Nécessité de réformer le Conseil de Sécurité des Nations Unies : le monde évolue, l’Onu doit s’y conformer

L’article 24 de la Charte des Nations Unies fait du Conseil de Sécurité un organe central des Nations Unies, avec pour responsabilité le maintien de la paix et la sécurité internationale.

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Mais depuis 1963, date de la dernière reforme du Cs, nombre de choses se sont passées et le monde à un nouveau visage. Pour son efficacité et sa légitimité, le Conseil de sécurité doit s’adapter aux nouvelles donnes.

Mercredi 13 mars 2013. Après cinq votes, les Cardinaux en conclave dans l’historique chapelle Sixtine du Vatican, finissent par trouver un successeur  au désormais Pape Emérite Benoit XVI qui a décidé, en raison du poids de l’âge, de mettre fin à son pontificat.  Contre toute attente, à la surprise générale de tous les observateurs et analystes et de tous les pronostics, l’Argentin Bergoglio, évêque de Buenos Aires, qui a pris le nom de Pape François, a été désigné. Depuis huit siècles, c’est la première fois que les cardinaux désignent un Pape non Européen pour présider aux destinés de l’Eglise Catholique. Un grand pas historique vers l’ouverture de l’Eglise au monde.

Pour certains observateurs, l’Organisation des Nations Unies (Onu) doit aller à l’école du Vatican. Allusion est faite à la réforme du système onusien, notamment du Conseil de Sécurité. Ce qui devrait adapter l’organe exécutif des Nations Unies aux réalités géopolitico-économiques du monde actuel.   

Un monde à visage nouveau

L'ancien Secrétaire général des Nations Unies, le ghanéen Kofi Annan, cité dans un article en date du 19 février 2013 du « Journal International.fr » avait déjà précisé la nécessité de modifier le Conseil de sécurité « pour qu’il soit plus représentatif de la communauté internationale dans son ensemble et corresponde mieux aux réalités géopolitiques d’aujourd’hui et, dans cette optique, augmenter le nombre de ses membres ».

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Réformé, en effet, une seule fois en plus de soixante ans, avec l’entrée de la Chine et d’autres pays, le Conseil de sécurité compte aujourd’hui quinze membres dont cinq sont permanents avec le droit de veto et dix non permanents. Les cinq membres permanents, qui sont en réalité les décideurs du Conseil de Sécurité, sont les Etats-Unis, la France, La Grande Bretagne, la Chine et la Russie. Ces pays étaient les décennies qui suivi la création de l’Onu, représentatifs des différents pôles de puissance dans les relations internationales. Il s’agit notamment du monde bipolaire auquel a donné naissance la fin de la Seconde guerre moniale. Avec d’un coté les Etats-Unis, la France et la Grande Bretagne, champions du bloc ouest –capitaliste- et de l’autre la Russie et la Chine, porte-flambeau du bloc de l’Est-communiste.  

Est-Ouest et nord-sud, de nouvelles puissances

Mais la fin de la bipolarisation du monde à la fin des années 1980, avec la chute du mur de Berlin, la dislocation de l’Union Soviétique, et la mondialisation qui a débuté timidement, déjà dans les années 1980, ont donné un nouveau visage au monde. L’on est passé d’un monde bipolaire à un monde multipolaire. à l’axe Ouest-Est, s’est ajouté l’Axe Nord- Sud (puissances occidentales et pays africains et de l’Amérique du Sud) et l’Axe Sud-Sud (les Etats africains devenus entre temps indépendants et Amérique du Sud). Il y a eu la montée en puissance d’un monde arabe. Sur le plan économique, l’on a connu l’avènement de nouvelles puissances. L’Allemagne réunifiée est devenue la première puissance économique de l’Europe. Le Japon a fait sa montée fulgurante pour même tenir, pendant un moment, la dragée haute aux Etats-Unis. Il y a aussi eu l’émergence du Brésil, de l’Afrique du Sud, des dragons de l’Asie (la Corée du Sud, Hong-Kong, Singapour et Taïwan) et de l’Inde, une puissance démographique qui s’affirme économiquement au fil des années.  

Sur le plan des rapports géostratégiques et de la représentativité, le Conseil de Sécurité est devenu obsolète dans son ossature actuelle. Evidemment, les nouvelles forces économiques, devenues de véritables puissances régionales et continentales, veulent avoir leur place à la table de décision, le Conseil de Sécurité. Il en est de même pour l’Afrique, qui est le seul continent au monde à ne pas avoir de siège de membre permanent au Conseil de sécurité.  

Question de représentativité

A sa création en 1945, l’Onu comptait 45 Etats-Membres, mais en 2013, elle en compte 193. Dans un dossier intitulé « l’Onu, quelles réformes pour quel avenir ? » réalisé pour le Forum pour une nouvelle Gouvernance mondiale en été 2008, Stéphanie Ah Tchou (Consultante Energie et Environnement chez Ecorys et Master Science Po / IEP Grenoble) faisait constater qu’au niveau du Conseil de sécurité existe actuellement deux problèmes majeurs : « celui de la représentativité du Conseil, puisqu’en 1945 le Conseil de Sécurité représentait 21,56% du nombre d’Etats membres contre seulement 7,83% en 2005». Ce constat fait par Stéphanie Ah Tchou depuis 2008, en se référant à l’année 2005, est le même en 2013.

En plus, l’usage fait du droit de veto par ceux qui le possèdent, donne à l’Onu l’image d’une organisation au seul service des puissances membres du Conseil de Sécurité, et non au service du bien-être des peuples. Il est donc fréquent de voir des pays opposer leur droit de veto pour bloquer la prise d’une décision concernant une crise, parce que leurs intérêts sont en jeu.  Le Cas le plus actuel est celui de la guerre en Syrie.

Des observateurs affirment même que l’une des limites de l’Onu, c’est l’usage abusif que font les membres permanents du Conseil de Sécurité du droit de veto, juste pour préserver leur intérêt ou maintenir le rapport de force.

Se mettre au pas

A propos de la nécessité de réformer le Conseil de sécurité, l’ancien président français, Nicolas Sarkozy, a lancé un cri de cœur dans un discours qu’il a tenu le 30 janvier 2011, à Addis-Abeba, en Ethiopie, lors du sommet de l’Union Africaine.

« Cela fait 30 ans qu’on parle de la réforme. Je vous propose qu’on la fasse en cette année 2011. Les éléments sont sur la table. On sait qu’il faut augmenter le nombre de membres du Conseil de sécurité, sans doute passer par une réforme intérimaire. Ne créons pas un groupe de travail, faisons le débat et réalisons la promesse d’associer l’Afrique, le continent latino-américain et d’autres partenaires à ce Conseil de Sécurité. Et à ce moment-là, Monsieur le Président, il n’y aura plus d’organisations concurrentes. Si le Conseil de Sécurité représente le monde dans sa diversité, alors il n’y aura plus besoin d’autres organisations. Et si d’autres organisations ont été créées, c’est parce qu’on n’arrivait pas à débloquer la réforme du Conseil de Sécurité. »

Et tout comme Annan et Sarkozy, au niveau des différentes chancelleries et des différentes structures qui composent les Nations Unies, l’on est conscient de la nécessité de réformer l’institution, notamment son organe exécutif.  Plusieurs initiatives ont été prises dans ce sens. Mais la réforme lambine dans la finalisation et la concrétisation. Pourtant, le monde avance. Et l’Onu doit se mettre au pas pour avancer avec le monde.

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