Le «Mercredi Rouge» blanchit, ses initiateurs rassurent

Après avoir débuté timidement le 17 juillet dernier, le mouvement du Mercredi Rouge, initié par Alternative Citoyenne comme instrument de protestation pacifique contre les dérives du régime Yayi, n’a pas encore pris. Deux mois après son début, le Mercredi Rouge semble s’essouffler. Ses initiateurs n’ont pas la même lecture de la situation. 

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 «Demain c’est le Mercredi Rouge. Si tu es contre la révision  de notre Constitution, su tu es du même avis que Me Djogbénou, que les syndicalistes, que tant d’hommes, alors mets une couleur rouge dans ton habillement de demain (Cravate, chaussure, montre, cache-col, habit, pantalon, boucle d’oreille). Qu’il y est quand même du rouge…» C’est par ces messages envoyés par téléphones ou postés sur Facebook, la veille, que le mouvement «Mercredi Rouge» a débuté, ce mercredi 17 juillet 2013.

Initié par le mouvement Alternative Citoyenne, le concept «Mercredi rouge» a pour objectif de protester contre le projet de révision de la Constitution du 11 décembre 1990, et toutes les autres dérives constatées sous le régime actuel. Il est porté, entre autres, par le professeur Joseph Djogbénou, Ordain Alladatin, Joel Atayi-Guèdègbé, Me Zacharie Sambaou, Urbain Amegbédji, l’ancien ministre de la Communication de Kérékou, Gaston Zossou etc. Des observateurs de la vie sociopolitique nationale avaient vu en ce mouvement de «Mercredi Rouge», une opportunité pour mettre pression sur le régime, afin qu’il puisse corriger le tir dans les secteurs où ça ne va pas. Entre autres sujets, objet de la protestation, la révision de la Constitution, les concours truqués de recrutement à la Fonction Publique,  l’immixtion du gouvernement  dans le fonctionnement de la Justice, l’extension de la pauvreté, le recul caractéristique du Bénin à tout point de vue.

Empoisonnement du «Mercredi Rouge»

Bien qu’ayant débuté timidement, le mouvement avait donné quelques signes de promesses de survie. Des citoyens ont répondu à l’appel du mouvement Alternative Citoyenne, avec la couleur rouge de plus en plus visible dans la circulation, les premiers mercredi ayant suivi celui du 17 juillet. Avec notamment quelques tentatives de mobilisation dans quelques villes du pays. Sur les profils Facebook de plusieurs citoyens béninois, la tendance était la même. Mais, plus les mercredi passent, plus le mouvement donne l’impression de perdre progressivement le souffle. Hier, c’était le onzième «Mercredi Rouge.» Et après un tour dans la ville, ce onzième mercredi depuis le 17 juillet, était plus proche du blanc que du rouge. Mais, entre temps, quelques incidents ont pris part là.

On se rappelle l’interpellation de jeunes «Rouges» à Abomey-Calavi, la séquestration du ministre Gaston Zossou le 1er août. Et surtout un article de Jeune Afrique qui affirme que le mouvement est financé par Patrice Talon, via son avocat Me Joseph Djogbénou. Il n’en fallait pas plus que cette dernière information, vérifiée ou pas, pour discréditer  le «Mercredi Rouge». Surtout dans ce contexte d’«empoisonnement» et de «coup d’Etat», ici au Bénin, où Patrice Talon est devenu l’ennemi public numéro un de Boni Yayi.

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«Le Mercredi Rouge ne s’essouffle pas»

«Le mouvement du Mercredi Rouge ne s’essouffle pas», a martelé, Urbain Amegbédji, l’un des porteurs du mouvement rencontré hier. Lui portait son t-shirt et sa casquette rouge. «Quand vous rentrez dans un service le mercredi, de rouge vêtu, les gens vous disent « on vous soutient ».» Il explique que, bien que partisans du mouvement, pleins de citoyens ne se mettent pas en rouge pour plusieurs raisons. Il y a, selon lui,  des agents de l’Armée, ou des citoyens en poste dans les Ambassades étrangères, qui sont partisans. Mais, ces derniers ne peuvent pas se mettre en rouge les mercredi. Il ajoute que les agents de la Fonction Publique, par exemple, craignent pour des représailles de leurs ministres. «Nous sommes dans un régime de la peur, de la menace et de l’intimidation», s’est-il désolé. Avant d’ajouter que les différents constats faits, ont amené à un «réajustement» et «un changement de stratégie». Le «Mercredi rouge» étant un «mouvement pacifique», tout se fait sans tapage.

Avec un accent particulier sur la mobilisation de proximité. «L’essentiel, dira-t-il, c’est que les gens portent le mouvement dans le cœur».

Urbain Amegbédji rassure que les informations écrits par Jeune Afrique n’ont pas émoussé leur ardeur. Pour lui, c’est une courte analyse que de faire le lien entre le fait que Djogbénou soit l’avocat de Talon, et l’origine des financements pour le Mercredi Rouge. Il rappelle : «On n’est pas un mouvement né ex-nihilo, on a un parcours.» Quelques exemples : Fors-Lépi, Fors-Elections, Fors-Clap (Touche pas à ma Constitution en 2005).

Qu’en est-il de l’impact de l’incident du 1er août ? «Ça nous a plu. C’est quelque chose de trop bien. Le gouvernement nous a fait de la publicité gratuitement», a-t-il répondu. Avant de conclure : «Nous on se réunit. Quand on décide de faire quelque chose, on le fait quelque soit ce que ça coute.»

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