Vie Politique au Bénin : comment les partis politiques font échec au développement

Depuis l’avènement de l’ère du renouveau démocratique en 1990, les partis politiques ont, tels des champignons, poussé dans l’arène politique nationale. Le jeu politique, aux mains de narcissiques opportunistes, est simplement réduit à du pur mercantilisme. Pendant ce temps, le peuple est voué à la misère.

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Près de 200 partis politiques pour 9 millions d’habitants. Soit un ratio d’un parti politique pour 45.000 habitants. Ainsi se présente, en termes d’estimations, le paysage politique béninois. «C’est trop!» Et point besoin d’être politologue pour diagnostiquer le mal que représente ce tableau pour le Bénin. Même si le pays peut être cité, dans la sous-région ouest-africaine, comme un exemple en matière de multipartisme. Un multipartisme qui devrait être l’occasion d’une participation citoyenne massive à l’animation de la vie publique, et favoriser la prise en compte des véritables questions de développement. Un système qui devrait ouvrir des chantiers de développement dans tous ses compartiments. Mais, c’est le contraire qui s’observe. Après 23 ans de chemin, non moins parsemé d’embûches, l’on est en mesure de soutenir que l’addition est plutôt salée.

La transhumance comme norme

Pas plus tard que le week-end écoulé, le Parti pour la solidarité, l’égalité et le développement (Psed) d’André Dassoundo, après une aventure ambigüe aux côtés d’Abdoulaye Bio Tchané, a annoncé son retour au sein de la mouvance présidentielle. Une virevolte qui consacre un second changement de couleur, en seulement quatre années. Ce retournement de veste, qui s’inscrit comme un de plus au compteur de la machine politique béninoise, vient une fois encore poser, avec acuité, le problème de la transhumance politique qui, au lieu d’être une exception, devient la règle épousée par la majorité. Mais, faut-il le reconnaître, le mal se trouve plutôt à la racine. Tout part de ce que les partis politiques au Bénin ne sont pas créés sur de solides fondations, et n’affichent pas toujours des lignes d’actions claires. La quasi-totalité, pour ne pas dire tous, n’incarnent pas une idéologie qui les identifie. Parlant d’idéologie, il ne s’agit surtout pas des dénominations ronflantes sous lesquelles ils se dissimulent, mais de vraies convictions qu’ils défendraient pied à pied. Dans le cas d’espèce, seul le Parti communiste du Bénin (Pcb) se fonde sur une idéologie qu’il défend bec et ongle. Bien entendu, le manque de conviction favorise la débauche politique, matérialisée par une fréquence élevée des transhumances. Les transhumances politiques sont érigées en norme. De spectaculaires retournements de veste, à donner du tournis, nourris d’intérêts égoïstes inavoués. La ‘’ventrocratie’’ comme l’interprètent d’autres. Ainsi donc, prennent forme les girouettes de la République. Des formations politiques dirigées par d’emblématiques figures, telles que Issa Salifou, Antoine Dayori, Edmond Agoua, Cyriaque Domingo, Venance Gnigla, Valentin Houdé, pour ne citer que ceux-là, peuvent s’inscrire sur la liste des derniers acrobates politiques en date.

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Par ailleurs, des cassures notées ça et là, pour un oui ou un non, ne garantissent aucune stabilité politique, voire sociale. On assiste, de ce fait, à une sorte de balkanisation qui dissipe les forces des partis. Ces partis qui finissent par se noyer dans la masse. La Rb, le Prd, le Psd ; ces caciques de la politique béninoise, de 1990 à nos jours, n’ont pas,  eux non plus, échappé aux fissures engendrées par les événements dans le temps. Résultat, un affaiblissement de ces forces politiques que, par le passé, l’on ne pouvait contourner. Notons par exemple que, d’une trentaine de sièges parlementaires dont la Rb pouvait se bomber le torse, en 1991, le nombre est passé d’abord en dessous de la vingtaine, en 1999, avant de glisser sous la dizaine en 2011. Mais, Ceci explique-t-il le fait qu’aucun parti politique, en 23 ans de démocratie, n’ait jamais réussi à gagner une élection présidentielle au Bénin? Toujours est-il que l’Union fait la Nation était une initiative bien engagée, qui devait aboutir à une révolution de la plate forme politique. La suite, on la connaît tous. On a tôt fait de réduire l’Union en un groupe parlementaire de dix  députés.

Que de clubs électoraux!

Mieux, nombreux sont les formations politiques qui naissent juste à la veille d’enjeux électoraux.  Les élections passées, n’ayant plus de raisons d’exister, ces clubs électoraux vont se caser au plus profond d’un assourdissant mutisme, guettant d’autres occasions de refaire surface. A ce rythme, ce sont les débats d’idées qui sont enterrés au cimetière de la démagogie. Aussi, la plupart des chefs de partis, à l’exception des classiques qui ont su résister aux fissures du temps, ne sont que souvent des généraux sans troupes qui, à l’ombre de parapluies régionalistes, n’hésitent pas à profiter de l’aura charismatique d’un homme porté par le peuple. Les cas Ubf (Union du Bénin pour le futur), sous Kérékou, et Fcbe (Forces cauris pour un Bénin émergent), sous Yayi, ont fait tâche d’huile. Ce qui fait qu’après chaque départ de régime au pouvoir, on assiste à une redistribution des cartes, une réorganisation du paysage politique national. Un éternel recommencement. Un sempiternel cycle qui ne prône pas la continuité des politiques de développement déjà engagées. Un espoir du peuple qui renaît alors à chaque cycle, pour se voir finalement sacrifier sur l’autel des politiques politiciennes. Et le développement avec. A ce rythme, le Bénin donne l’image d’un pays qui ‘’avance’’ en multipartisme et ‘’régresse’’ en développement. Comme quoi, le multipartisme et le développement sont deux mots qui ne font pas un bon ménage chez nous.

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