Erreurs de calculs

Les lampions se sont éteints sur le sommet de l’Union africaine (UA) à Cotonou, le premier de la vie politique béninoise, depuis les indépendances africaines proclamées de 1960. Au-delà des discussions engagées au cours de la rencontre organisée par Boni Yayi, sur son initiative personnelle, en sa qualité de nouveau président en exercice de l’Union, on retiendra que ceux des chefs d’Etat invités et venus dans la capitale économique béninoise, l’ont été dans l’informel. Statutairement, l’instance africaine ne prévoit pas ce type de cadre de concertation.

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Pour les Béninois, le sommet de Cotonou apparait beaucoup plus comme une bamboula de trop organisée sur le budget de leur pays déjà en difficulté de liquidités. Et les récriminations sur l’opportunité pour le Bénin d’accepter le poste de l’UA refont surface. Des compatriotes, de plus en plus nombreux, de Boni Yayi, voient dans les nouvelles fonctions de leur chef -au-delà du caractère ronflant et honorifique de conduire les affaires du continent- un engagement plus que luxueux pour leur pays.

Le choix fait à Addis Abeba, fin janvier de cette année, de s’engager pour l’Afrique toute entière, lequel lui vaut de devoir concéder, plus tard, à ses voisins Burkinabé et Ivoiriens les strapontins de la présidence de la Cedeao et celle de sa Commission, se présente finalement comme relevant d’une certaine mégalomanie. Il ne se justifie ni stratégiquement ni financièrement.

Est-il nécessaire de rappeler que le budget du président en exercice de l’UA n’existe qu’à la charge de celui qui en prend les rênes? Et donc au crochet du Bénin, même si c’est pour 6 mois! Un délai assez court pour espérer assurer la visibilité de son pays, comparée à celle de 4 ans renouvelable du président de la Commission de la Cedeao qui vient de lui échapper (cf. notre mini-dossier).

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Des voyages en aller-retour chez ses pairs, il y en aura pour le chef de l’Etat béninois. Connaissant la propension de Boni Yayi pour les sorties hors du territoire national, on présume que l’homme en fera des tonnes avant la fin de son mandat empoisonné. La feuille de route que l’Union africaine vient de lui concocter avec le huis-clos de Cotonou renforce cette exigence de le voir s’absenter encore plus de chez lui. Combien de sorties prévoit-il pour son ambitieux rêve d’«unifier l’Afrique»? L’homme de la rue se pose des questions en vue des calculs préalables qui permettent d’apprécier la profondeur des erreurs commises et la charge qui sera la sienne dans l’effort de réparation de ces dernières.

Il est clair qu’à défaut de voyager, son président aura immanquablement à recevoir des hôtes de prestige, plus que par le passé. Sur le budget national, qui peine à assurer la souveraineté du pays, à l’interne comme à l’étranger. La situation socio-administrative ajoutée aux difficultés de fonctionnement dans les ambassades (dont nous avec fait largement écho en d’autres occasion) est illustrative du début de déconfiture économique des finances de l’Etat. La météo économico-financière prévoit que la déconfiture ira en s’empirant.

Déjà, 14 chefs d’Etat présents, samedi dernier sur les 25 conviés, même pour une demi-journée, cela fait beaucoup pour un trésor public qui, selon nos sources, va être en difficulté de payer les salaires de février 2012 en cours. En tout cas, le risque en la matière serait grand de voir le Bénin insolvable sur la période visée, tout au moins vis-à-vis de ses partenaires sociaux, du moins à l’égard de ses fournisseurs. Les signes avant-coureurs de la cessation des paiements avaient été largement annoncés dans les colonnes de votre journal pour qu‘à terme, leurs effets passent inaperçus.

En attendant que la réalité des faits ne démentent ce présage –c’est un vœu- il convient de souhaiter qu’à l’avenir Boni Yayi se donne le temps de la concertation préalable avec ses collaborateurs du domaine. Il devrait par la suite se plier à leur avis, plus technique que politique, qui lui permettent d’entrevoir ce que son pays gagne objectivement à prendre ou à laisser telle ou telle offre. Dans les conditions de financement et de délai assez étriquées qu’on sait avec les conséquences qu’on sait également, lui qui, par le passé s’est engagé pour l’organisation, chez-lui, du sommet des pays Sahélo-sahéliens (Cen-Sad 2008), devrait avoir assez appris pour savoir refréner ses ardeurs quand il s’agit de se décider pour ne pas s’écarter de l’idée que «les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts».

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