Transport aérien : pourquoi l’Afrique peine à profiter du boom mondial

Malgré une augmentation constante du nombre de passagers sur le continent, l’Afrique reste en retrait par rapport à la croissance mondiale du transport aérien. Selon Somas Appavou, directeur régional pour les Affaires extérieures pour l’Afrique de l’Association internationale du transport aérien (IATA), lors d’une conférence en ligne le 18 décembre, le continent compte environ 142 millions de voyageurs en 2025, avec une prévision de 149 millions pour l’année suivante. Cette progression ne se traduit cependant pas par des profits significatifs pour les compagnies africaines, qui restent très minoritaires dans le partage des bénéfices mondiaux.

Les coûts élevés et les marges faibles freinent le développement des compagnies

Au cours de son intervention, Somas Appavou a précisé que le coût pour acheminer une tonne de fret sur un kilomètre frôle les 145 dollars, presque le double de la moyenne observée à l’échelle mondiale. Il a également souligné que certaines compagnies africaines sont confrontées à des restrictions financières locales, comme en Algérie, où une partie de leurs fonds est immobilisée, ce qui limite leurs possibilités d’investir dans de nouveaux avions ou d’ouvrir davantage de liaisons.

L’expert a indiqué que les tarifs aériens restent un obstacle pour de nombreux Africains, dont le revenu disponible est limité. Sur le continent, 32 pays sur 54 figurent parmi les plus pauvres selon la Banque mondiale, ce qui réduit fortement la demande pour les voyages en avion. Les déplacements sont en outre compliqués par des règles strictes de visa et des accords aériens bilatéraux restrictifs, freinant la fluidité des liaisons régionales. Ces contraintes expliquent que les compagnies aériennes africaines ne parviennent à dégager en moyenne qu’1,3 dollar de profit par passager, contre 7,9 dollars pour la moyenne mondiale.

Défis structurels et perspectives pour l’aviation africaine

L’Afrique compte des compagnies majeures comme Ethiopian Airlines, Royal Air Maroc, EgyptAir et Kenya Airways, qui assurent des liaisons internationales et régionales, ainsi que des acteurs régionaux comme RwandAir, Air Peace ou FlySafair, spécialisés dans les vols domestiques et continentaux. Ces compagnies reflètent la diversité du secteur africain et son potentiel de croissance malgré des contraintes financières, réglementaires et infrastructurelles.

Somas Appavou a indiqué que les difficultés ne se limitent pas aux questions financières. Les aéroports manquent souvent de modernisation, le personnel qualifié fait défaut dans plusieurs pays, et les règles aériennes diffèrent fortement d’un État à l’autre, compliquant la circulation entre les nations. Malgré ces obstacles, le trafic aérien continue de progresser sur le continent, tandis que l’industrie mondiale reste robuste, avec un bénéfice net total prévu de 41 milliards de dollars en 2026 et une marge nette de 3,9 %.

Selon l’expert, pour que l’Afrique profite pleinement du boom mondial, les compagnies devront améliorer leur efficacité, réduire leurs coûts et faciliter l’accès aux vols. Celles capables de combiner ces efforts avec une meilleure connectivité régionale pourraient progressivement augmenter leur part du marché et capter davantage de revenus dans un secteur en pleine expansion.

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