CPFG : à propos des leçons de la commémoration du 11 décembre 1989

La commémoration cette année de la journée du 11 décembre a revêtu une ampleur particulière et un caractère insolite. D’une part, ont marché en véritables provocateurs les FCBE, les partisans du pouvoir de YAYI et d’autre part ceux opposés au pouvoir. 

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Et de ce côté, contrairement au passé où seuls les militants et sympathisants du PCB et plus récemment de la Convention Patriotique des Forces de Gauche (au sein de laquelle le PCB est inclus), descendaient dans la rue comme ils l’ont fait encore à Lokossa, Abomey, Klouékanmè,  le 11 décembre 2014 à Cotonou a connu à leurs côtés parmi les marcheurs et les groupes de tête, les dirigeants des partis présents au parlement, au gouvernement, au COS-Lépi. Ainsi étaient dans les rues, à mes côtés Léhady Soglo dont le parti -la RB- est au gouvernement de Boni Yayi, les dirigeants du PRD dont Ahouanvoébla vice-président du Cos-Lépi, Sévérin Adjovi qui était au dialogue-monologue de Yayi, dame Prudencio qui avait qualifié Boni Yai de « Papa bonheur », Valentin Houdé qui est toujours de la mouvance présidentielle, Cakpo Mahougnon du parti de Mathurin Nago, président de l’Assemblée Nationale, Maurice Ahanhanzo-Glèlè, « père de l’actuelle Constitution », en plus de Bruno Amoussou, Lazare Sehouéto et autre de l’UN présent au Cos-Lépi, d’Abdoulaye Bio Tchané de l’ABT, sans oublier les responsables et militants de l’Alternative Citoyenne, les responsables du « Réseau ATAO », Candide Azanaï de Restaurer Espoir etc. Tout ce monde se bousculait pour se faire voir, se faire interviewer comme pour prendre date. Les travailleurs et le peuple peuvent ne plus reconnaître les leurs et certains journalistes ont qualifié la marche de confusion. En fait une joyeuse confusion où se mêlent des éléments hétéroclites de toutes sortes.

Mais cette confusion donne des leçons précieuses.

1- La nature provocatrice et va-t-en guerre du pouvoir corrompu et dictatorial de Boni Yayi est réaffirmée ; ce pouvoir qui a décidé de faire également descendre ses partisans dans la rue et qui a convoyé par cargaisons des marcheurs dans une logique d’affrontement. Aucun dialogue fructueux pour les travailleurs et le peuple n’est possible avec un tel pouvoir.

2- Le pouvoir de Yayi est complètement isolé et est lâché même par des partis et personnes qui se réclament de sa majorité.

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3- Plus personne ne croît en des élections transparentes et crédibles sous le pouvoir de Yayi avec la Lépi frauduleuse, le Cos-Lépi incapable et pilleur.

4- Au-delà du pouvoir, la faillite de la Cour Constitutionnelle, l’impuissance de l’Assemblée Nationale, la négation du Cos-Lépi sont confirmées par des partis et personnes qui sont représentés au gouvernement, au Parlement, au Cos-Lépi.

En conclusion, la faillite et l’impuissance de toutes les institutions à sortir le peuple de l’impasse et de la crise multidimensionnelle dans lesquelles le pays est plongé est établie par les partis et personnes participant à ces institutions.

5- Tous sont obligés de s’en remettre à la rue, c’est-à-dire comme le dit le dictionnaire « aux milieux populaires, au peuple susceptible de s’insurger », à la souveraineté du peuple. Et les FCBE et le gouvernement de Boni Yayi, et le « père de la Constitution », et le parti du président de l’Assemblée Nationale, et les alliés de Boni Yayi, et les membres de Cos-Lépi, tous ceux-là qui dénigraient le « pouvoir de la rue », tous ceux-là qui vilipendaient le PCB et les révolutionnaires de prôner la supériorité du peuple sur toutes les institutions, tous ceux-là sont obligés de descendre dans la rue, d’en appeler au peuple, donnant raison au PCB et aux révolutionnaires.

Le prétexte avancé par ces partis et personnes hauts bourgeois au pouvoir ou non pour descendre dans la rue, à savoir la commémoration du 11 décembre 1990, date de promulgation de la Constitution est évidemment fallacieux. Car le 11 décembre 1990, le peuple n’était pas dans les rues. Le peuple n’a même rien fait ce 11 décembre 1990. Le fameux référendum à trois modalités (oui, non, oui mais..) pour adopter le Constitution a eu lieu  le 2 décembre 1990. La date de promulgation le 11 décembre 1990 a été choisie par le groupe Kérékou-Soglo-Mgr de Souza avec pour conseiller Robert Dossou, comme pour effacer de l’histoire et de la mémoire collective l’exploit insurrectionnel du peuple du 11 décembre 1989. Et c’est cet exploit insurrectionnel qui est aujourd’hui appelé, ouvertement dans des discours au meeting du 11 décembre dernier.

  Travailleurs  des villes et des campagnes, jeunes de toutes catégories, peuples du Bénin,

   Face à la faillite, à l’impasse unanimement reconnue et aux mouvements populaires commençants, quelles sont les issues possibles aujourd’hui ? Il y a deux sortes de solutions pour en sortir : il y a le putsch et l’intervention des généraux de l’armée, ou le soulèvement populaire et le pouvoir véritablement aux travailleurs et aux peuples du pays.

Le putsch et/ou l’intervention des généraux de l’armée permettent à la haute bourgeoisie et aux puissances impérialistes de conserver le pouvoir et le système de gouvernance actuelle où règnent la corruption, le pillage, la fraude généralisée, la vente du pays à l’étranger, les violations répétées des libertés publiques et l’impunité, tous fléaux qui nous ont conduits dans le gouffre avec la misère et le chômage généralisé pour la jeunesse. Ce n’est pas pour rien que l’on voit déjà des Généraux qui n’ont jamais brillé quelque part en politique se mettre déjà en scelle. Est-ce un hasard ? Plus ouvertement, Joseph Djogbénou du parti Alternative Citoyenne dans son discours après la marche du 10 décembre 2014 à Porto-Novo n’a pas hésité à réclamer l’intervention dans la sphère politique, des généraux de l’armée. Ces gens ne tirent pas leçon des expériences douloureuses des peuples sous la direction des aventuriers militaires en Afrique et dans notre pays. Ils ne tirent pas leçon de la récupération et du vol en cours de la victoire du peuple au Burkina et ailleurs. Le retour à la tête de notre pays d’un militaire (qui n’aura fait ses armes dans aucun parti politique connu d’avance) quel que soit l’étiquette ou la voie qu’il aura choisie, aura constitué un grand recul pour notre démocratie et notre pays. Car ce sont là des aventuriers mus par des forces étrangères et qui répondront à leurs instructions. Ils nous conduiront tout droit à la dictature et le peuple béninois ne l’acceptera pas.

Mes chers concitoyens,

La situation actuelle interpelle alors à nouveau le peuple, les travailleurs et jeunes de toutes catégories, soldats et opérateurs économiques, tous ceux qui souffrent et se plaignent du système à se prendre en charge pour mettre en place un nouveau système, avec un pouvoir à eux. Il n’est pas question pour vous de vous battre, de subir tous les sacrifices pour faire partir un pouvoir anti-peuple et que d’autres qui s’intitulent des « professionnels de la politique » -civils ou militaires- vous arrachent votre victoire en installant un autre pouvoir anti-peuple. Non, cela ne se passera pas.

Travailleurs, paysans, artisans, jeunes, producteurs de toutes sortes, l’heure a sonné, le moment est venu d’en finir, au-delà du pouvoir décrépit de Boni Yayi, avec le système en place. Il faut une nouvelle gouvernance dans notre pays, où vous aurez le droit de désigner et de destituer les directeurs des entreprises et administrations publiques, où les criminels politiques qui ont fait disparaître Dangnivo et assassiné dame Sohoudji seront châtiés, où les auteurs des crimes économiques (affaires ICC-services, CEN-SAD, machines agricoles, turbines électriques de Maria-gléta, siège de l’Assemblée nationale, avion présidentiel, etc.) répondent et rendent gorge de leurs forfaits ; un pouvoir où l’on ne saurait nommer un ministre sans l’avis conforme des travailleurs, jeunes, population, à travers les syndicats ou fédérations syndicales de son secteur, un pouvoir qui protège le patrimoine national dont l’un des aspects majeurs est la protection des producteurs et opérateurs économiques béninois contre la concurrence déloyale étrangère. Enfin un pouvoir où les violateurs des libertés du genre AZANDE Placide, le commissaire AGOSSADOU et leurs commanditaires seront jugés et châtiés conformément à la loi.

            La souveraineté du peuple est reconnue et consacrée. C’est au peuple de jouer à nouveau pour son émancipation et le décollage de notre pays.

            J’en appelle à la poursuite et à l’intensification des luttes populaires pour le départ immédiat du pouvoir failli de Boni Yayi et jusqu’à l’avènement du pouvoir des travailleurs et des peuples, seule gage d’une nouvelle gouvernance dans notre pays

Cotonou, le 13 décembre 2014
Philippe NOUDJENOUME
président de la Convention Patriotique des Forces de Gauche.
Premier Secrétaire du Parti Communiste du Bénin

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