Ainsi donc, le Procureur général (Pg ) Georges Constant Amoussou ne sortira pas du bagne de très haute sécurité d’Akpro Missérété, pour assister à l’inhumation de son épouse décédée il y a peu ! A moins qu’il ne sollicite une autorisation spéciale pour y assister. Ce qui semble peu probable, de l’avis des proches de cet homme, qui lui reconnaissent le courage et la détermination de ceux qui ne plient pas devant l’adversité. La chambre d’accusation, saisie d’une requête en appel, avait pourtant ordonné sa mise en liberté provisoire, sans caution, lundi dernier.
Contre la volonté du premier Substitut du Procureur général, qui avait requis la rondelette somme d’un milliard de nos francs. Tout le monde savait que le pourvoi en cassation était la seule solution offerte au Ministère public, pour satisfaire les desiderata du pouvoir. Cependant, beaucoup avait espéré que la nouvelle de la mort inopinée de l’épouse du célèbre détenu, plaiderait en faveur de cette remise en liberté sans caution, d’un collègue magistrat qui avait pourtant servi fidèlement le régime dit de la refondation, à une certaine époque. Comme son successeur aujourd’hui. La roue tourne !
Tous les pronostics les plus optimistes ont été déjoués. Et le Pg Georges Constant Amoussou restera en détention, comme les auteurs de la très «douteuse tentative d’empoisonnement et de coup d’état.» Tout se passe comme si quelqu’un avait décidé de maintenir ce haut fonctionnaire de l’administration judiciaire dans les liens de la détention préventive…. jusqu’à ce que le pire lui arrive. Et la mort de l’épouse, fidèle sur tous les fronts de combat, parcourant la distance de Cotonou à Akpro Missérété de jour comme de nuit, 365 jours d’une année, multipliée par trois, ne suffit pas. Le régime de la refondation, chantre de la moralisation tam-tam, a besoin d’autre chose que la simple mort d’un proche. Parce que Georges Constant Amoussou est le parfait bouc émissaire de haut niveau, qui en sait un peu trop, avec l’ex-ministre Armand Zinzindohoué en exil, pour donner du crédit à la politique dite de moralisation de la vie publique. En terme trivial, les gens doivent continuer de croire que Yayi est sincère dans sa volonté affichée de faire rendre gorge aux pilleurs. Alors que tout le monde sait qu’il n’en est rien. Sinon, comment comprendre que l’instruction ne soit pas terminée, plus de trois ans après l’éclatement de la bulle Icc Services. Alors que tout le monde connaît qui sont les auteurs, les méthodes et les dessous de la plus vaste escroquerie du siècle commençant, que notre pays ait jamais connue. Tout, absolument tout, laisse croire que l’affaire Icc Services est bel et bien enterrée. Avec les principaux protagonistes disséminés dans les prisons sur toute l’étendue du territoire. Un très proche parent du grand promoteur ayant même été élargi, sans caution. Les spoliés espérant toujours, d’un espoir fou, d’être indemnisés, pendant que certains des biens mis sous séquestre ont été vendus par une commission administrative, en dehors de toute procédure judiciaire. Et que d’autres ont été subrepticement repris en main par les mêmes promoteurs, et leurs proches. Et tout le monde semble avoir oublié que cette affaire concerne une large frange des petits épargnants de ce pays, qui y ont mis toute leur fortune. Un procès en bonne et due forme, organisé avec diligence, devrait pouvoir permettre de connaître les tenants et aboutissants de cette ténébreuse affaire, ainsi que le rôle joué par chacun des prévenus actuels. Le Pg Georges Constant Amoussou, qui a toujours nié la responsabilité qu’on lui prête, pourra dire publiquement sa part de vérité. Mais visiblement, le pouvoir ne veut pas de ce procès, aujourd’hui à l’heure de la bataille pour une révision opportuniste de la Constitution. Comme hier, à la veille de cette échéance capitale de mars 2011.Parce que le Pg Amoussou, auteur de deux mémorandums brûlots parus aux encablures de ces fameuses échéances qui ont débouché sur le K.O mystérieux, en sait peut-être un peu trop ! Il peut témoigner, entre autres, sur les pressions et harcèlements subis pendant son ministère, et d’autres secrets d’état. En tout état de cause, la prolongation de sa détention préventive, malgré l’arrêt de la Chambre d’accusation, est un double aveu : l’aveu d’un enterrement de première classe d’une affaire qui a fortement ébranlé le régime, et qui a failli l’emporter, n’étaient les atermoiements d’une classe politique frappée d’apoplexie . L’aveu enfin de la condamnation à mort sans procès, d’un témoin plus que gênant.