Et si les insectes étaient la nourriture du futur ?

Malnutrition, obésité, gaz à effet de serre généré par l’élevage de viande : les insectes, grâce à leurs qualités nutritionnelles, pourraient être une solution alimentaire. Dans les pays occidentaux -aux Etats-Unis notamment-, l’obésité tend à devenir un véritable problème de santé publique ; à l’autre bout de la planète, la sécurité alimentaire est menacée ; par ailleurs, l’augmentation de la consommation de viande constitue une véritable menace pour la planète, puisqu’il est avéré que l’élevage génère près d’un cinquième des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Face à ce triple fléau, les insectes, dont les qualités nutritionnelles sont reconnues, pourraient constituer une alternative intéressante. Les Occidentaux en sont peu friands, alors qu’ils sont déjà très consommés en Asie du sud-est et dans certains pays d’Afrique et d’Amérique du Sud.

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Comment la mettre en pratique

L’entomophagie est une pratique ancienne, qui remonte à la Grèce antique, comme l’attestent les écrits d’Aristote lui-même, repris par le National Geographic.

Selon les chiffres de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, la FAO, au moins 527 insectes différents sont consommés dans de nombreux pays, notamment l’Afrique du Sud et le Botswana en Afrique, le Venezuela et la Colombie en Amérique du Sud, le Laos, le Cambodge, la Thaïlande, le Vietnam, la Chine ou le Japon en Asie.

Depuis une dizaine d’années, on redécouvre le fort potentiel nutritif des insectes : riches en protéines, en vitamines A et B ou encore en seuls minéraux, leurs bienfaits ont été longtemps sous-estimés.

La production générale d’insectes est peu coûteuse, respectueuse de l’environnement, car non-productrice de gaz à effet de serre, et suffisante pour nourrir un grand nombre de personnes, en leur donnant une alimentation équilibrée, sans matière grasse.

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Du coup, les pays occidentaux, Etats-Unis et Canada en tête, commencent à s’y mettre, et l’on y voit fleurir de-ci de-là restaurants et livres dédiés à la cuisine des fourmis au miel, sauterelles grillées, brochettes de crickets et autres larves au chocolat.

Ce qu’il reste à faire

Pour les Occidentaux, l’entomophagie reste malgré tout une idée saugrenue, voire une coutume barbare. Une réticence tout à fait dommageable, puisqu’elle tend à influencer les comportements des pays du sud, comme l’explique Paul Vantomme, spécialiste des forêts à la FAO :

« Nous soutenons cette pratique avant qu’il ne soit trop tard. Car elle s’affaiblit en raison de l’influence des cultures occidentales. Cette nourriture est pourtant plus riche en protéines que la plupart des animaux. Notre rôle est de promouvoir cette gastronomie et de lutter contre la vision qui considère que l’entomophagie est un tabou. »

Selon l’ONU en effet, la consommation d’insectes serait une solution pour résoudre les problèmes de malnutrition dans le monde, qui concernent près d’un milliard d’individus.

Paul Vantomme estime que la sécurité alimentaire, notamment dans les pays pauvres, en dépend. Plus de 1000 espèces comestibles ont été recensées :

« Il ne faut pas oublier que l’objectif de la FAO est d’établir une sécurité alimentaire d’ici 2015. Notre organisation met en place des programmes, notamment au Laos, pour faciliter l’élevage et la culture des insectes. »

Une initiative parmi toutes celles mises en place par l’ONU depuis le début des années 2000, pour promouvoir cette nourriture, à travers des programmes de recherche sur les apports des insectes, une communication plus large, et des aides pour les pays souhaitant développer leur consommation.

Prochaine étape : la FAO projette d’organiser d’ici 2013 la première conférence globale sur l’entomophagie.

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