Remise de cahiers de doléances à la ministre du Travail : la Csa-Bénin absente écrit à Kora Zaki

Madame le Ministre,
J’accuse réception de votre correspondance N°961/MTFP/DC/SGM/DGT/DRP-CNT en date du 26 Avril 2013, relative à votre invitation citée en objet et vous en remercie.

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En réponse, il me paraît utile de rappeler à votre souvenir quelques faits importants liés à l’organisation et à la gestion de cette activité et que vous semblez occulter, alors que la CSA-BENIN, ayant un devoir de mémoire, n’a nullement varié dans sa position précédemment notifiée.

En effet, depuis Mai 2009, la CSA-BENIN qui est l’une des Confédérations les plus représentatives de notre pays ne dépose plus de cahier de doléances au nom des travailleurs des secteurs public, para-public et privé ; ceci en raison du caractère folklorique qui marque, chez vous, un évènement aussi important, car célébré avec faste, amour et respect par tous les travailleurs à travers le monde entier. Le 1er Mai 2012, faut-il le rappeler, ma Confédération faisait partie de celles qui avaient refusé, à juste titre, de participer au rituel annuel et stérile de présentation de cahier de doléances organisé pour coller à l’ère du temps ou pour faire tout simplement plaisir au gouvernement dit du changement ou de la refondation qui ne cesse de bafouer allègrement les libertés publiques notamment celles syndicale et de la presse.

A quoi sert donc la Commission Nationale Permanente de Concertation et de Négociations Collectives Gouvernement/Centrales et Confédérations Syndicales, une structure au sein de laquelle vous êtes Vice-Présidente ?

Face au blocage qu’entretient à dessein le Gouvernement depuis le 19 Novembre 2012, date de notre dernière rencontre, les Secrétaires Généraux de la CSA-BENIN et de la CSTB, dans l’intérêt supérieur des travailleurs aujourd’hui réduits à une misère ambiante, ont pris leur responsabilité en saisissant par lettre en date du 03 Avril 2013, le Président de la Commission, son excellence le Premier Ministre. Dans cette correspondance, nous avons fait la proposition d’un ordre du jour et souhaité la convocation sans délai des membres de la commission pour se pencher sur les nombreux maux qui minent le monde du travail. Nous attendons toujours la suite de notre requête.

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Comme vous le savez si bien, l’invitation à la cérémonie de dépôt de cahier de doléances semble à nos yeux, l’une des stratégies de diversion du Gouvernement. Ma Confédération refuse à nouveau de prêter flanc à cette mascarade. Il n’est pas superflu de vous signifier que les cahiers de doléances précédemment déposés par la CSA-BENIN auprès de votre Administration à l’issue de cérémonies suivies de ripailles onéreuses n’ont jamais fait l’objet d’attention particulière. Jusqu’à preuve du contraire, cet exercice annuel fastidieux du dépôt de cahier de doléances auquel se livrent avec zèle certains camarades au mépris de la solidarité syndicale, n’a jamais réglé les choses au mieux des intérêts des travailleurs.

Il serait intéressant que, vous fassiez connaître aux travailleurs et au peuple, les suites qui ont été réservées par le Gouvernement aux différentes doléances formulées par les Confédérations et Centrales syndicales non représentatives le 1er Mai 2012. A défaut de ce bilan vivement souhaité, le reste n’est qu’un leurre.

Lire aussi : Concours de recrutement d’Ape au profit du Mef : la lettre de la ministre Kora Zaki, un aveu de fraude

Je voudrais saisir cette opportunité pour vous dire que ma Confédération est préoccupée par un certain nombre de problèmes brûlants qui défraient actuellement la chronique depuis un certain temps dans notre pays. Il s’agit comme vous vous en doutez, de l’organisation calamiteuse des concours de recrutement d’agents de l’Etat au profit du ministère de l’économie et des finances. Il s’agit aussi de la proclamation dans des conditions opaques, le 31 Décembre 2012, des résultats frauduleux issus desdits concours. Le cadre festif de la cérémonie du dépôt de cahier de doléances le 1er Mai ne permettra pas, à mon avis, de discuter en profondeur et avec sérénité entre partenaires sociaux des problèmes des travailleurs, à moins que l’on veuille les banaliser comme il est de coutume pour continuer de duper les gens et proroger la misère des travailleurs.

Revenant à l’invitation que vous avez adressée à une certaine CSEB au même titre que les autres Confédérations Syndicales en violation des textes en vigueur que vous maîtrisez pourtant si bien. A ce sujet, il me plaît de  vous rappeler,  à toutes fins utiles que, l’article 8 du décret 2006-132 du 29 Mars 2006 portant définition des différentes formes d’organisations syndicales et critères de représentativité dit ce qui suit : « Seules les Centrales ou Confédérations ayant pris part aux élections professionnelles sont invitées aux manifestations officielles organisées par le Gouvernement et autre activité administrative ».

A l’alinéa 2 du même article, il est mentionné que, citation : «Toute Centrale ou Confédération syndicale qui n’a pas pris part aux élections professionnelles ou créée entre deux élections ne saurait prétendre à représenter les travailleurs qu’après sa participation aux élections suivantes» Et la CSEB se trouve bel et bien dans ce cas de figure. Par une lettre en date du 21 Décembre 2012, signée par les Secrétaires Généraux de la CSTB, de la CSA-BENIN, de la CGTB, de la COSI-BEIN et de la CSPIB votre attention avait été déjà attirée sur cette situation anormale lorsque, pour créer la confusion, vous aviez, exprès, invité ladite CSEB avec les Confédérations et Centrales existantes.  Cette nouvelle invitation au mépris des textes légaux, pourrait confirmer alors les soupçons selon lesquels c’est le gouvernement qui est à la base de la création de la CSEB. J’ose croire qu’avec ces pertinentes observations que je viens de réitérer, vous allez pouvoir dire au responsable de la fameuse CSEB de garder toute sa patience. Il faut réellement que force reste à la loi. Dans tous les cas, il faut éviter de donner l’impression aux travailleurs que pour des raisons inavouées, le Ministre a fait le choix de la politique de deux poids deux mesures.

Au regard de tout ce qui précède, vous conviendrez aisément avec moi, Madame le Ministre, que les conditions ne sont pas encore réunies pour permettre à la CSA-BENIN de répondre favorablement à votre invitation du 1er Mai 2013.

En termes clairs, mon organisation syndicale a décidé, en toute connaissance de cause, de boycotter la cérémonie de présentation de cahier de doléances édition 2013 qui ne constitue qu’un paravent pour continuer d’entretenir du dilatoire. Je préfère vous donner rendez-vous au mois de Juin à la Conférence Internationale du Travail à Genève où chacun de nous pourra s’expliquer devant l’Assemblée Générale.

Dans cette attente, veuillez recevoir Madame le Ministre, l’expression renouvelée de mes sentiments cordiaux.

Pour le Secrétaire Général et P.O,
la 3ème Secrétaire Générale Adjointe de la CSA-Bénin
Alice KOUCHANOU DIOGO

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