La «Démocratie Participative» à la loupe

Pour réussir à vivre ensemble……Et concrétiser notre «projet démocratique commun», ambition de tous les peuples et de toutes les nations dès leur accession à la souveraineté, il faut pouvoir se doter de textes fondateurs qui font l’unanimité.

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Dans cette démarche, pour instaurer «une Loi fondamentale consensuelle» (Constitution de la République), un seul but doit donc être poursuivi, ce que nous pouvons nommer en démocratie moderne «la satisfaction du plus grand nombre» pour distinguer avec les pères grecs de la démocratie, qui ont plutôt instauré «la participation de tous les citoyens», parce qu’à cette époque les citoyens n’étaient pas nombreux à cette époque, et se limitaient à une centaine ou un millier d’hommes possédant un état-civil, au-dessus d’une masse d’esclaves assujettis, «la vraie majorité» !

Il ne s’agira pas nous de chercher à refaire l’histoire ni à la critiquer ; car au contraire, il faut s’en inspirer et en tirer les meilleures leçons, tout en visant toujours la perfection de l’édifice commun en construction, un but infini, dirait-on !

Le but de notre démarche, ici…

…c’est d’abord d’apporter notre participation citoyenne pour «décrypter» deux concepts importants dans le débat public qui se mène actuellement dans ce pays, concernant le projet de révision de la Constitution de la République du Bénin, celle du 11 décembre 1990 issue d’un certain consensus lors de l’historique Conférence Nationale des Forces Vives de la même année.

Vous aurez donc deviné les concepts en question, que nous souhaitons passer à la loupe : «l’inévitable consensus» et la nouvelle «démocratie participative» qui est devenue la dernière trouvaille des gouvernants, alors que c’est un concept qui commence à dater et qui représente plutôt une avancée de la démocratie, donc positif, sauf si on le dénature, si on le vide de sa substance, par de «mauvais copier-coller» d’après les pratiques en cours dans certaines démocraties plus vieilles que celle du Bénin, où la participation citoyenne a bien montré ses bénéfices pour faire avancer le débat démocratique et rendre plus actif le citoyen dans la gestion de la chose publique, dans la gestion des affaires qui le concerne, et qui donc mérite qu’il s’y intéresse et se prononce : législation, budget, conduite de la gouvernance.

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En d’autres termes, quand parle-t-on de démocratie participative…

…et quels sont les contours de la participation citoyenne. C’est d’abord à ce niveau que se situe cette contribution pour préciser des termes à la compréhension incertaine dans des contrées où l’individualisme et la désespérance ont tôt fait de faire éloigner le citoyen, le vrai, de la chose publique. Il ne s’intéresse à la gestion de la Cité que quand ses intérêts personnels direct sont en jeu : obtenir un marché public ; jouer des coudes et des mains pour faire «libérer un ami incarcéré» ou pour «éviter à un cousin de tomber sous le coup de la Dura Lex» !

Evidemment, ce problème n’est pas l’apanage exclusif des Cités africaines. Même dans les grandes démocraties, des citoyens soi-disant «plus avancés» sont tout autant désintéressés de la chose politique. En témoigne les taux d’abstention lors des consultations démocratiques, les élections qui permettent de choisir les dirigeants.

Donc, le premier pas vers la Démocratie Participative que nous souhaitons tous, c’est d’abord de raviver l’intérêt des citoyens. Il faut donc :

Primo, relever le niveau du débat public afin que les «propos injurieux» distribués à tout vent, soient bannis du débat citoyen.

Secundo, il faudrait faire adopter des «valeurs positives» et des «bonnes pratiques» dans les comportements politiques, afin que la jeune génération puisse les perpétuer et les faire ancrer en tant que valeurs nationales, au lieu de la mascarade et du burlesque auxquels nous avons droit, à la place de la politique devenue un cirque pour «des clowns qui ne font plus rire».

Enfin, tertio, et c’est à ce niveau que tout l’effort doit être fait, il s’agit d’instruire, d’éduquer et d’alphabétiser les populations ; il faut donc «former le citoyen, après avoir instauré la République».

En effet, concernant cette dernière exigence de la Démocratie Participative, le citoyen ne pourrait pas «valablement participer» aux débats publics, s’il ne sait pas de quoi on parle. Et cela va au-delà du simple «savoir lire et écrire». Il faut aussi comprendre les enjeux des problèmes qui sont posés dans la Cité, comme par exemple celui de la révision de la Constitution, un problème actuel.

En outre, il faut aussi que les fondements de toute République soient respectés…

…et mis en œuvre comme il faut : Liberté d’expression pour que le citoyen soit habilité à dire ce qu’il pense sans craindre d’aller en prison pour ses propos, ni subir des tracasseries et autres intimidations dans sa vie quotidienne, en faisant de son existence un  enfer, juste parce qu’il aurait osé «opiner» sur un sujet qui le concerne.

De plus, et dans le même registre, il faut une Presse libre, disciplinée et professionnelle, pour diffuser les idées et les opinions citoyennes, sur tel ou tel débat qui nous concerne.

Des développements précédents, nous comprenons donc que la Démocratie Participative a beaucoup d’exigences, qu’il faut préalablement réaliser, avant de chercher à l’inscrire comme «norme majeure» dans la Loi Fondamentale, dans l’état actuel des choses.

Sinon, ce serait aller au devant de nombreuses déviances et d’utilisations biaisées d’un concept pourtant reconnu comme une vraie avancée de la démocratie moderne.

Devrions-nous rappeler la part des concitoyens qui savent réellement lire et écrire le Français, leur langue nationale (voulue ou imposée, là n’est pas la question) ? Devrions-nous indiquer le nombre de «vrais journaux» qui paraissent régulièrement et qui sont lus par plus de mille citoyens, le «fameux nombre à polémique» dans la proposition actuelle d’instauration d’une forme de démocratie participative au Bénin ? Devrions-nous enfin compter le nombre de «citoyens» qui ont vendu leur citoyenneté contre de l’argent ou d’autres avantages matériels, et se comportent en «sujets», complètement à la solde d’une certaine classe politique dont ils sont devenus les louangeurs invétérés ?

Ces exigences étant comprises et intégrées, il nous reste à préciser les contours terminologiques du concept, avant de dire quelques mots sur la nécessité du Consensus dans la mise en œuvre de la Démocratie Participative.

On parle de Démocratie Participative lorsque…

…le citoyen est «associé et consulté dans les débats publics», lorsqu’il a son mot à dire sur les problèmes et les sujets qui le concerne, directement ou indirectement.

Une première manifestation de cette participation citoyenne, réside dans la Décentralisation qui a permis de rapprocher la gouvernance centrale des populations à la base, en instaurant une gouvernance locale à travers les élus locaux, communaux et municipaux.

Il s’agit donc, dans une deuxième étape, de «leur donner la parole», après s’être rapproché d’eux ! Et c’est là où réside toute la complexité : A qui donner la parole ? Difficile de consulter le million d’habitants de la Ville de Cotonou pour prendre leur avis avant de légiférer sur un sujet crucial de la vie municipale. A l’échelle nationale, la difficulté est encore plus grande, avec aujourd’hui dix millions de Béninoises et de Béninois…

La question principale…

…est donc de «réussir à choisir les fameux élus qui auront le privilège de parler au nom de toute la population à la base», différemment des élus nationaux, les Représentants du Peuple qui siègent déjà au Parlement !

Et sur cette question que le citoyen promet de revenir dans la suite de ses contributions pour décrypter le débat public et pouvoir parler avec ses concitoyens. Nous sommes tous donc cordialement invités à enrichir ce débat par nos propositions et nos commentaires, surtout en ces temps où la mobilisation citoyenne est de règle pour rappeler à la prudence nos dirigeants et leur montrer que le Peuple reste vigilant !

A notre prochain partage donc, sur la question du Consensus et celle du choix du «quota représentatif» à prendre en compte dans la mise en œuvre de la Démocratie Participative, une avancée notable, certes !

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