Appel de l’Oms pour un traitement plus précoce du Vih/Sida

Au Bénin, les PvVih se réjouissent des nouvelles recommandations de l’Oms, concernant le traitement de la maladie. Mais en même temps, elles sont attristées de savoir que leur Etat n’est pas encore prêt pour la mise en œuvre de ces nouvelles directives.

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L’Organisation Mondiale de la Santé (Oms) recommande de nouvelles directives dans le traitement duVih/Sida. Lesquelles ont été rendues publiques à l’ouverture de la conférence de la Société Internationale du Sida, en juin 2013 à Kuala Lumpur. Elles sont relatives à divers aspects de la lutte, dont le traitement antirétroviral (Tar). Dans ce volet, l’Oms incite à une intervention thérapeutique précoce au niveau des adultes vivant avec le Vih, ainsi que chez les jeunes enfants séropositifs et les femmes enceintes ou allaitantes. Cette décision fait objet de joie au sein des Personnes vivant avec les Vih (PvVih). «Par rapport à la réalité d’aujourd’hui, nous devons remercier l’Oms pour ces directives. C’est à l’avantage des personnes qui sont infectées, et cela permettra de soutenir les effets de ces antirétroviraux», affirme Comlan Houessou, médiateur sur le site de prise en charge de Dogbo, dans le Mono-Couffo. Il s’explique : «Parce que, quand vous commencez par prendre les antirétroviraux (Arv), automatiquement cela bouleverse tout l’organisme, et comme le système était défaillant, s’ajoutent maintenant les effets des Arv, et  il y a beaucoup qui perdent la vie. Il faudra aujourd’hui, un taux de CD4 supportable, pour qu’en commençant le traitement antirétroviral, ces Arv puissent améliorer leur vie.»

Pour les adultes, si l’Oms recommandait en 2010 un traitement antirétroviral à partir de 350 cellules CD4/mm3 ou moins, elle souhaite que cela démarre désormais dès que ce taux de numération des CD4 est inférieure à 500 cellules/mm3 ou moins.  Par contre, au profit des jeunes et femmes enceintes ou allaitantes, cette admission précoce sous Arv, préconise l’Oms, doit se faire indépendamment au taux de CD4, à tous les enfants de moins de 5 ans vivant avec le Vih, et à toutes les femmes enceintes ou allaitantes porteuses du Vih. Cette proposition concerne également les partenaires séropositifs pour le Vih, lorsque l’un des partenaires n’est pas infecté.

«De tels progrès permettent aux enfants et aux femmes enceintes d’accéder au traitement plus tôt, et dans des conditions plus sûres, et nous rapprochent de notre objectif d’une génération sans sida», a déclaré le Directeur Exécutif de l’Unicef, Anthony Lake, rapporté dans un Communiqué de presse de l’Oms, en date du 30 juin 2013. «L’Oms fonde ses recommandations sur des éléments prouvant que, traiter plus précocement les personnes porteuses du Vih avec des médicaments sûrs, abordables et faciles à gérer, peut à la fois les maintenir en bonne santé et abaisser leur charge virale, ce qui réduit le risque de transmettre le virus à une autre personne.» Informe le même communiqué.

«Nous aurons plus d’Arv à acheter»

Reste maintenant à chaque pays d’intégrer ces avis de l’Oms, dans sa politique et programme national de lutte contre le Vih/Sida. Mais, avec les difficultés que connait le Bénin dans la prise en charge médicale des PvVih, on se demande s’il pourra répondre favorablement à ces recommandations. «Au Bénin, cela suit un parcours», nous informe Docteur Amédée de-Souza, Chef du Service prise en charge au Programme National de Lutte contre le Sida (Pnls). D’abord, dit le médecin, il faut que cela soit étudié et adopté. Ceci, dans le but de lever un certain nombre d’interrogations liées à ces recommandations qui, signale le médecin, nécessitent qu’on mette sous Arv plus de malades. Car, explique-t-il, «commencer le traitement plus vite, a beaucoup plus d’avantages, mais nous aurons plus d’Arv à acheter, mais pour un temps». «Pourrait-on faire face à cette augmentation ?» Se demande-t-il. Et il répond : «Oui, si la quantification est bien faite et que les Partenaires techniques et financiers (Ptf) acceptent, et si le Budget national accepte de nous accompagner». Au sujet de ces conditions financières, Comlan Houessou propose : «Il faut penser à rechercher des ressources locales au niveau du Bénin. On ne va pas toujours continuer à attendre les partenaires. On doit se mobiliser et commencer chaque fois quelque chose, avant que les partenaires ne nous viennent en aide.»

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Dans l’un ou l’autre cas, pour l’heure, a-t-on appris au Pnls, tout est encore à l’étape d’étude. Deux commissions sont mises sur pied, pour accompagner le Pnls dans le sens d’une stratégie de mise en application de ces recommandations, sans créer d’autres obstacles à la réponse nationale de la lutte contre la pandémie. Mais, le chemin est encore long. «Le Bénin va vers son application, mais pas pour 2013», précise  Docteur Amédée de-Souza, qui rappelle que, concernant les recommandations faites en 2010 par l’Oms, ce n’est qu’en 2012 que le Bénin a commencé la mise en application. Encore des mois, voire des années donc, pour rendre effectives celles de 2013.

Une approche que ne partagent pas du tout les PvVih. «Nous ne pouvons pas être d’avis avec le Pnls. Notre vie est en danger, l’Oms a fait des propositions et on va nous dire maintenant d’attendre ! C’est des êtres humains qui sont en train de partir, des bras valides qui sont en train de partir. Etant donné que c’est une décision qui doit sauver la vie humaine, les gens sont tenus de respecter», plaide Comlan Houessou. Il exhorte l’Etat béninois et toutes les structures en charge de la lutte contre le Sida au Bénin, à avoir pitié des personnes infectées du Vih/Sida et à prendre en compte ces recommandations que l’Oms a formulées.

Le Comité National de Lutte contre le Sida (Cnls) est interpelé, pour prendre en compte cette préoccupation lors de sa prochaine session, car, pour atteindre l’objectif «zéro nouvelle infection», le Bénin a intérêt à faire l’option du traitement précoce, qui permet de réduire considérablement la transmission du Vih. Cette option demande plus d’investissements financiers dans l’immédiat, certes, mais à terme, lorsque le pays aura de moins en moins de cas de nouvelles infections, il pourra bénéficier de ces investissements, et disposer de ressources humaines en bonne santé pour participer au développement de la Nation.

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