Réseaux sociaux : l’OMS alerte sur l’utilisation des jeunes

Adem AY (Unsplash)

L’essor fulgurant des réseaux sociaux a profondément transformé le paysage numérique en à peine une décennie. Ces plateformes, initialement conçues pour connecter les individus, sont devenues des géants incontournables de notre quotidien. Facebook, Instagram, TikTok et consorts ont su capter l’attention d’une génération en quête de partage et de reconnaissance instantanée. Leur ascension fulgurante a été portée par la démocratisation des smartphones et l’amélioration constante des connexions internet. Ces espaces virtuels se sont imposés comme de véritables agoras modernes, où s’entremêlent interactions sociales, partage de contenu et construction identitaire. Cependant, cette révolution numérique n’est pas sans soulever des inquiétudes quant à son impact sur la santé mentale et le développement des plus jeunes utilisateurs.

Une addiction numérique croissante

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) tire la sonnette d’alarme face à l’augmentation préoccupante de l’utilisation problématique des réseaux sociaux chez les adolescents européens. Les chiffres sont alarmants : en 2022, 11% des jeunes de 11 à 15 ans présentent des signes d’addiction, contre seulement 7% quatre ans auparavant. Cette tendance touche particulièrement les filles, avec 13% d’entre elles concernées, contre 9% des garçons. Le phénomène atteint son paroxysme en Roumanie, où 28% des adolescentes de 13 et 15 ans sont touchées, tandis que les Pays-Bas semblent mieux résister avec seulement 3% de jeunes concernés.

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Ces comportements addictifs se manifestent par une incapacité à contrôler le temps passé sur les plateformes, une sensation de manque lorsqu’ils n’y ont pas accès, et l’abandon d’autres activités au profit de la connexion permanente. Cette surexposition numérique n’est pas sans conséquences : dépression, anxiété, harcèlement et résultats scolaires en berne sont autant de risques pointés du doigt par l’OMS. Le phénomène s’apparente à une véritable épidémie silencieuse, se propageant à l’ombre des écrans lumineux qui captent l’attention de nos jeunes.

Les jeux en ligne, nouveau terrain d’addiction

Parallèlement à l’usage problématique des réseaux sociaux, l’OMS met en lumière une autre menace grandissante : l’addiction aux jeux en ligne. Un tiers des adolescents s’adonne quotidiennement à cette pratique, et 22% y consacrent au moins quatre heures par jour. Plus inquiétant encore, 12% des jeunes développent un comportement problématique face au jeu, avec une prévalence marquée chez les garçons (16% contre 7% des filles). Cette immersion prolongée dans des univers virtuels soulève des questions sur le développement social et cognitif de toute une génération.

Face à ce constat alarmant, l’OMS appelle à une action immédiate et concertée. L’enjeu est de taille : permettre aux adolescents de naviguer en toute sécurité dans le paysage numérique, tout en préservant leur bien-être mental et social. Il s’agit d’un défi complexe, car les réseaux sociaux ne sont pas dénués d’aspects positifs. Ils offrent des opportunités uniques de connexion entre individus partageant les mêmes passions, comme en témoigne le fait que 36% des jeunes, et jusqu’à 44% des adolescentes de 15 ans, rapportent être en contact numérique constant avec leurs amis.

Vers une utilisation responsable du numérique

L’OMS prône une approche équilibrée, reconnaissant les avantages potentiels d’une utilisation raisonnée des médias sociaux tout en mettant en garde contre les excès. L’objectif est clair : les jeunes doivent apprendre à maîtriser ces outils plutôt que de se laisser dominer par eux. Cette quête d’équilibre s’apparente à un exercice de funambule, où chaque pas doit être mesuré pour ne pas basculer dans l’addiction.
Pour relever ce défi, l’OMS recommande aux autorités nationales de repenser les environnements numériques et de renforcer les mesures éducatives. Il s’agit de doter les jeunes des compétences nécessaires pour naviguer en toute sécurité dans le monde digital, tout en développant leur esprit critique face aux contenus qu’ils consomment. Cette éducation au numérique pourrait s’apparenter à un nouveau type d’alphabétisation, aussi crucial que l’apprentissage de la lecture et de l’écriture pour les générations précédentes.

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