« L’erreur de 1996 », attention à la répétition de l’histoire

Lors de sa dernière interview accordée aux confrères de la télévision privée canal3, le président Soglo jette un gros pavé dans la marre. Une petite phrase qui a l’air tout banal mais riche de portée historique et sens.

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« J’espère que les Béninois ne feront pas l’erreur de 1996 », avertit le patriarche qui, en fin de mission à la tête de la municipalité de Cotonou tire sur la sonnette d’alarme contre un choix des Cotonois qui pourrait compromettre les espoirs de développement de cette ville. De 1996, on a assez péroré. Les jeunes générations et des citoyens amnésiques, dépassés par les flux et les reflux des vicissitudes de la vie quotidienne doivent bien se documenter pour les premiers et faire un effort de souvenance pour les seconds. 1996 : ce fut vraiment une erreur. La plus grosse erreur de l’histoire de la démocratie béninoise. On s’en est rendu compte que des années après en voyant ce que le Bénin devrait être si l’élan d’émergence pris en 1991 et maintenu pendant ce premier quinquennat a pu être conservé pendant les deux qui l’ont suivi. Le président Soglo élu presque à l’unanimité et presque dans la liesse populaire avait été débarqué de la présidence après un scrutin fortement infesté par les calculs et les manœuvres immondes de la françafrique. Le président Soglo s’en est guéri difficilement. Mais cette erreur, si l’on consent aujourd’hui à la reconnaître ainsi, fut après tout une erreur politique. On se rappelle bien que c’était la classe politique naissante de notre ère démocratique qui a commis, presque à l’unanimité, l’erreur de demander au peuple de voter contre Soglo. Sans barguigner, le peuple qui vouait encore en ces temps- là une grande vénération aux hommes politiques a suivi sans trop de calcul. Lorsqu’il comprendra qu’il a été induit en erreur, sa réaction fut vengeresse. Tous les acteurs politiques qui y ont apporté leur caution ont été tous punis. Bien que certains parmi eux bénéficient de quelque estime, aucun d’eux n’a pu accéder à la magistrature suprême en dépit des années de lourds investissements politiques.

Mais en 2006, soit dix ans après, une autre erreur, insidieuse a été commise au nom de la démocratie. Mais cette fois- ci les responsables sont aussi bien la classe politique que le peuple. On put comprendre que l’un a dû tromper l’autre. Du côté du peuple, on lisait fortement une forte aspiration au changement avec un homme nouveau qui n’a pas trop d’accointances avec une classe politique de plus en plus corrompue. Tout s’est passé comme si le peuple a décidé de prendre sa revanche sur la classe politique en l’astreignant à suivre son choix. Les grognes, les mouvements de rue, les interventions sur les antennes des radios ont fini par convaincre les hommes politiques que le peuple avait décidé de faire un choix d’un homme nouveau. La classe politique, alors mise en déroute, avait dû suivre cette direction. Lazare Sèhouéto, président de l’Alliance Force Clé, au cours de sa déclaration de ralliement au candidat Yayi pendant les deux tours du scrutin a eu le courage de dire que le peuple s’est trompé mais qu’il fallait le suivre. Pendant les dix ans qui ont suivi ce choix, le peuple a été désabusé. Les nombreuses promesses faites n’ont pas été tenues. La corruption a connu une montée vertigineuse et l’effondrement des valeurs une chute abyssale. Avec le recul, on peut aussi dire que 2006 fut une erreur.

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Alors, on a l’impression que le peuple béninois semble être abonné à un cycle d’erreur de dix ans. Et qu’en 2016, une autre risque de se répéter. Dans quelques mois, le choix doit être réfléchi, pointu. La flopée de prétendants au titre doit être passée au scanner du peuple qui doit y extirper les aventuriers, les politiciens aux appétits voraces, les démocrates mal repentis aux allures de petits autocrates et bien sur les hommes solitaires qui ne sont portés par aucun groupe politique sérieux. C’est de ce travail de discernement que peut jaillir un choix radieux pour l’avenir du peuple. Sinon on croirait que le Bénin est tombé dans une malédiction démocratique

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