Vol Trans Air Congo : Jésus était dans l’avion !

Le 29 novembre dernier, du retour de Brazzaville où nous étions allés participer aux Grands Prix francophones d’Afrique, l’avion qui nous transportait  (TAC Trans Air Congo), nous a fait rencontrer Jésus. Si, si, le bienheureux Christ en personne. Alors qu’on avait effectué déjà deux heures de vol, l’appareil avait brusquement commencé, comme une machine atteinte de démence, à tanguer. 

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On pensait qu’on traverserait une courte zone de turbulences. Raté. Non seulement, les secousses devenaient de plus en plus sérieuses et se prolongeaient indéfiniment, mais à des moments donnés, on avait l’impression que l’avion piquait du nez. Hououou! Haaaaa!! qu’il faisait. Les passagers se regardaient, inquiets, se demandant s’ils ne vivaient pas là, leurs dernières heures. Soudain, le trou d’air. Cent ou peut-être deux cents mètres de perte d’altitude. Des cris de panique s’élevèrent aussitôt. Les chapelets furent sortis des sacs à mains. Des bibles par miracle, se retrouvèrent dans certaines mains. Et le Commandant de bord se mit à grasseyer dans les haut-parleurs.

-Attachez vos ceintures, ne bougez pas ! Attachez vos ceintures ! Ça va passer !

Mais certains – surtout les bonnes femmes – ne l’écoutaient que d’une oreille futile. D’ailleurs, ils étaient loin d’avoir la même lecture des événements que lui. Ils avaient carrément abandonné leurs ceintures et s’étaient s’agenouillés, psalmodiant les versets bibliques, les mains en l’air et appelant Jésus à la rescousse.

A côté de moi, je surpris un voisin en pleine sueur, à genoux, presque en transe, les yeux révulsés. Il n’appelait plus Jésus, il le convoquait carrément, lui demandant, lui exigeant même d’endiguer la dérive que le Diable était en train de faire subir à l’avion. A l’adresse de ce Diable d’ailleurs, l’incantation était devenue plus qu’une injonction, une menace violente.

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-Diable, sors de cet avion! Diable, c’est à toi que je parle ! Diable, sors de cet avion!

Derrière moi, Masta Cool (Euloge Beo Aguiar) se fendit brusquement d’un long rire. Il venait de se réveiller et se délectait du spectacle.

Les hurlements se poursuivirent pendant un quart d’heure. Puis brusquement, alors que les coulées salivaires, urinaires et autres lacrymales continuaient de mouiller les fauteuils, l’avion parut léger. Les secousses cessèrent et mon voisin, soulagé, se tourna vers moi en faisant un impressionnant signe de croix.

-Jésus était là, s’empressa-t-il de me confier, Jésus nous a sauvés!

Il me tendit sa carte de visite. C’était un pasteur new génération, sapé comme un cadavre, la tête engoncée dans un chapeau feutre, une croix christique ayant la grosseur d’une assiette au cou…

Je voulais lui demander de me présenter à Jésus, qu’il me plairait de lui serrer la louche à ce type, mais le bonhomme, déjà fort transfiguré, risquerait de me prendre pour un fou, surtout après ce qui s’était passé. Derrière moi, Masta Cool n’avait cessé de rire. Quand je me tournai vers lui pour recueillir son avis, il me dit simplement, de sa voix calme :

-C’est la patience!

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