Réformes administratives : ABT relève des insuffisances

(il opte pour une administration de développement) L’Alliance ABT (Avenir d’un Bénin Triomphant) a organisé, le vendredi dernier, une conférence publique à la salle de conférence de la Maison internationale de la culture à Porto-Novo,

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qui a vu la participation effective du président Aboudoulaye Bio Tchané, des acteurs politiques, notamment le coordonnateur national des Fcbe, Eugène Azatassou,  le représentant du Pcb, les représentants d’autres forces politiques, des députés, des chefs religieux et traditionnels de la ville capitale.

« La réforme administrative en marche», tel est le thème autour duquel les conférenciers ont entretenu le public. Ce thème a été développé par le professeur Célestin Montéiro, professeur de droit à l’UAC et expert sur la question, assisté de l’ex-ambassadeur Issa Kpara, qui était le président du présidium, et de madame Amina Tairou. La communication présentée s’est articulée autour de deux axes principaux, à savoir les objectifs et le contenu de la réforme, et les facteurs générateurs des limites prévisibles de l’efficacité de la réforme. En ce qui concerne le premier axe, le conférencier  est remonté à la conférence nationale de 1990 et aux états généraux de la Fonction Publique et de la modernisation administrative. Selon lui, un diagnostic de notre administration publique a mis en évidence un certain nombre de dysfonctionnements. Il ressort également des insuffisances et des faiblesses contenues dans la loi portant transmission à l’Assemblée Nationale du statut  général de la Fonction Publique. Notamment par rapport au recrutement, puisque le statut général des agents permanents de l’Etat actuellement en vigueur est resté silencieux sur les conditions de détermination des besoins réels en ressources humaines des ministères et institutions de l’Etat, et les conséquences de cette lacune est que, même si le principe du concours est strictement respecté, le but ultime du recrutement n’est pas toujours atteint.  Il a parlé aussi de la période probatoire, de la titularisation, des avancements, de la promotion hiérarchique, de la discipline, de l’évaluation professionnelle. Les facteurs générateurs des limites à l’efficacité de la réforme n’ont pas été occultés par le conférencier. Il s’agit des facteurs juridiques, constitutionnels et politiques, psychologiques, socio-économiques et administratifs. « La réforme de la Fonction Publique telle qu’elle transparait à travers le projet  de loi, aborde essentiellement les questions d’ordre juridique donc technique. Et pour donner à cette réforme toute la portée souhaitée, il est nécessaire de prendre en compte d’autres caractéristiques de la société béninoise… » A-t-il conclu. Plusieurs questions ont été posées au conférencier, notamment des questions liées à la réforme de développement, les difficultés liées au carnet de pension de retraite, l’âge de la retraite qui a été avancé, le fait que l’administration actuelle encourage la médiocrité… Pour les représentants de la majorité présidentielle, tel Eugène Azatassou, coordonnateur des Fcbe, ils ont défendu le gouvernement et ils déclarent que le problème est global et qu’il faut entamer par quelque part. Parlant de l’administration, l’Ambassadeur Issa Kpara, affirme que « l’administration est l’enjeu de toutes les démarches visant à la conquête et à l’exercice du pouvoir, et aussi à la mise en route du processus de développement, et enfin l’administration de développement. Sans une bonne administration, la marche au développement au niveau de l’Etat est compromise, et les pays qui marchent le mieux sont ceux qui disposent d’une administration performante».

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Selon lui, au cours de la conférence nationale de 1990, le  premier volet des réformes entreprises déjà par le gouvernement de transition et par les gouvernements qui se sont succédés, c’est la question de la mise en place d’une administration performante et efficace pour le développement.

Impressions de quelques personnalités

Jean-Paul Monchau, Ambassadeur de la France près le Bénin

« Si je suis à cette conférence publique, ce n’est pas pour les beaux yeux du Président Abdoulaye Bio Tchané. Mais, c’est parce que j’ai trouvé le sujet intéressant. En plus, un diplomate, ce n’est pas quelqu’un qui reste dans les bureaux. Un diplomate, ça doit sortir, aller au devant de la société. Le travail du diplomate, c’est de s’informer à toutes les sources. Nous allons chez les gens du Prd, de L’Union fait la Nation, des Fcbe et partout. Comme je viens de le dire plus haut, le sujet qui a été débattu au cours de cette conférence publique est intéressant et nous interpelle tous. Ici au Bénin, nous sommes dans une société ouverte et libre. Au cours des débats, nous avons eu des réactions de la part de hauts fonctionnaires de l’administration actuelle, de députés, de personnes de la société civile, des responsables de partis politiques. J’ai appris énormément en écoutant le conférencier, le Professeur Célestin Montéïro. En écoutant les observations qui ont été faites par les uns et les autres, je trouve que le Bénin est un pays formidable. Cela a, une fois encore, apporté la preuve qu’on peut débattre au Bénin, même si on n’est pas du même bord politique, sur des sujets d’intérêt commun. Pour conclure, je trouve excellente l’initiative qui a été prise par le Président Abdoulaye Bio Tchané qui est d’offrir mensuellement aux Béninois, la chance de débattre ensemble de sujets utiles pour l’enracinement de la démocratie et de l’Etat de droit. La réforme de l’administration publique est un sujet qui intéresse tout le monde?»

Eugène Azatassou, Coordonnateur national des Fcbe

« Je voudrais féliciter le professeur Célestin Monteïro  pour nous avoir délivré cette communication qui porte sur ce sujet aussi important qu’est celui de la réforme de l’administration publique béninoise. Mon problème dans son exposé, c’est ceci. Dans une première phase, il a fait des analyses comme il faut et il a trouvé que la réforme qui est actuellement en étude au Parlement est judicieuse. Dans une seconde phase, il soulève un certain nombre de problèmes qui pourraient être des freins à l’application de la réforme. Et puis, il en reste là. Et même dans sa conclusion, il dit qu’il y a d’autres caractéristiques qu’il a évoquées dans sa communication.  Ce sont ces aspects-là qui m’ont laissé un peu sur ma faim. Parce que, voilà une réforme qui est proposée, qui est judicieuse, et on se contente de montrer qu’il y a des aspects qui pourraient faire en sorte qu’elle ne soit pas appliquée. Qu’est-ce que cela veut dire ? Est-ce que ça veut dire que ce n’est pas la peine de faire les réformes ? Il se pose donc un problème. Au lieu d’un encouragement à lever les barrières et aller de l’avant, je note que le conférencier est resté à constater que la réforme pourrait ne pas s’appliquer, si les syndicalistes ne le désirent pas. Non ! Je pense qu’on ne peut pas, dans l’état où se trouve notre administration, attendre l’arrivée d’un homme beau, un homme nouveau, un homme bon, pour faire la réforme. Il faut la commencer dès maintenant comme le fait si bien le gouvernement du Dr Boni Yayi, il faut l’appliquer et appeler le peuple à se souder au pouvoir en place pour mettre en œuvre les réformes, puisque nous avons trouvé qu’elles sont judicieuses. Par la suite, si quelqu’un de nouveau arrivait, en ce moment-là, il trouverait un terrain déjà défriché et n’aura qu’à appliquer ce qu’il est venu trouver. On ne peut pas s’asseoir et regarder tout se détruire parce qu’on n’a pas encore les bons hommes?»

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