Boni Yayi : il faut arrêter le massacre !

48 députés sur 83 demandent la mise en accusation du chef de l’Etat devant la Haute Cour de Justice. Il s’agit de députés de l’opposition comme de députés élus sur la liste du chef de l’Etat. Encore que même la plupart des députés de l’opposition actuelle étaient, à leur élection en 2007, quoique provenant de partis autres que celui de Boni Yayi, proches de sa mouvance.

Si nous avions été dans un régime parlementaire, avec la situation qui prévaut actuellement, c’est à un vote de défiance contre le chef du gouvernement que l’on aurait droit. La rupture de confiance aurait été totale. Dans ces conditions, le gouvernement tombe. Nous ne sommes pas en régime parlementaire mais ce qui se passe à l’Assemblée nationale, même si la procédure a été reprise, traduit une crise absolue de confiance entre le gouvernement et le peuple. Les députés ne sont-ils pas considérés que les représentants du peuple ? Le fait que des députés originellement FCBE soient de ceux qui demandent cette mise en accusation du chef de l’Etat, donne davantage de crédit à cette démarche et atteste, définitivement, de cette rupture de confiance. Dans une démocratie normale, cela aurait suffi à la démission du chef du gouvernement et de son équipe.

Publicité

La question est d’autant plus préoccupante que l’élection de Boni Yayi a entraîné une euphorie indescriptible dans tout le pays. Que son avènement était pour le Bénin et son peuple, synonyme de changement, synonyme de la fin de la perversité dans la gestion des affaires de la cité. L’on se surprend alors sérieusement, et l’on s’interroge à bon droit, sur les tenants et aboutissants de ce grand écart qui fait que nous vivons pire que ce que nous avions connu. La déclaration yayienne du 31 juillet  dernier, par laquelle il confessait qu’ « en réalité, l’intrus ne connaissait pas la maison », apparaît comme un justificatif réducteur du désordre indescriptible dans lequel nous nous trouvons actuellement. Un désordre qui est renforcé par le fameux et sulfureux mémorandum d’un certain Soulé Mana Lawani. Un mémorandum qui renseigne éloquemment, selon la version de l’ancien argentier national, sur les degrés de responsabilités possibles des uns et des autres et surtout du chef de l’Etat, dans l’affaire CEN-SAD. Une affaire qui revient et  vient se greffer sur celle, rocambolesque, du placement d’argent dite ICC Services.

Et, le rebondissement de cette affaire CEN-SAD nous donne la preuve que la vengeance est effectivement un plat qui se mange froid. En effet, depuis qu’il était cité dans cette affaire, Soulé Mana Lawani, « ce garçon » que Yayi disait aimer beaucoup, réservait sa riposte. Méthodique, cinglant, percutant et imparable de logique, ce mémorandum traduit aussi la rupture de bans entre Boni Yayi et son ancien argentier. Plus encore quand on a entendu l’ancien ministre des Finances parler sur RFI et soutenir sa thèse que tout le gouvernement, à commencer par son chef qui a pris cavalièrement une ordonnance pour faire passer le budget remanié de l’année 2008, est responsable, le cas échéant,  des impairs qui se seraient produits. Par cette avalanche de scandales au sommet de l’Etat et d’accusations qui mettent en cause l’intégrité et la crédibilité de Boni Yayi, la République est ébranlée. S’il était sur un ring de boxe, on verrait un Boni Yayi groggy et, dans le meilleur des cas, dans les cordes. En ne tirant pas les conséquences logiques de cette situation qui l’accable, il serait ainsi comme ce boxeur qui, quoique dépassé par la fureur de son adversaire qui l’a envoyé au tapis, refuse d’abandonner le combat et attend le K.O. pour avoir, peut-être, la satisfaction morale d’avoir quand même essayé de résister. Attitude de combattant s’il en est, elle peut aussi conduire au pire. Il faut le savoir… et savoir arrêter le massacre.

Par Wilfried Léandre HOUNGBEDJI (Source : http:/commentvalebenin.over-blog.com)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité