Nicéphore Soglo : « J’espère que les populations ne feront pas l’erreur de 1996 »

Le maire de la ville de Cotonou, le président Nicéphore D. SOGLO était hier dimanche 14 Juin 2015, linvité de lémission « Zone Franche » de la télévision Canal3. Occasion pour la première autorité de la ville de défendre aisément, brillamment et dossiers à lappui, le bilan de ses deux mandats à la tête de la commune.

Publicité

Les questions liées au transfert des compétences et des ressources, à la lutte contre linsalubrité, à la mobilité urbaine et à dautres sujets touchant à la démocratie locale, ont été abordés par le président-maire et les animateurs de cette émission spéciale qui a duré 90 minutes.

Bilan satisfaisant malgré les obstacles politiques. Ainsi se résume le passage du président-maire Nicéphore D. SOGLO sur Canal3.

« Cest pour apporter mon expertise en matière de gestion locale que jai accepté de descendre à la base pour diriger la ville de Cotonou après mon passage à la tête de lEtat central. Mais je ne savais pas que jallais me livrer à un combat de nature particulière », a regretté le président SOGLO en faisant allusion aux nombreux goulots détranglement quil a rencontrés dans sa volonté de moderniser la ville de Cotonou.

Refus de transférer le marché Dantokpa

Se basant sur les textes régissant la décentralisation au Bénin, le président-maire a rappelé les compétences et les ressources qui devraient être normalement affectées aux communes. Entre autres compétences, il cite les infrastructures marchandes notamment le marché de Dantokpa que le pouvoir central a refusé de transférer à la municipalité de Cotonou, en violation flagrante des textes qui régissent le fonctionnement des communes. Il a dit sa surprise et sa déception face à lattitude des régimes successifs par rapport à ce marché pour lequel, il nourrissait pourtant de grandes ambitions. « Jai voulu faire de Dantokpa lun des plus grands marchés de la sous-région avec un boulevard lagunaire. Mon ami Jean-Michel SEVERINO alors patron de lAgence Française de Développement (AFD) sétait engagé pour le financement. Malheureusement lEtat central en a décidé autrement. On est passé à côté de quelque chose de bien. », a en substance déploré le président Nicéphore SOGLO.

Publicité

Il souhaite absolument que lEtat central donne à la municipalité de Cotonou, tous les moyens humains, cest-à-dire un personnel de qualité, des moyens techniques cest-à-dire tous les équipements nécessaires à ses nombreuses missions et surtout, (car sans argent lhonneur nest quune maladie) des ressources financières adéquates quelle doit collecter elle-même pour que lautonomie dont parle la loi ne soit point un mensonge. Il ne sagit pas de donner dune main et de retirer de lautre comme le font les articles 28 et 29 de la loi N°97-028 du 15 janvier 1999, se désole le président-maire.

( Loi N°97-028 du 15 janvier 1999

Article 28 : la commune a un budget autonome. Le budget de la commune est voté par le conseil municipal. Le maire est lordonnateur du budget communal.

Article 29 : Le comptable de la commune est un comptable du trésor nommé par le ministre chargé des finances. Le comptable de la commune tient la comptabilité de la commune conformément à la législation en vigueur.)

« Où se trouve lautonomie ? Cest une tromperie », conclut le président.

Il martèle alors que la priorité de toute réforme constitutionnelle devra être lautonomie financière réelle à conférer aux communes ; comme cest le cas au Canada où après 25 ans de lutte, il est marqué dans la constitution, des ressources affectées aux communes, aux Etats provinciaux et à lEtat fédéral. « Là, on se marche pas sur les pieds », analyse le président-maire.

Propreté de la ville de Cotonou

Par rapport à la question de la propreté de la ville qui fait partie des trois grandes priorités que le maire sétait fixées à sa prise de fonction, « lEtat central na pas fait son job », a-t-il déclaré. Le président-maire a dabord rappelé les trois grands pollueurs de la ville que sont le marché Dantokpa qui produit à lui-seul le tiers des 800 tonnes de déchets que génère la ville au quotidien, le port autonome de Cotonou et le stade de lamitié. De lexposé de lancien chef dEtat, il ressort quen dehors du port autonome de Cotonou qui fait des efforts salutaires, aucune autre structure, le pouvoir central y compris, naccompagne la mairie dans ses actions de nettoyage. « Pour la propreté de la ville, cest lEtat qui doit mettre les moyens mais ne le fait pas. », a déclaré le président-maire de Cotonou. Il regrette que le pouvoir central procède de la sorte alors que dans dautres pays comme le Sénégal, la Cote dIvoire, le Cameroun, le Burkina-Faso, le gouvernement met un budget à la disposition des municipalités pour la propreté des grandes villes. Cest ainsi que lEtat sénégalais donne 10 milliards chaque année à la ville de Dakar. Idem en France où lancien président François Mitterrand mettait des moyens conséquents à la disposition du maire de Paris à lépoque, Jacques CHIRAC, pour la salubrité de la ville. Ce qui nest pas le cas au Bénin où au contraire, lEtat asphyxie financièrement les autorités municipales à Cotonou pour les discréditer politiquement, a regretté le locataire de lhôtel de ville.

Opération 3CI

Lun des moments forts de lentretien du président-maire sur lémission est la question relative à la lutte contre les inondations dans la ville de Cotonou. Lautorité municipale a expliqué les raisons qui ont motivé la mise sur pied de lopération « Cotonou en Campagne Contre les Inondations (3CI) ». De ses explications, il ressort que la problématique des inondations ne se pose pas quà Cotonou. Cest un problème sous-régional qui touche lensemble des villes du Golfe de Guinée avec en exemples Abidjan, Lomé, Cotonou, etc… . Les études ont révélé quil faut la mobilisation de 400 milliards de nos francs pour régler durablement ce problème à Cotonou. Mais face à la souffrance de la population à chaque saison des pluies, les autorités municipales ne peuvent pas rester les bras croisés. Autrement, ce serait « non assistance à population en danger ». Cest donc en attendant la mobilisation pénible de ces ressources (400 milliards) qui représentent le quart du budget national que léquipe municipale a initié un plan de secours pour soulager les populations sinistrées avant, pendant et après la saison des pluies, a en substance précisé le N° 1 de la ville de Cotonou. Mais au-delà de cela, grâce à laide internationale notamment celle de lUnion européenne, des grands travaux sont entrepris. Le président-maire donne lexemple du bassin xx dAgla et du collecteur V2 qui a transformé les 2ème et 3ème arrondissements de la ville. Nicéphore SOGLO en appelle à une solution concertée à travers un programme ordonné que devront élaborer et mettre en œuvre, les pays et les villes du golfe de Guinée avec lappui des organismes de financement. 

Des Résultats concrets malgré les moyens limités de la ville

« Ce qui a marché, cest que nous avons identifié les problèmes, nous avons fait des études ; les fondations sont faites avec un début de solutions », sest réjoui le président SOGLO en citant des exemples de réalisations à lactif de léquipe municipale. Outre le collecteur V2 à Akpakpa, la construction de grands ouvrages dassainissement dont le bassin xx dAgla, il faut compter, rappelle le président, laménagement de plusieurs quartiers défavorisés de Cotonou, le pavage de plusieurs axes routiers, la construction et léquipement des salles de classes, le parking gros porteur, la police municipale et lexcellent travail et les progrès spectaculaires dans les marchés secondaires et de proximité ». A cela sajoutent lavènement progressif des motos à quatre temps aux conducteurs de taxi-moto et le transport urbain collectif pour améliorer la mobilité urbaine, même si le président-maire souligne la nécessité des minis-bus à la taille du réseau routier.

Le passage du témoin

Le président-maire Nicéphore SOGLO a salué les mérites de ses équipes de travail. Il a rendu un hommage particulier à son premier adjoint, Léhady Vinagnon SOGLO qui, a-t-il précisé, a été à « la bonne école » durant les deux mandats. « Il a abattu un travail de qualité ; cest un travailleur acharné ; je suis fier de ses œuvres » ajoute Nicéphore SOGLO au sujet de son premier adjoint. Aussi, le président a-t-il confirmé quaprès deux mandats passés à la tête de la ville de Cotonou, « il est normal que je passe la main à la nouvelle génération incarnée par mon premier adjoint » en sengageant dans un rôle de conseil. 

Elections municipales et locales à Cotonou

Le président-maire Nicéphore SOGLO sest montré serein et confiant pour la victoire de léquipe que conduit Léhady Vinagnon SOGLO aux élections municipales et locales du 28 Juin prochain. « Nous avons un bilan qui se passe de commentaires dans tous les secteurs ; nous avons fait un travail de qualité ; nous avons mené le bon combat et jespère que les populations ne feront pas lerreur de 1996, pour éviter de se mordre les doigts plus tard », a prévenu la première autorité de Cotonou.

Le président Nicéphore SOGLO a présenté un bilan éclatant. Cest ce que lon retient de son exposé sur Canal3 même sil se dit déçu des vengeances politiciennes qui freinent la modernisation de la ville de Cotonou, une capitale pour laquelle il garde néanmoins, lespoir quant à son développement.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité