Parmi les candidats aux prochaines élections législatives, certains sont, pour des raisons évidentes, dans le viseur du Président de la République et de sa famille politique, les Fcbe. Ces raisons sont leur opposition au projet de révision de la Constitution auquel tient le Chef de l’Etat et leur accointance avec Patrice Talon, le richissime homme d’affaires béninois accusé à tort d’avoir voulu attenter à la vie du chef de l’Etat pour écourter son mandat.
On ne pouvait s’en douter. C’est d’ailleurs plus qu’une évidence et Candide Azannaï l’a encore confirmé il y a quelques semaines. Pour les Législatives du 26 avril, le président Boni Yayi a une liste de candidat qu’ «il a juré de faire échouer ». Le président du parti Restaurer l’Espoir, député transfuge Fcbe l’a martelé samedi 14 mars dernier au Palais des Congrès de Cotonou. C’était lors de la sortie officielle de l’alliance Forces Démocratiques Unies (Fdu) du président de l’Assemblée Nationale, qui a quitté l’alliance pro-Yayi Fcbe (Forces Cauris pour un Bénin Emergent) dont son parti était membre. Il s’agirait donc d’une liste noire de candidats que le président Boni Yayi et sa machine vont œuvrer à faire échouer. Toutes analyses faites, on imagine que le chef de l’Etat a dans son viseur deux catégories de candidats : les députés transfuges Fcbe et les candidats de l’opposition. Dans ces deux catégories, on retrouve des anciens députés, des députés sortants tout comme des candidats qui sollicitent pour la première fois un siège au Palais des gouverneurs.
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Les anti-révisions ont chaud
Dans la première catégorie, on pourrait citer les noms comme Candide Azannaï, Claudine Prudencio, Mathurin Nago, Hélène Aholou-Kèkè, Nicaise Fagnon, Djibril Mama Débourou et Sacca Lafia. Ils ont tous été élus sur la liste Fcbe en 2011. Mais pendant la législature, pour diverses raisons, ils sont devenus très critiques vis-à-vis du régime Yayi, faisant même parfois échec à certaines initiatives de la mouvance parlementaire dont ils étaient supposés membres. Certains se sont opposés à toute révision opportuniste de la Constitution (une réforme chère à Yayi), d’autres ont affiché ouvertement leur attachement à Patrice Talon, l’ancien bras financier de Boni Yayi (ce qui se dit dans l’opinion), devenu son ennemi public numéro 1. Le péché de Débourou et Lafia est d’avoir sifflé la fin de l’air Yayi, alors que l’homme pense avoir encore la main mise sur le pays jusqu’au 06 avril 2016, date de la fin de son dernier mandat constitutionnel. Dans le lot, d’autres ont contribué au rejet du budget général de l’Etat, exercice 2014 et de la proposition de loi portant retrait du droit de grève et d’association aux magistrats.
L’ambition de la famille politique du président Boni Yayi (Fcbe) est de ratisser large aux Législatives du 26 avril prochain. Leur objectif est de décrocher au moins 50 sièges sur les 83 que compte l’Assemblée Nationale béninoise. Soutenus par leur « leader charismatique » qui mouille le maillot à fonds, ils travaillent à cet effet. Aux Législatives de 2011, la liste Fcbe avait obtenu une trentaine de députés. Pour passer donc de la trentaine à 50 sièges, les Fcbe doivent travailler pour faire échouer des députés de l’opposition. Mais en dehors de cette ambition électorale qu’on ne peut interdire à l’alliance au pouvoir, il faut admettre que des candidats de l’opposition pourraient particulièrement se retrouver sur la liste noire de Boni Yayi. Sans être exhaustif, on peut citer des noms comme Eric Houndeté, Janvier Yahouédéou et Joseph Djogbénou. Tout comme les «mouvanciers» divorcés de Yayi, ces personnalités politiques ont affiché publiquement leur opposition à toute révision opportuniste de la loi fondamentale béninoise. Et se sont ouvertement battus contre l’initiative gouvernementale. En plus d’être un député anti-révision opportuniste, pendant la sixième législature qui tire à sa fin, Eric Houndeté s’est illustré par son activisme contre les pratiques du gouvernement. Multipliant les interpellations (questions écrites et orales) du gouvernement sur plusieurs sujets de gouvernance publique.
Les ‘’Talonistes’’ aussi
Les Législatives du 26 avril prochain constituent un avant-goût de la bataille présidentielle de 2016. Mais aussi, le scrutin législatif sera un autre round de la guerre sans merci qui se livrent les deux anciens amis depuis 2012. Il s’agit de Boni Yayi et Patrice Talon. A ce titre, il est plus qu’évident que tous les candidats étiquetés Patrice Talon seront, pour la machine Yayi, des cibles à broyer politiquement.
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