Paul Gnimagnon, président du Nep Mixalodo/ parti d’opposition

P. Gnimagnon«Yayi Boni a ramené le Bénin de 2009 aux années 88-89 »
Depuis quelques mois, il est apparu dans le landernau politique béninois, un parti dénommé Nep-Mixalodo (Nouvel élan pour la Patrie) présidé Paul Gnimagnon dont les prises de position ne sont aucunement favorable au régime en place. Inspecteur des douanes, l’ancien militant du parti communiste du Bénin, est nanti d’une maîtrise en droit et d’un Dess spécialisé en Douane obtenu à Bruxelles. Marié et père de quatre enfants (04), Paul Gnimagnon, à deux ans de sa retraite, est plus que jamais décidé à œuvrer au départ du Dr Boni Yayi du pouvoir en 2011. Dans cet entretien, il dénonce la tendance de l’actuel régime à « voler les acquis démocratiques », sa mauvaise gouvernance, sa mauvaise gestion. Loin de trouver un quelconque mérite à l’actuel locataire de la Marina, il estime plutôt que Yayi a ramené le Bénin aux années 88 et 89. Mieux, l’ancien directeur de la Boad est un bon client pour la Haute Cour de justice.

 

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Samedi, la marche initiée par votre parti contre la mauvaise gouvernance et la cherté de la vie a été interdite. Etiez-vous en conformité avec les prescriptions légales en la matière ? Et qu’est-ce qui s’est réellement passé    ?

Paul Gnamagnon : Je voudrais vous rassurer que nous sommes à Nep-Mixalodo, des légalistes. Nous ne faisons et n’allons jamais rien faire qui porte entorse aux lois républicaines. Dans ce sens donc, nous avons fait les formalités prescrites par la loi. Je peux vous produire copie de l’autorisation donnée par le maire de Cotonou. C’est après avoir eu l’autorisation que tard dans la nuit, la responsable de ladite marche, Mme Ganvo, a reçu un coup de fil selon lequel le préfet aurait dit que si les femmes se réunissent,  la police va les «chicoter» et disperser la foule. Donc c’est pour vous dire que nous avons eu bel et bien l’autorisation. Mais, je voudrais vous dire que cela ne nous a pas étonné. Qu’il vous souvienne qu’à l’occasion de notre rentrée politique, le 06 août 2009 au palais des congrès, il y avait déjà la tentative de nous empêcher de tenir ladite rentrée. Plus de deux semaines à l’avance, nous avons fait les formalités pour réserver le Palais des Congrès. Le jeudi qui précédait ladite manifestation, lorsque avec mon premier vice-président nous sommes allés pour avoir confirmation, que nous avons été informés que les Fcbe avaient une manifestation.  Lorsqu’ on leur a répondu que la salle avait déjà été consignée, ils ont décidé de faire leur manifestation sur l’esplanade. Je fais remarquer que lors de mon entretien avec Eugène Azatassou, il m’a répondu qu’ils avaient un projet de tenir une manifestation au stade de l’amitié. Et jusqu’à ce jeudi, la date n’était pas fixée. Il m’a dit que c’est au cours d’une réunion ce jeudi que la date sera fixée. Curieusement, c’était pour le même 06 juin, dans la même matinée et au même endroit où notre parti allait tenir sa manifestation. Tout montre que c’était pour nous empêcher. Dans la mesure où ils n’avaient invité aucune presse, ils n’avaient pris aucune disposition en thème de banderole. Nous avons reçu le témoignage de certains de nos invités qui, lorsqu’ils s’étaient présentés à notre congrès ont rencontré les gens des Fcbe qui leur ont dit que c’est chez eux que la manifestation se tenait ou encore que la salle était remplie. Nous étions en pleine conférence quand deux agents de la Crs, sont rentrés dans la salle pour intimer l’ordre aux médias d’aller couvrir la manifestation qui se faisait au dehors. Entendez bien, la manifestation de Fcbe. Et ça, c’était visible. L’Ortb a obtempéré et est sorti de la salle. Les autres chaînes sont restées à l’intérieur. Après la manifestation, nous avons eu des échos de certains que, les Fcbe les avaient fait venir pour saboter une manifestation de l’opposition, alors même qu’on ne pouvait pas les payer ce qu’on leur avait promis. Ils ont même mangé le cocktail que nous avons prévu pour nos invités de marque. Toutes choses indignes d’une démocratie et du changement qu’on prône. Nous avons fait une conférence de presse le samedi 04 juillet 2009. A la suite de ladite conférence, le président de la République lui-même, a instruit le ministre de l’économie et des finances pour nous affecter de notre poste. Il n’est plus alors surprenant qu’on ait empêché  les femmes de faire la marche pacifique samedi. Voilà ce que je peux vous dire par rapport à ce dossier.

A propos de cette affectation, que reprochez à votre hiérarchie ? Est-ce que cela n’est-il pas dans les formes réglementaires ? Et sous quel motif avez-vous été muté ?

Je voudrais vous dire que l’on ne me reproche rien d’autres que le fait d’avoir choisi le camp de l’opposition contre le gouvernement en place. Je n’ai commis aucune faute administrative et si j’en avais commis, la procédure disciplinaire existe. Qu’elle soit donc enclenchée si c’était le cas. Donc il faut voir en cette mesure d’affectation, une mesure de représailles qui démontre très bien qu’en dépit de l’existence du statut de l’opposition, que le président de la République ne veut pas d’une opposition. Il fait semblant de travailler pour le renforcement de la démocratie mais il n’en est rien. Parce que s’il était sincèrement démocrate, il n’allait pas choisir de  confisquer les acquis démocratiques. Il n’allait pas m’affecter parce que j’ai choisi de dire la vérité. Je voudrais dire tout simplement que c’est des choses que nous avions prévues à Nep-Mixalodo. Nous avons pris notre décision d’appartenir plutôt à l’opposition bien  avant la naissance du parti lors des travaux préparatoires. Nous avons adopté notre déclaration de politique générale et d’orientation, notre position était bien connue, nous connaissons les implications et ce que je peux vous dire, est que tant sur la vie du parti que sur notre vie personnelle, cette affectation est un non événement. Cela n’arrêtera pas la marche.

M. le président, vous vous êtes déclaré de l’opposition. Mais, est-ce que vous vous êtes conformé au statut de l’opposition ?

Je vous ai dit que nous sommes légalistes. Nous avons un conseil et avant de poser les actes, nous analysons, nous essayons de voir ce que les textes prescrivent. Nous allons vous étonner en vous disant que lorsque nous nous sommes rapproché du ministère de l’Intérieur pour déposer notre déclaration d’appartenance à l’opposition, les agents n’en savaient rien. Ils ont dit, au premier vice-président qui est parti remplir les formalités qu’ils ne comprenaient pas de quoi il était question. Les cadres ne savaient pas comment enregistrer une telle déclaration dans la mesure où rien n’avait été prévu auparavant. C’est dire que dans notre République, les chefs à divers niveaux ne font qu’improviser, ne savent pas toujours quelle suite donner à tel dossier. Ils n’ont pris aucune disposition, en tout cas, en tant que force politique organisée, nous avons rempli les formalités prévues par la loi.

Ça fait quelque mois seulement que le Nep-Mixwalodo est né. Mais on constate quand même une certaine présence au devant de la scène politique. Comment l’expliquez-vous ?

Cela est à notre actif simplement. Nous nous en réjouissons et nous en déduisons que nous sommes sur la bonne voie. Il faut voir en cette audience, le fait que le peuple béninois avait un besoin. Le peuple béninois se trouvait dans le désarroi. Le peuple béninois qui a placé son espoir en ce régime du changement a été déçu et cherchait une autre voie. C’est simplement de cette manière que nous expliquons parce que nous voyons l’engouement aujourd’hui. Si nous voyons les appels que nous recevons de toutes les régions de l‘intérieur du pays, si nous voyons les défilés que les gens font à notre siège, si nous prenons en compte les appels de soutien que nous recevons de Canada, de la France, des Etats-Unis et de certains pays d’Afrique, des gens qui ne nous connaissent pas, des gens qui ont lu sur Internet et s’étonnent et qui nous soutiennent, qui de surcroît nous demandent de ne pas désarmer, nous nous disons qu’il nous faut nous investir davantage. Le peuple ayant constaté que Yayi Boni et son gouvernement ont déçu et ils veulent non seulement une alternance en 2011 mais d’une alternance porteuse d’alternative. Et nous comptons bien jouer notre partition.

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On sait quand même qu’une pareille présence nécessite des moyens financiers colossaux. Est-ce que ce n’est pas parce que vous vous avez une certaine assise financière, compte tenu de votre statut de douanier comme on le dit habituellement ?

C’est pertinent. Dans mon entourage, je me plais à dire aux gens que je ne suis pas douanier. Je suis agent permanent de l’Etat parce que pour le commun, le douanier c’est celui qui est riche. Je ne suis pas riche et donc je ne suis pas douanier. C’est pour vous dire que bien que douanier ayant évolué dans ce milieu, je ne suis pas l’homme qui tend la main aux usagers. Je ne suis pas l’homme qui va au service en disant, je dois rentrer avec de l’argent. Et j’en suis fier aujourd’hui parce que je peux parler devant n’importe quel opérateur économique, n’importe quel transitaire, n’importe quel douanier. Cela dit, je ne suis pas riche, j’ai un minimum, de petits moyens que j’aurais pu distraire à autre chose. Mais j’ai voulu mettre ces petits moyens au service du combat politique qui, pour moi, est un combat sacré. Qui pour moi, n’est pas un combat pour l’accomplissement personnel. J’ai mis donc le peu de moyens que j’ai pour le renforcement de la démocratie dans mon pays. Je ne m’inquiète pas du tout. Tant que je suis sur la bonne voie, tant que je suis sur la voie de la vérité, les moyens pour mener cette lutte là qui n’est pas une lutte égoïste, viendront. Je profite de l’occasion pour lancer un appel à toutes les Béninoises et à tous les Béninois, à tous les compatriotes qu’ils vivent à l’intérieur comme à l’extérieur, pour dire que la sauvegarde des acquis démocratiques n’est pas le seul fait de M. Paul Gnimagon. Elle  n’est et ne sera jamais le seul fait du parti nouvel élan pour la patrie Mixalodo, mais que tous ensemble nous devons nous mettre au travail. C’est d’ailleurs le sens de mixalodo parce que le développement d’un pays n’est pas l’affaire d’une seule personne. C’est dans l’union que nous allons bâtir ce pays.

M. le président, on vous connaît quand même un passé communiste. Dites-nous pourquoi vous avez quitté ce parti.

J’ai quitté ce parti parce que j’ai analysé et je me suis rendu compte que toutes les prises de positions du parti communiste du Dahomey aujourd’hui du Bénin, ne sont pas des prises de position justes. Je fais simplement le constat qu’au fur et à mesure qu’au parti communiste du Dahomey du Bénin nous évoluons, plus le pouvoir d’Etat qu’on s’est engagé à conquérir s’éloigne de nous. Pourquoi? Parce que nous ne sommes pas toujours réalistes. Par moments, dans nos réflexions, il y a une dose de rêverie. Par moments, on se trompe peut être en constatant que nous sommes immaculés et que les autres c’est le noir. Par moments, nous sommes idéalistes, nous ne sommes pas les seuls dans le pays, nous sommes dans une société, nous sommes confrontés avec les autres, et c’est ensemble qu’on va bâtir le pays. Quand je fais le bilan des luttes au parti communiste du Dahomey, quand j’analyse, je trouve qu’il faut être réaliste et c’est cela qui m’a conduit à quitter les rangs du parti communiste pour commencer cette nouvelle expérience.

Etre réaliste selon vous, c’est aussi conquérir les électeurs par l’achat des consciences, les sandwich ? Qu’entendez-vous réellement par réaliste ?           

Etre réaliste veut dire que nous sommes dans un environnement, il faut tenir compte de chacune des composantes de cet environnement et ne pas être marxiste, ramener tout à soi. Je déplore l’achat de conscience. Et si vous lisez nos déclarations, vous allez vous convaincre que nous ne sommes pas sur ce chemin. Malheureusement, nos aînés, les politiciens à divers niveaux ont habitués le peuple et celui qui s’est engagé en 2006 pour mener la lutte contre la corruption s’est engagé lui-même sur cette voie de corruption politique. Il fait mieux que tout le monde, l’achat des consciences. C’est lui qui débauche les députés, qui achète les militants des partis dans le seul but de les fragiliser, de diviser pour régner. Nous ne sommes pas dans cette logique à Nep-Mixalodo, nous allons combattre. D’ailleurs, au cours de nos formations, nous l’expliquons très bien à nos militants que s’ils viennent à nous, pensant que nous allons leur donner de l’argent non, nous  n’en avons pas, ils peuvent aller chercher ailleurs. Nous sommes directs. 

Vous avez comme vice-président un leader estudiantin charismatique en la personne de Séraphin Agbahoungbata. Est-il facile d’avoir une personne de cet acabit là comme vice-président ? N’avez-vous pas peur que son aura puisse un jour surmonter la vôtre ?

Je vous ai dit que la politique pour nous n’est pas un moyen d’accomplissement personnel. Je suis un porte-parole et M. Séraphin Agbahoungbata m’a même étonné parce que lors de nos discussions avant la création du parti, lorsque je le mettais en avant, lorsque j’estimais qu’il est plus connu parce que, il s’y est opposé. Au Pcb, chacun avait son domaine d’activité, et le domaine d’activité dans lequel on l’avait affecté lui donnait une audience. Si j’étais dans ce milieu, j’aurais la même audience parce que le combat était le même et les approches étaient les mêmes. Mais il fallait en tenir compte. Et curieusement, il était le premier à dire, cher camarade, cher ami, il n’y a pas que ça, tu ferais mieux d’être notre porte-parole. Nous avons discuté librement, je ne suis pas élu à la tête du parti parce que j’ai un mérite particulier, chacun de nous à des atouts, les camarades ont estimé qu’il était plus indiqué que je sois le porte-parole parce que le fait de voir que Séraphin à plus d’audience, qu’il est plus connu, cela d’ailleurs il faut le relativiser, mais cela à tout point de vue n’était pas l’élément dont il faut tenir compte. C’est de façon consensuel et démocratique qu’on a fait notre bureau directeur national.

Quel est le rapport de Nep-Mixalodo avec les forces de l’opposition ?

Nous avons à Nep-Mixalodo, de bons rapports avec les forces de l’opposition. Je suis d’ailleurs en contact avec eux. Je les rencontre et on discute. Ça ce passe très bien parce que la cause est commune. Quand la cause est commune, il faut se mettre ensemble.

Président Gnimagnon, candidat en 2011 ?

C’est fort possible ! Je ne suis pas en mesure de vous dire aujourd’hui de façon ferme si je serai candidat. Mais je dis, rien ne m’empêche d’être candidat en 2011, cela dépendra du travail que les militants auront fait, cela dépendra de l’appel du peuple et d’autres facteurs. Mais je vais vous dire, si en 2011, le peuple nous appelle, nous sommes au rendez-vous.

L’affaire Cen-sad. Comment appréciez-vous la manière dont le dossier est géré par le gouvernement ? Et qu’est-ce que ce dossier vous inspire ?

Lorsque on se rappelle le dossier Cen-Sad, on peut faire un tour en arrière pour parler entre autres affaires, de l’affaire Kovacs. Cela ne nous étonne guère, lorsqu’on sait qu’un homme est venu au pouvoir pour s’accomplir, pour amasser les biens. S’il a choisi de ne pas gérer dans la transparence, s’il a nommé dans son gouvernement des ministres dont on connaît le passé, le passé pas très bon parce qu’ils ont toujours évolué dans le faux, lorsque lui-même n’a jamais empêché un ministre de signer des contrats de centaines de millions de  gré à gré parce que lui-même donne des instructions, lorsque on fait de la surfacturation, on ne peut qu’en arriver là. Malheureusement, ce sont les efforts du contribuable béninois qui sont en train d’être dilapidés. Nous le regrettons sincèrement et nous disons tout ce qui se passe sous Yayi Boni est un parjure. Il mérite d’aller à la haute cour de justice.

Le président ou son entourage affirme qu’il n’est pas au courant. Il a mis en place une commission pour clarifier davantage la situation. Qu’en dites-vous ?

Oui, c’est ce qu’on sert au peuple toutes les fois que les scandales éclaboussent des hommes politiques. Un tout petit exemple. Dans l’administration douanière, vous avez bien que c’est Boni Yayi qui affecte les cadres. Je n’ai jamais vu ça par le passé. Qu’un président de la république affecte les cadres d’une administration, ce ne sont pas des nominations de hauts fonctionnaires à des postes de responsabilités. C’est juste des affectations et il s’en préoccupe. Il s’en est préoccupé, c’est lui qui a affecté au service du dépôt des douanes, l’inspecteur des douanes qui a commis des malversations. C’est lorsque l’affaire éclatait qu’il s’est empressé de rencontrer les douaniers pour parler des raisons pour lesquelles il y a une baisse des recettes douanières mais en réalité un seul point le préoccupait. C’était pour dire aux douaniers et à l’opinion, « je ne connais pas le douanier Bawa, ce n’est pas moi qui l’ai  envoyé aux dépôts, il faut l’emprisonner ». Partout, il s’écartait, or c’est bel et bien lui qui l’a envoyé. C’est pour dire, tant que les affaires n’ont pas éclaté et que ceux qu’on a positionnés à ces postes périodiquement amènent de l’argent pour renflouer les proches ou les caisses personnelles des Fcbe, on ne dit rien. Mais lorsque l’atmosphère éclate et risque d’éclabousser le Chef de l’Etat, il donne des  instructions et fait tout pour montrer qu’il  n’était pas informé. Nous sommes déjà habitués à ce scénario-là. C’est trop gros de nous dire ça aujourd’hui qu’il n’est pas informé des malversations, qu’il n’est informé du dossier Cen-Sad. Je vais vous dire même qu’il dirige les administrations depuis la présidence de la République, le ministre en charge du département est là, on le contourne et on demande directement des comptes au directeur général, c’est ahurissant ! Simplement, il y a mauvaise gouvernance, il y a manque d’orthodoxie administrative et financière et nous ne pouvons qu’en arriver-là. C’est déplorable et le peuple doit savoir que ces choses-là cessent.

Vous êtes dans l’administration douanière. Confirmez-nous réellement que la trésorerie au Bénin est au rouge ?

Il y a tendance baissière. D’abord parce qu’il y a eu des instructions de la part de la présidence de la République, des instructions sont  données au ministère des finances  qu’il faut accorder des exonérations. Des fois, c’est des décisions qui sont prises sans la collaboration des techniciens, dans le même temps, on se préoccupe de positionner des cadres qui sont de moralité douteuse, ils pillent, ils s’enfuient. Je vous le dis, le trésor public est en difficulté aujourd’hui. Yayi Boni a ramené le Bénin de 2009 aux années 88-89. Il ne serait pas étonnant d’entendre comme les syndicalistes l’ont affirmé, que d’ici à  quelques mois, que l’on soit confronté à des difficultés de paiement de salaires aux travailleurs.

Dans le même temps il est allé féliciter les agents du poste de Hillacondji pour leurs performances. Est-ce que ce n’est pas la même chose partout et qu’en est-il à l’aéroport ?

Il se rachète parce que tout le temps, il a développé et il s’apprêtait à faire endosser la responsabilité de la tendance baissière, pour montrer que c’est parce que les douaniers n’ont pas bien fait leur travail que la trésorerie de l’Etat est en difficulté. Il a senti des frustrations dans le rang des douaniers. Il a senti que des douaniers sont en train de se préparer à entrer en mouvement. Il a senti donc la cohésion au niveau des centrales syndicales et il fallait désamorcer. Avant de féliciter les gens de Hillacondji, il a invité les douaniers pour dit-on, un déjeuner à la présidence de la République parce qu’il veut reconstituer l’ambiance. Et c’est au dernier moment qu’il a décommandé parce que son agenda ne lui permettait pas de les rencontrer. On veut maintenant qu’on voit que nous sommes mécontents,  nous sommes révoltés parce que nous sommes l’objet de mauvais traitements. On veut tout faire pour se rapprocher de nous pour dire que nous sommes les bons enfants et on veut déjeuner avec nous aujourd’hui et on  nous félicite. Tous cela, c’est de la farce. C’est de l’hypocrisie. C’est une injure à la corporation.

Comment entrevoyez-vous l’avenir de  la démocratie au Bénin ?

La démocratie au Bénin est en danger, elle est en péril. Et si nous avons quelque chose de pressant à faire aujourd’hui, c’est de travailler pour sa sauvegarde. Travailler pour sa sauvegarde, c’est de rompre avec le silence. C’est de crier. Si vous ne criez pas, le voleur, parce qu’il est venir pour voler les acquis démocratiques obtenus de haute lutte et grâce aux  gros sacrifices par le peuple béninois, il est venu aujourd’hui pour piller cela. Le plus pressant pour tous les Béninois c’est de se rassembler et de dire : ça suffit !  Et pour ce faire, il faut une alternance en 2011.

Qui pensez-vous réellement pourra faire l’affaire en 2011 ?

C’est une question difficile. Ce n’est pas à monsieur Gnimagnon, président de Nep-Mixalodo de dire celui qu’il faut. C’est le peuple qui va le dire mais le peuple a besoin d’être éclairé avant de décider. Puisque nous devons nous rappeler lorsque le peuple a exprimé en 2006 de façon empirique, ses aspirations en terme de « nous voulons un homme neuf », le fait que les électeurs n’ont pas pu traduire, passer aux peignes fins, analyser  au laboratoire ses aspirations de façon empirique,  a conduit à faire fausse route en choisissant quelqu’un qui aujourd’hui bafoue la démocratie. Donc,  pour que le peuple fasse le bon choix, nous avons  le  devoir de l’éclairer. Mais nous disons que le simple fait d’avoir travaillé au Fonds monétaire international, à la Banque Mondiale, à la Banque Ouest africaine de développement, dans les institutions américaines, cela ne suffit plus aujourd’hui.

A cela, il faut bien d’autres critères. Le profit doit être très clair en particulier nous avons besoin de gens qui ont démontré à la face du monde que pour eux la politique n’est pas un moyen d’enrichissement personnel. Nous avons besoin de gens qui ont fait leur apprentissage politique dans des cercles politiques sérieux. Nous avons besoin des gens qui se sont sacrifiés dans la lutte pour l’enracinement de la démocratie. Qu’ils vivent à l’extérieur ou à l’intérieur, on doit forcément voir qu’ils ont quelque chose, ils sont prêts à se sacrifier, qu’ils ne sont pas des carriéristes, qu’ils ne sont pas des parvenus, parce que la politique s’apprend.

Réalisation : Benoît Mètonou                 

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