Discours de Boni Yayi : tout a été dit et que le silence soit roi

Si j’étais le Conseiller en écriture du Président de la République, jamais je n’aurais écrit un si long discours où on y découvre une chose et son contraire. Où se trouve la substantifique moelle ?

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Qui parmi le peuple a pu retenir l’essentiel du message que le père de la Nation a bien voulu envoyer à son peuple, à savoir : « Mes chers enfants, vos plaintes sont montées jusqu’à moi ; j’ai tout entendu. Et comme me l’ont demandé les Sages, les Têtes couronnées, même des personnes anonymes, je laisse tout tomber, au nom de l’amour que j’ai pour ce pays et mon peuple ! Afin que la paix revienne et que le pays redémarre ». Merci, Monsieur le Président ! Merci pour ce geste qui vous élève dans nos cœurs et redonne espoir à tout le peuple. Le cri de cœur de la présidente du Conseil d’administration de Wipnet – Bénin, Mme Fatoumatou Batoko Zossou a été entendu. Le mien également, en tant que porte-parole de toutes ces femmes, ces mères dont les enfants déambulaient à longueur de journée, et qui avaient peur des grossesses précoces de leurs adolescentes.

Face à la crise générale : Fatoumatou Batoko Zossou écrit une lettre ouverte au Président Boni Yayi

Qui a intérêt à ce que le pays meure ? Que nos hôpitaux ne soignent pas les malades ? Que nos tribunaux ne rouvrent pas leurs portes et que nos écoles restent définitivement closes en mars pour une année blanche ? Qui a intérêt à ce que les braves femmes de nos marchés restent toute la journée la main appuyée à la tempe sans rencontrer une autre main devant leurs étalages? Dites-moi qui ? Qui a intérêt à ce que le pays perde 2,5 milliards chaque jour comme l’a si bien dit Gaston Azoua ? Personne ! Sûrement pas le Président Boni YAYi, encore moins les enfants de ce pays si pauvre qu’est le Bénin.

Produire la richesse par le travail

Nous devons produire la richesse pour sortir notre pays du sous-développement. Travailler pour améliorer l’avenir nos enfants ; pour les sortir du chômage et leur offrir des emplois décents. Est-ce en perdant 2,5 milliards chaque jour que nous allons réaliser les objectifs des OMD ? Le père de famille a parlé. Même si on peut reprocher des choses à la plume du chef, (le discours devait être solennel et bref,  journée de consensus oblige), remercions papa B. Yayi d’avoir entendu nos plaintes et décidé d’éteindre l’incendie. Taisons nos rancœurs, nos frustrations, nos colères, chers syndicalistes, et reprenons tous le chemin des écoles, des hôpitaux, des usines et des bureaux.

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Souvenir de la Conférence Nationale des Forces Vives

Tout le pays est en ébullition. Et pourtant, il y a 24 ans on nous avait assuré qu’on avait vaincu la fatalité. Où en sommes-nous aujourd’hui ? Le constat est amer : tout le capital Espoir en l’avenir de toute la nation a été jeté aux orties sur la base des maux dénoncés à cette historique conférence. L’unité nationale est en lambeaux, du fait de ceux –là qui,  pressés d’amasser le maximum de biens matériels utilisent des raccourcis pour parvenir au sommet. Ils oublient ou font semblant d’oublier « qu’on ne franchit pas impunément certaines étapes de la vie », comme l’a signifié Henri Lopez dans son roman Sans Tam-tam.    

Crise sociale au Bénin : des syndicalistes réagissent au discours du chef de l’Etat        

Et cette fameuse LEPI qui a coûté à notre peuple tant de deniers ; et qui continue de bouffer encore nos sous, alors que si elle avait été confectionnée par des techniciens, elle aurait été mieux réalisée et moins onéreuse. Mais, elle n’aurait pu servir les desseins inavoués des politiciens qui vont utiliser encore plus de 10 milliards de nos maigres ressources pour nous tourner en rond. Jusques à quand allez- vous continuer de malmener ce pauvre pays aux ressources limitées, hommes politiques béninois ? Une LEPI où ont été enrôlées 2,5 millions de personnes sur la base de simples témoignages, des personnes « intouchables », parait-il jusqu’en 2017. Un véritable vivier d’électeurs dont on usera et abusera à bon escient,  soyons-en sûr

Des chantiers en souffrance

Pendant qu’on gaspille les sous de la République, des chantiers comme ceux de la route Godomè – Pahou, Calavi – Bohicon sont en souffrance. L’échangeur de Godomè avec ses broussailles et ses gîtes de malfrats donne un goût d’inachevé. Et pourtant, nos décideurs voyagent et admirent les joyaux dans les autres pays. J’ai failli étendre une natte, il y a quelques semaines, sur l’immense esplanade de la grande mosquée du roi Hassan II à Casablanca. Seul le froid m’en a dissuadé. Pourquoi ne peut-on créer des jardins publics, des lieux de détente (maquis, bars, boutiques) dans les allées des échangeurs qui rapporteront des devises à l’Etat et à ou nos Communes ? Pourquoi devons- nous toujours être dans l’improvisation, l’urgence et l’a peu-près ? Combien d’années encore devrons-nous supporter la vue de tous ces chantiers inachevés ? Combien d’années les populations pataugeront encore dans la boue en allant à Pahou, Allada et Bohicon ? Combien de temps faudra –t-il  avaler la poussière en se rendant à l’aéroport de Tourou ?

Papa Boni Yayi, on est fatigués de tout ça ! Il vous reste deux ans pour quitter le pouvoir. Et vous aurez droit à un repos bien mérité, car on ne peut jamais douter que vous avez contribué brillamment à l’économie nationale. Mais, de grâce, n’ouvrez plus un quelconque autre  chantier. Finissez, que dis-je fignolez ce que vous avez entamé afin que vos œuvres suscitent admiration, envie et convoitise chez nos visiteurs.

La sécurité des populations

En plus de nous assurer le bien-être, mon cher Président, ayez à cœur la sécurité de tous les enfants du Bénin, comme le ferait un bon père. Selon la Présidente du Conseil d’administration de WIPNET- Bénin, Mme BAToko F. il existerait à la Présidence une liste de femmes et d’hommes à éliminer. Celle qui parle n’est pas n’importe qui. Son patronyme et l’image de la structure qu’elle représente ne l’autorisent pas à se lancer dans des affabulations. C’est pourquoi ça crée l’effroi de lire des propos pareils. Surtout que Mr Assogba Martin, de l’ONG Alcrer a failli mourir sous des balles assassines il y a quelques mois. Ainsi donc, après la cellule logée au palais, qui nomme et dénomme les cadres appelés aux hautes fonctions, sur des bases de clientélisme, après celle qui est chargée de gommer les noms des candidats d’une région, admis aux concours nationaux pour y loger leurs parents et affidés, voici qu’une autre cellule qui regroupe des «  Tontons macoutes » au Palais serait chargée de nous loger des balles dans la tête !

Monsieur le Président de la République, cher Papa, rassurez-nous, rassurez vos citoyens ! Le peuple a peur ! Comment mourir tout simplement parce qu’on dénonce certains couacs du système, afin que les choses s’améliorent. S’il faut mourir pour ça, mon cher Président, je m’offre en holocauste pour le bonheur de notre peuple. Pour qu’il vive dans de meilleures conditions ! Afin que cessent le gaspillage et la gabegie ; pour que la corruption meure au Bénin. Une  démocratie  comme la nôtre a besoin de contradicteurs pour avancer. Assassiner quelqu’un pour ses opinions, cela fait fuir les investisseurs. Le parti unique nous a trop retardés. C’est pourquoi nous avons opté pour la démocratie au Bénin. Suivez les règles primaires de ce système démocratique, et le peuple vous en saura gré. Accomplissez votre part du boulot, et Dieu que vous adorez vous le reconnaîtra. Car, « tout est nu et découvert aux yeux de celui à qui nous devons rendre compte ». Et que ceux-là commis aux basses œuvres apprennent de Périclès que : « Il n’y a pas de bonheur sans liberté, il n’y a pas de liberté sans courage ».

Justice, égalité, fraternité, solidarité

Ramenez ces valeurs au sein de notre vaillant peuple, afin que la Nation retrouve l’harmonie, l’unité et la paix. Quant aux syndicalistes, je les supplie d’écouter les souffrances du peuple au nom de qui ils se battent. J’ai consolé mes amies dont on a diminué le salaire pour fait de grève. Ca a été très, très dur à gérer. Lorsqu’on enlève 20, 30 ou 50 milles du salaire mensuel d’un enseignant du primaire ou du secondaire, c’est un drame.  Je ne suis pas sûre que la base veuille encore perdre une partie de ses revenus dans ce bras de fer, où seul le bas peuple laisse des plumes. Et nous ne voulons plus perdre 2,5 milliards chaque jour. Ce sera la mort de notre Etat, pire de notre pays. « Pendant que le port de Lomé regorge de bateaux en rade, on peut étendre une natte dans notre port et dormir à poings fermés », a déclaré sur les ondes d’une radio un acteur portuaire. Ces propos font pitié et nous interpellent tous.

Pitié pour notre jeunesse désespérée ! Les grèves ne créent pas d’emplois ! Avançons dans les discussions en faisant une pause par rapport aux divers mouvements de débrayage, et en faisant preuve de réalisme. Une grève qui dure trop s’essouffle et meurt. Et comme je l’avais écrit précédemment, mes chers amis syndicalistes, allez à l’école de vos confrères tunisiens, afin d’écrire en lettres d’or vos noms dans les annales de notre histoire. Il ne s’agit plus de vous en tant qu’individus, mais de l’avenir de toute une nation. Alors, vlè ! vlè ! réglons nos différends par le dialogue. Les enfants nous regardent… et nous jugent.

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