Le Bénin, otage de la fraude !

Je plains mes tympans et mes yeux. En peu de jours, ils ont entendu et vu tant d’aberrations et d’énormités.  La radio, mais aussi et surtout la télévision, nous ont abreuvés ces derniers jours de « déchets médiatiques » d’une rare puanteur.

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On peut voir un quidam venu de nulle part, prétextant qu’il fait la publicité pour ses « produits », parler sur le petit écran d’un « médicament » qui  permet de guérir un mal particulier, « l’échec ». Une fois qu’elle est prise, le produit permet de réussir. L’enfant qui le prend, réussit sans difficulté à son examen. Fût-il le plus taré ou le plus fainéant des élèves. Il lui suffit de respecter la posologie pour réussir brillamment. Le promoteur invite les parents à ne pas abandonner leur progéniture à l’échec.  Désormais au Bénin, il existe un médicament pour la réussite. Ce n’est plus le travail qui fait réussir. Leçon à tirer de cette publicité, on peut réussir à tout et prétendre à tout, même si on est nul, ou l’homme le plus paresseux du monde. A plusieurs reprises, ce spot est passé à la télévision. La conscience collective frappée d’une amnésie et d’une insouciance inouïe, a vu ce bonhomme passer à la télévision raconter sa vie, sans trop s’émouvoir de la gravité de son discours et de son impact sur l’avenir de notre pays. Nos écoles et universités fabriqueront des cancres et des cadres à la tête vide. Des analphabètes à la cervelle en panne pourront s’inscrire dans les universités, comme ce député qui va composer dans une faculté avec des documents en main, devant des surveillants « motivés » pour fermer les yeux sur la triche.

Le comble dans cette République, c’était hier. Ici aussi c’est le petit écran qui s’illustre dangereusement, en montrant un collectif de jeunes contractuels de l’Etat, objet de la décision de révocation de la Fonction Publique, qui est venu faire une véritable apologie de la fraude. Leur problème, racontent-ils, ils seront bientôt radiés de la Fonction Publique, parce qu’après un rapport de contrôle de l’Inspection Générale d’Etat, relatif au reversement des agents occasionnels en agents contractuels de l’Etat, de 2008 à 2012, le Conseil des ministres en sa séance du vendredi 03 Mai a décidé de « rapporter ou d’abroger purement et simplement, les contrats et actes de tous les agents ayant usé de manœuvres frauduleuses pour se faire reverser dans la Fonction Publique ». Après avoir montré la gravité de l’acte que le gouvernement s’apprête à poser, ils implorent la clémence du Chef de l’Etat. Pour faire simple, après avoir fraudé pour entrer à la Fonction Publique, ils demandent la clémence du Chef de l’Etat pour ne pas être radiés. Un peu comme pour dire « oui, nous avons fraudé, mais laissez-nous parce que nous avons des familles qui vivent de notre métier ». Un tel argumentaire montre que la fraude ne fait plus honte puisqu’on peut venir désormais à la télévision pour la défendre. Chose révoltante dans cette affaire, des centrales syndicales se sont mobilisées pour soutenir ce faux. Il s’agit là d’une posture ambiguë car, pendant qu’on met la pression sur le gouvernement pour annuler le concours frauduleux au ministère des Finances, il est impossible alors de venir soutenir le maintien à la Fonction Publique, de détenteurs de faux diplômes. Quelle leçon donne-t-on aux jeunes, alors que certains parmi eux ont souffert, eux, pour avoir des diplômes et sont dans le chômage. Le gouvernement doit aller au bout de cet assainissement. Sinon, on donnerait l’impression que notre République est bâtie sur du faux.

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