Blocage dans la révision de la Constitution: Boni Yayi avait sous-estimé les enjeux

En observant l’évolution que connaît le dossier sur la révision de la Constitution béninoise du 11 décembre 1990, on se rend compte que les enjeux de l’entreprise ont été sous-estimés par son initiateur, le président Boni Yayi.

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Echec. L’information a été largement diffusée dans la presse hier. L’étude du projet de loi portant révision de la Constitution de la république du Bénin a été différée par la commission des lois de l’Assemblée nationale. Et pour cause, le défaut de consensus autour de l’initiative. Paradoxe, la commission est majoritairement composée des députés membres de la mouvance présidentielle. D’autres députés proches du pouvoir dénoncent la précipitation dans le processus. Des jours à l’avance, la société civile avait déjà manifesté sa désapprobation. L’opposition avait dénonce la procédure et exigé son arrêt. Conséquence, la stratégie de révision de la Constitution mise en œuvre vient de consacrer l’échec du projet, du moins pour ce premier «round».Inscrit à l’ordre du jour de la session extraordinaire de l’assemblée nationale, qui, débutée le 19 mars a été clôturée ce lundi, le texte n’a finalement pu être étudié ni en commission, ni en plénière. Pourtant, l’opportunité de la révision était, avait-on cru, une évidence acceptée de tous. Et tout porte à croire que l’effondrement du processus comme une maison dont la fondation mal bâtie, pourrait s’expliquer par une minimalisation des enjeux.

La sauvegarde des acquis de la conférence nationale. De la révision de la Constitution du 11 décembre 1990 dépend la survie de la démocratie béninoise et la préservation du consensus acquis lors de l’historique conférence des forces vives de la nation, fondement même de cette démocratie. Ainsi, contrairement à l’adoption des autres types de lois, il ne s’agissait pas seulement pour le président de la république de disposer au parlement d’une majorité mécanique pour faire passer le texte comme une lettre à la poste. La révision de la Constitution du 11 décembre devrait se faire dans les mêmes conditions, ou presque, que celles de son adoption. Un large débat national entre différentes composantes de la vie du pays. La finalité sera de donner au citoyen lambada, la chance de contribuer à la construction d’un système politique qui « préservera l’autorité politique, la liberté du citoyen » et favorisera le développement de sa patrie le Bénin.

Penser autrement à 2016. Ce processus « exclusioniste » ne pouvait que susciter la suspicion dans l’opinion et surtout la méfiance chez certains députés proches du pouvoir d’autant plus que tous n’auraient pas été mis au même niveau d’information. En réalité, toute idée selon laquelle la révision viserait à permettre au président Boni Yayi de rempiler pour un troisième mandat en 2016 devrait être reçue de diverses manières fait par ses partisans d’aujourd’hui. Si comme on l’entend dans des cercles, certains souhaiteraient qu’il reste après 2016, d’autres n’y trouvent pas leurs intérêts. Au sein de la famille politique de Boni Yayi, les intérêts des personnalités sont distincts et liés à ses probables dauphins. Ces derniers ne devraient pas apprécier toute révision qui donnerait la possibilité à l’actuel locataire de la Marina de tenir les rênes du pays au-delà de 2016.

On se rattrape. Avec la réaction de l’opinion, de la société civile et de certains de « mouvanciers », on se rend compte que les initiateurs du projet de révision que sont Boni Yayi et les siens se rattrapent. La société civile et l’opposition politique peuvent donc crier victoire. Si non comment comprendre que dans la foulée des résistances de la société civile et de l’opposition, les divergences au sein de la majorité, le gouvernement fait une sortie à travers la ministre de la micro finance. Et avec l’éloquence qu’on lui connaît, elle martèle : « pour le Chef de l’Etat, ce débat doit être national. » Le même jour, l’étude du projet est différée par la commission des lois. Trop de coïncidence. Si le président voulait tant un débat national, pourquoi ne l’a –t-il pas organisé avant de transmettre au parlement le projet de loi en question. En attendant une réponse à cette interrogation, on peut conclure que l’échec de cette première tentative de révision de la constitution béninoise du 11 décembre 1990 sous lé régime Yayi témoigne de la grandeur des enjeux qui y sont liés. Il faut désormais en tenir compte, puis repenser la méthode. La survie de la démocratie béninoise en dépend.

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