les gains réalisés lors des jeux de hasard et des paris sportifs. Officiellement, cette réforme vise à encadrer un secteur en pleine expansion et à renforcer la transparence des opérations. Toutefois, plusieurs acteurs locaux estiment que cette mesure pourrait dissuader de nombreux joueurs et affecter l’économie parallèle liée au secteur, notamment les petits points de vente. Des exploitants de kiosques ont eux aussi exprimé leur inquiétude quant à une possible baisse de fréquentation.

Une taxe inscrite dans la stratégie de redressement budgétaire

La taxe de 20 % s’intègre à une politique plus large de mobilisation des ressources internes voulue par l’État. Confronté à une pression budgétaire accrue, le gouvernement cherche à diversifier ses recettes fiscales. L’inclusion du secteur des jeux dans les produits taxés, au même titre que l’alcool, le tabac ou les transferts d’argent, reflète cette stratégie de consolidation financière. L’objectif affiché est d’augmenter les revenus nationaux tout en régulant les activités liées au pari, souvent perçues comme informelles. Ce cadre fiscal plus strict s’inscrit dans les réformes économiques prévues par le PRES, lancé pour stabiliser les finances publiques et soutenir la relance.

Plusieurs observateurs rappellent toutefois que l’efficacité de cette taxation dépendra de la capacité des autorités à équilibrer contrôle et attractivité. Si les parieurs décident de se tourner vers des plateformes étrangères non régulées, l’État risque de perdre une part importante des recettes attendues. Certains acteurs du numérique et du commerce en ligne soulignent déjà la facilité d’accès à ces plateformes, souvent disponibles par mobile money ou via des applications non locales. Le débat pourrait prochainement s’étendre à la question de la régulation régionale du jeu en ligne, un dossier encore en discussion au sein de la CEDEAO.

Le mouvement de grève de trois jours des parieurs sénégalais souligne les tensions entre nécessité de recettes publiques et acceptabilité sociale de l’impôt. À ce stade, aucune rencontre officielle entre les associations de joueurs et la Lonase n’a encore été annoncée.

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