« Le grand secret mis à nu »

Tel est le  titre que nous inspire la sortie des responsables du Prd par le biais  d’un communiqué de presse parvenu  hier à notre rédaction.

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Une sortie contrainte et forcée par la rapide circulation d’une information qui fait le bonheur des accrocs des réseaux sociaux depuis bientôt deux semaines : Le remboursement par le gouvernement Yayi de la rondelette somme de deux milliards à Me Adrien Houngbédji, au titre de ses frais de campagne.      Une information   destinée au prime abord au public confidentiel d’un périodique bien connu. Le titre, le grand secret mis à nu ne vient pas de nous, tant s’en faut ! C’est le titre d’un pamphlet voulu comme un brûlot, publié par un certain… Albert Tévoèdjrè au début des années 60 pour dénoncer les salaires des ministres de l’époque, jugés par lui astronomiques. Les contemporains de l’époque connaissent tous  la réplique cinglante de feu Paul  Hazoumé au « petit commis » opportuniste qui ne cherchait qu’à se positionner dans la sphère politique, en rendant public un document officiel  qui n’avait rien de secret. Les faits lui ont donné raison, puisque cette personnalité a pu bénéficier d’un maroquin (secrétaire d’Etat à l’information) où il a fait voir de toutes les couleurs aux opposants du président d’alors. Le prétendu grand secret des années 60  de  Albert Tévoèdjrè n’était qu’un secret de polichinelle

Aujourd’hui en 2013, on ne peut pas en dire autant du fameux relevé du Conseil des ministres du 20 mars dernier qui a décidé,  du «remboursement à Maître Adrien Houngbedji de ses frais de campagne (souligné par nous) au titre de la présidentielle de 2011.» Ici, nous sommes dans le grand secret des décisions prises dans le dernier cercle du saint des saints du palais de la Marina, quand les porteurs de cameras sont priés d’aller se  faire voir ailleurs. Cette décision grave a fait l’objet d’une communication du Président de la République, communication qui a été, selon nos sources, lue et ramassée séance tenante. C’est dire qu’aucun ministre n’est sorti de la salle du Conseil des ministres avec le texte de la communication et nous n’en avons aucune idée  du contenu. C’est dire tout le secret dont on a voulu entourer l’information. En poursuivant la lecture du relevé, on y lit qu’il est « demandé :

  1. 1. au Secrétaire général du gouvernement de préparer le décret y afférent ;
  2. 2. au ministre de l’Economie et des Finances de mettre à la disposition de Maître Adrien Houngbédji la somme retenue. »

En poussant notre curiosité de journaliste, nous avons cherché à en savoir plus sur la décision laconique du conseil des ministres rédigée de manière impersonnelle. Nous avons cherché à savoir ce que dit la loi. Et elle est claire en ses articles 92  qui fixe le plafond des dépenses à engager par chaque élu, et 95 qui stipule que : « pour le remboursement des frais de campagne électorale aux partis politiques et candidats individuels, l’Etat alloue un forfait par candidat élu en ce qui concerne les élections législatives et locales. Pour les élections présidentielles, le remboursement forfaitaire est fait à tout candidat ayant obtenu au moins 10% des suffrages exprimés. Le montant de chacun des forfaits est déterminé par décret pris en Conseil des ministres »

La loi est donc claire. Il ne s’agit pas de rembourser les frais de campagne électorale, comme peut le laisser croire le relevé du Conseil des ministres, mais d’un forfait retenu par un décret pris en Conseil des ministres. Ce qui paraît curieux est que le Conseil des ministres du 20 mars qui a demandé au Secrétaire général  de prendre un décret,  ne fixe pas le montant du forfait dont il ne parle même qu’en termes  vagues de « la somme retenue ». Le Secrétaire général est-il au dessus du Conseil des ministres pour  fixer de son propre chef une somme quelconque sans son accord ? De notre point de vue il n’y avait que deux actes à prendre :

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  1. 1. un décret qui fixe le montant du forfait à allouer au candidat remplissant les conditions de remboursement ;
  2. 2. un autre décret qui dit exactement le montant du forfait alloué au candidat Houngbédji.

Il y va de la transparence et de la reddition de comptes dont le Président Yayi ne cesse de nous rebattre les oreilles. A ce jour, soit plus de six semaines après le relevé du Conseil des ministres, aucun  des décrets ne se trouve nulle part dans le circuit du ministère des Finances que nos enquêteurs ont parcouru. Or,  la prise de ces décrets est nécessaire pour  comprendre si Me Adrien Houngbédji a bénéficié ou non d’un cadeau. Comment ne pas y penser, au regard du positionnement actuel du Prd sur l’échiquier politique ? Son leader aurait-il rendu public ce communiqué, si  le grand secret de l’information n’avait pas été ébruité par la presse internationale depuis plus de deux semaines avec le montant aussi faramineux de 2 milliards de nos francs, par ces temps de misère généralisée.  Quelle meilleure manière de convaincre l’opinion y a-t-il que de rendre public ce décret en faveur de Me Adrien Houngbedji, mais aussi un autre (équité oblige !) en faveur du candidat arrivé premier au seul tour Ko de la présidentielle de 2011 de bien triste mémoire ? A  moins qu’il ne nous refasse le coup  du  salaire qu’il n’a pas perçu depuis son accession à la magistrature suprême. Dans ce cas, on devra lui demander où diable il  trouve  tant d’argent pour faire la campagne que nous avons vue en 2006 et en 2011. 

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