Explications sur le fait que tout n’est pas perdu, annonce à grand renfort des retombées du dernier voyage de Boni Yayi en Turquie. Depuis l’annonce de la perte par le Bénin du 2nd compact du Millenium Challenge Account, le Gouvernement béninois ne manque pas d’ingéniosité pour camoufler l’échec.
Il faut oser le dire, nous l’avons perdu. Le Bénin, jusqu’à preuve du contraire, ne bénéficiera pas d’un second compact du Millenium Challenge Account (Mca). Et les nombreux projets déjà élaborés, pour développer le secteur très stratégique de l’énergie et celui de l’agrobusiness au Bénin, sont à l’eau. Les explications sur le fait que tout n’est pas perdu, démontrent que le Bénin a bel et bien perdu quelque chose. 300 milliards de Francs Cfa, gracieusement mis à disposition des pays pauvres par le contribuable américain. Sans contrepartie, sans visites de travail et d’amitié souvent très coûteuses pour le contribuable béninois. Ce sont 300 milliards directement versés aux Etats sélectionnés, sur la base d’un certain nombre de critères. Au nombre de 20, les critères d’éligibilité relatifs, entre autres, au climat des affaires, à la lutte contre la corruption, rendent en fait compte de la gouvernance du pays. Mais, en dépit du fait qu’ils – les critères – soient non-contraignants, le Bénin et son gouvernement n’ont pu les satisfaire tous, notamment celui relatif à la lutte contre la corruption. Et le financement de 300 milliards au Bénin, reporté sine die.
Saupoudrage
Depuis que la nouvelle du report à plus tard, pour ne pas dire la perte, de ce financement gratuit de 300 milliards, pourtant à portée de main, est tombée, le Gouvernement de Boni Yayi ne manque pas d’ingéniosité pour camoufler son échec dans la gouvernance. Notamment dans la lutte contre le fléau de la corruption qui gangrène l’Administration béninoise. Cela, en dépit du vote de la Loi 2011-20 du 12 octobre 2011 portant lutte contre la corruption et autres infractions connexes en République du Bénin, et la mise en place d’une Autorité Nationale de Lutte contre la Corruption (Anlc). Faut-il le souligner, depuis son installation à grand renfort médiatique, il y a 6 mois, l’Anlc est, selon son président, Guy Ogoubiyi, sans moyen.
Le Gouvernement multiplie les actions de communication, visant à expliquer que le vote de l’éligibilité du Bénin a été différé, et que «tout n’est pas perdu». En plus de ces explications, le Gouvernement Yayi, pour vernir cette lourde perte, met à contribution les médias, notamment la télévision nationale. Cette dernière ventile les retombées du dernier voyage du Chef de l’Etat en Turquie. Qui, comme par enchantement, coïncident avec le montant de l’enveloppe du Mca : 300 milliards. 150 milliards destinés à la construction du barrage hydroélectrique de Kétou-Dogo bis, et 150 milliards pour les infrastructures routières. Outre ces 300 milliards offerts, on ne sait à quelle condition, on apprend que les hommes d’affaires du pays du Premier Ministre Erdogan se sont également engagés «pour la réhabilitation de nombreuses infrastructures : routes, chemins de fer, énergie, Port, Aéroport, ressources minières et pétrolières, lutte contre le terrorisme et l’insécurité».
La coïncidence de ces bonnes nouvelles de financement avec la perte du second compact du Mca, laisse transparaître la volonté du gouvernement de noyer l’échec. Mais, comme l’a dit le Coordonnateur de Social Watch, aucun autre financement ne saurait remplacer celui du Mca. Et mieux vaut le savoir.
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