Législatives : Boni Yayi poursuit sa campagne précoce

Avant même le lancement officiel de la campagne électorale par la Commission électorale nationale autonome (Cena), le président Boni Yayi est déjà très actif sur le terrain. Il profite de ses activités de président de la République pour solliciter implicitement l’adhésion des électeurs à sa liste, les Fcbe. Les lancements de travaux se multiplient, les promesses pleuvent et les nominations deviennent le sport favori du Conseil des ministres. 

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Le président tient à faire carton plein (au moins 50 députés) aux élections  législatives du 26 avril 2015. C’est en fait l’objectif de sa famille politique, les Forces Cauris pour un Bénin émergent (Fcbe). Pour Boni Yayi, atteindre cet objectif sera un grand pas vers la concrétisation de son funeste et controversé projet de révision de la Constitution. Ce nombre de 50 députés acquis à sa cause lui permettra de se rapprocher de la majorité nécessaire pour franchir la première étape législative de la procédure de réforme constitutionnelle. La Constitution dispose en son article 154 que l’initiative de sa révision «appartient concurremment au président de la République, après décision prise en Conseil des ministres, et aux membres de l’Assemblée nationale. Pour être pris en considération, le projet, ou la proposition de révision, doit être voté à la majorité des trois quarts des membres composant l’Assemblée nationale. » L’article 55 du même texte ajoute que «la révision n’est acquise qu’après avoir été approuvée par référendum, sauf si le projet ou la proposition en cause a été approuvé à la majorité des quatre cinquièmes (4/5) des membres composant l’Assemblée nationale. » L’Assemblée Nationale béninoise compte 83 députés. Les trois quarts de 83 font 62,25, donc 62 députés. Si Boni Yayi obtient au moins 50 députés aux Législatives, il pourra, avec les jeux d’alliances rêver d’élargir sa majorité parlementaire à 63 membres, au moins. Aujourd’hui, c’est un euphémisme de dire qu’il est plus qu’engager à voir la Constitution béninoise révisée avant le 06 avril 2016, date de la fin de son dernier mandat constitutionnels. Depuis la fin de l’impasse électorale qui a débouché sur le début des tractations pour les Législatives, Boni Yayi a débuté sa campagne. A l’aide son hélicoptère, il parcourt le Bénin pour faire des annonces et promesses mielleuses aux populations. Il répond à ses détracteurs, posent les premières pierres et lance des chantiers de construction d’infrastructures routières, éducatives et hospitalières. Promet la construction de nouvelles infrastructures. Il mise sur le besoin des populations en pistes rurales, routes, électricité et eau pour solliciter leur vote.

Chantage ?

« Ceux qui disent que je suis fini se trompent. Yayi Boni est là ! Je suis président ! Je suis président et je ferai face à mes obligations vis-à-vis de vous », a-t-il affirmé à Parakou mardi dernier pour répondre à Sacca Lafia qui  avait déclaré quelques jours plutôt que « Boni Yayi, c’est fini ».  « Autrement, même si vous n’élisez aucun député, vous leur donnez des députés, le 26 avril 2015, vous serez obligés de continuer de boire de l’eau. Vous avez besoin de l’énergie, de l’électricité, des routes », a-t-il ajouté. Comme si les 50 députés étaient des bâtons magiques qui lui permettraient de faire en moins d’un an ce qu’il n’a pu accomplir en neuf ans. L’autre stratégie de campagne précoce de Boni Yayi, ce sont les nominations. Ces dernières semaines, le Conseil des ministres a multiplié les nominations au gouvernement pour soit recaser certains militants mécontents ou trouver des sources de financement de campagne aux autres. Ces actions purement électoralistes d’un régime qui a longtemps brillé par un style de gouvernance approximatif et pernicieux  vont-elles convaincre les Béninois ? Réponse au soir du 26 avril prochain.

Deux importantes réunions des responsables Fcbe hier nuit

Malgré leur grosse ambition pour les Législatives du 26 avril 2015, les Fcbe connaissent des difficultés. La famille politique du président Boni Yayi connaît une saignée politique depuis quelques semaines avec les démissions en cascade de plusieurs ténors. Hier nuit, l’alliance a tenu deux importantes séances à Cotonou. Objectif, selon des sources proches de la formation politique, faire arrêter la saignée mais aussi peaufiner des stratégies pour ratisser large aux Législatives d’avril prochain, y compris aux Municipales qui vont suivre un peu plus d’un mois plus tard. La première séance s’est tenue à l’Infosec. Dirigée par l’actuel ministre des Finances Komi Koutché et l’ancien ministre de la Communication Désiré Adadja, elle a porté sur les élections locales.  La seconde a eu lieu au Palais des congrès. Elle aurait été présidée par Boni Yayi lui-même. Sujet abordé, la préparation des Législatives.

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