Visite inopinée chez Bruno Amoussou : comment Yayi a tenté de piéger l’Un

Le Chef de l’Etat a effectué lundi dernier une visite  au domicile de Bruno Amoussou. Bien que cette initiative paraisse salutaire dans le contexte actuel de crise, les circonstances de la rencontre aussi bien que les manœuvres  subreptices qui l’ont entourée  amènent à douter de la sincérité de la démarche présidentielle. Le communiqué publié par l’Un le lendemain à ce sujet est bien illustrateur de la méfiance suscitée par cette visite inopinée.

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Elle intrigue et suscite des interrogations, la dernière rencontre de Boni Yayi avec Bruno Amoussou. A peine a-t-on eu le temps de s’en réjouir que l’attitude et les manèges du Chef de l’Etat, désormais habituels, nous ramènent à une réalité. Celle d’un  montage, d’une opération de charme pour dompter l’Union fait la nation(Un), la plus grande coalition de l’opposition. Il suffit  de lire cet extrait de son communiqué pour s’en convaincre : « le Bureau politique craint que cette rencontre ne soit qu’une opération de communication.

Bénin : Boni Yayi chez Bruno Amoussou et Rosine Soglo

Il souligne que la mise en œuvre urgente d’une autre politique que celle suivie jusqu’à ce jour reste la condition de la restauration rapide d’un climat de paix dans le pays. Il insiste donc sur la conclusion urgente des négociations avec les organisations syndicales des travailleurs, afin d’éviter le drame d’une « année blanche ». Une lecture attentive de cet extrait peut permettre de deviner un peu de quoi il a été question au cours de ce fameux  tête à tête. La crise sociale actuelle avec la grève des centrales syndicales a été une des plus grandes préoccupations de cette rencontre. Selon des sources concordantes, le président Yayi a demandé à son hôte de l’aider pour gérer la crise sociale actuelle. La réflexion du Chef de l’Etat est pourtant simple. L’Un est la seule coalition de partis politiques à avoir fait une déclaration de soutien à l’endroit des centrales syndicales en grève. Mieux, certains responsables de celles-ci sont soit du Mono-Couffo ou des amis personnels  de Bruno Amoussou. C’est à peine si le président Boni Yayi ne croit pas qu’il y a la main de Bruno Amoussou dans cette affaire.  Il s’est alors dit que c’est la bonne personne qui pourrait l’aider. Et dans ces cas, Yayi se montre docile, gentil et respectueux.

Insincérité

Et pourtant, c’est après avoir pris connaissance des propositions de l’Un que Yayi a proféré des  menaces à la classe politique au cours de son intervention médiatique du 1er août 2012. Et tout ça, Bruno Amousou en est bien conscient. Il mesure à juste titre le degré d’insincérité de son hôte dans cette démarche.  Ce n’est que le dimanche soir que Bruno Amoussou a été  contacté. Selon les mêmes sources, c’est un peu après 21heures le dimanche dernier, que  le préfet des départements du Mono/Couffo , Corentin  Kohoué a contacté Amoussou et lui fait part du souhait de Boni Yayi. Pas possible, lui répond  répond-il, ajoutant qu’il est en tournée de sensibilisation sur la Lépi à Azovè et qu’il ne pourra venir. Incident clos avait-il cru mais à 4heures du matin, le Chef de l’Etat lui-même appelle Amoussou et lui dit qu’il voulait le voir pour une discussion. « Pas possible puisque je suis dans le Couffo  actuellement et ce n’est pas évident que je sois à Cotonou demain matin ». Le Chef de l’Etat insiste et lui  propose de lui envoyer l’hélicoptère le chercher. Le président de l’Un dit préférer prendre la route et donne son accord. Il y a à s’étonner qu’une telle rencontre, sollicitée au forceps, dans la plus  grande précipitation puisse être si médiatisée. Selon des confidences, les journalistes des chaînes de télévision accrédités à la Marina étaient informés de cette sortie avant même que la demande ne soit faite. Tout ceci pourrait confirmer la thèse d’une volonté d’utiliser juste l’image de ce dinosaure politique pour afficher à la face du monde et aux populations que c’est encore lui, Yayi qui fournit assez  d’efforts pour le dégel de la crise actuelle.  Autre aspect de la manœuvre subreptice de Boni Yayi, c’est la priorité accordée à  l’individu Bruno Amoussou au lieu de l’institution politique qu’est l’Un. Il y a là une volonté de travailler à la fragilisation de la cohésion au sein du groupe.  Ces genres de manèges ne peuvent échapper à un renard politique comme Bruno Amoussou.

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