Réflexion

/food/soumanou.jpg » hspace= »6″ alt= » » title= » »  » />Démythifier l’art pour que vive l’art
Dans l’histoire des peuples africains au sud du Sahara, l’art a été considéré de tous les temps comme une chose sacrée, une pratique réservée à une certaine minorité prise pour garante de la tradition. Et pendant longtemps, le culturel a été noyé dans le cultuel.

Pendant longtemps, le culturel a manqué d’exister, phagocyté par son voisin. Les peuples africains ont tout déifié: le sable, l’arbre, le bois, l’eau, le fer, la pierre… Tout était dieu et craint. Nul n’oserait se saisir d’une pierre pour fabriquer une sculpture, d’un bois poli pour peindre s’il n’est d’abord un initié.
Au fond, il  ne s’agit  là que de  perceptions de l’art africain aujourd’hui dépassées. Culturel et cultuel ont toujours cohabité en Afrique même si, de plus en plus, le sacré se démarque du profane.
Le hic, c’est que les artistes tournent leurs regards vers l’Occident qui comprend ce qu’ils font et le demande. Même sur place en Afrique, les expositions mobilisent un public essentiellement composé d’Occidentaux. Ainsi, les artistes ont vite fait de s’envoler pour aller s’installer en Europe et en Amérique où ils se sentent plus attendus.
Jusqu’à la veille du troisième millénaire, le Centre culturel français de Cotonou était le lieu d’exposition par excellence au Bénin. Beaucoup d’artistes y doivent leur décollage. La conséquence de cette restriction du champ des expositions est que le grand public africain n’a pas été éduqué pour recevoir ses créations et ses créateurs.
Il y a une barrière à rompre entre les créateurs africains et leur public naturel. Touts doivent se donner la main. C’est dans cette perspective que le plasticien béninois Dominique Zinkpè a initié un festival d’art plastique, Boulev’art depuis 1999. Occasion pour des artistes d’ici et d’ailleurs de sortir de leurs ateliers avec leurs matériels de travail pour se créer dans la rue, sous les regards de professionnels et de profanes, sur des places publiques notamment à l’Etoile rouge de Cotonou. L’art y prend forme, respire et émeut.
Outre Boulev’art, des galeries se créent. Le premier à se jeter avec une forte conviction dans cette entreprise est le dramaturge Ousmane Alédji. Il a conçu et réalisé la galerie Artisttik-Bénin qui reçoit régulièrement des œuvres d’artistes talentueux. Elle se révèle comme une vitrine du siège social du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb) où elle est logée depuis quelques années après son déménagement du quartier Bar Tito. Son exemple étonne beaucoup. Pourquoi n’a-t-il pas investi plutôt dans le montage d’un Théâtre de cinquante (50) à quatre vingt (80) places où il pourra être projeté plusieurs fois par semaine une série de spectacles d’arts de la scène ? Apparemment, lui-même n’a pas de réponse à la question. Il s’agit tout simplement pour Ousmane Alédji d’une passion. Sa passion pour l’art. Car dans un spectacle de théâtre intervient le plastique à divers niveau dont le décor.
Emboîte le pas à Ousmane Alédji, Tchif. A la différence que ce dernier est plasticien de profession. Mais sa galerie est sise à quelques mètres seulement de celle de l’autre. Il l’a fait connaître au public par une exposition l’année dernière qui regroupait Dominique Zinkpè, Charly d’Almeida et lui-même sous le titre évocateur «3 D marches». Sans fantaisie, Trois démarches.

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Fortuné Sossa

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