Lionel Zinsou : «Je n’ai pas de relations personnelles avec Talon»

Comme promis dans notre parution d’hier, nous vous livrons dans notre numéro de ce jour la suite et la fin de l’interview que le tout nouveau Premier Ministre du gouvernement Yayi a accordée à votre quotidien.

Dans cette partie, Lionel Zinsou, puisque c’est de lui qu’il s’agit, évoque la réaction de sa famille à sa nomination, la question de son positionnement pour 2016 comme dauphin du président Boni Yayi et ses relations avec le monde politique béninoise, notamment Pascal Irénée Koupaki et Patrice Talon. Lisez plutôt.

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Lire : Bénin : Lionel Zinsou parle…

La Nouvelle Tribune : Il nous est revenu que votre père, le professeur René Zinsou et votre oncle le président Emile Derlin Zinsou seraient contre votre entrée au gouvernement. Dites nous aujourd’hui si vous avez le soutien franc de votre famille biologique !

Lionel Zinsou : La famille Zinsou, c’est une famille de démocrates. C’est-à-dire une famille de gens qui respectent les convictions, les engagements de leurs enfants ; maintenant que leurs enfants ont tous grandi et ont plus de 60 ans. Il faut que vous sachiez qu’ils ont leurs opinions, moi j’ai mes opinions, nous échangeons, nous avons la liberté d’opinion, nous avons des libertés fondamentales dans la famille Zinsou. D’ailleurs la génération suivante aussi a des libertés fondamentales. Mais ce que je peux vous dire, c’est que toute la lignée est extrêmement solidaire. Donc on peut avoir des libertés de conviction et des appréciations différentes, mais on est solidaire.

Mais il se fait que votre père soutenait un autre candidat. L’ancien premier ministre Pascal Irénée Koupaki.

C’est une très bonne nouvelle.

Vous le connaissez ?

Bien sûr ! Je le connais, Pascal Irénée Koupaki. Je le respecte infiniment. Mais sachez qu’il n’a pas un autre candidat, il soutient un candidat. Et moi je peux vous dire une chose, je ne connais pas tous les candidats qui se sont déjà présentés, vous savez que dans le pays on a toujours un luxe de candidats. Très gentiment, beaucoup d’entre eux étaient venus me voir dans les mois précédents. Vous savez comme le disent les lecteurs de La Nouvelle Tribune, je suis complètement déconnecté du pays, mais je les connais tous. Mais si vous voulez, j’ai adoré la tribune de l’ancien Garde des sceaux (ndlr :le professeur Victor Topanou) qui fut mon collègue au cabinet du Président de la République, quand j’étais conseiller spécial et qu’il était conseiller juridique. Nous sommes un petit monde. Moi, je connais beaucoup des candidats. Comme économiste, mon métier, j’étais toujours partisan du dialogue avec eux, de leur donner de la formation, des raisonnements, des idées et je respecte beaucoup parmi ces candidats.

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Le Chef de l’Etat, c’est un monsieur à qui souvent, on reproche son manque de méthode et son style un peu brouillon. Face à quelqu’un, comme vous, qui est décrit comme un homme réfléchi et structuré, est-ce qu’on ne peut pas imaginer que d’ici quelques mois, il y aura un peu de clash entre vous ?

(Rires). Votre question est une question extrêmement classique. En général, entre un Président de la République et un premier ministre, c’est difficile. Déjà c’est difficile entre la Reine d’Angleterre et son premier ministre. Il n’y a pas conflit de pouvoir mais des problèmes de pouvoir, des problèmes de personnalité, tout le monde guette les relations entre Président de la République et premier ministre. Ce que je peux vous dire, c’est qu’il y a des institutions. Celui qui a été élu deux fois par le peuple, et d’ailleurs dès la première tentative, ne peut être un monsieur tout le monde. Ceux qui disent quelque chose sur la méthode, la structuration de la pensée oublient que le Président de la République est élu et non pas nommé, par conséquent, sa préséance est sur tout le système institutionnel. La préséance d’un Président de la République est légitime. Bien sûr que dans tous les pays, il y a une grande différence entre celui qui est élu par le peuple et celui qui nomme. Celui qui est élu par le peuple, même s’il y a des contextes politiques qui font que, c’est très difficile de rester dans les sondages, aussi haut comme au début de son mandat, même si à mon avis, on est plus haut que beaucoup d’autres présidents en fin de mandat, c’est toujours quand- même quelque chose de tout à fait particulier , l’onction du suffrage universel. La démocratie, c’est comme ça et donc il n’y a pas de place pour des conflits entre le premier ministre et le président. S’il a des conflits avec le Président, il faut qu’il s’en aille. Dans une institution normale, ça va se passer normalement bien.

Dans quelques mois, deux ou trois, si la famille politique de Boni Yayi, les Fcbe, décidaient de vous choisir comme son candidat à la présidentielle de 2016, allez-vous répondre à l’appel ?

En général, ce ne se passe pas exactement comme ça. Je ne suis pas sûr que ça soit propre au Bénin. Tout le monde se lève et demande à être candidat. Il y a beaucoup de vocations, et beaucoup de gens qui ont des titres. Il faut plutôt faire des élections primaires pour les départager. Ce n’est pas le cas, le cas de figure n’est pas semblable. C’est une question, c’est que tous les citoyens qui estiment qu’ils ont des talents, s’ils remplissent les critères d’éligibilité, peuvent se présenter. Je veux dire, moi, j’observe beaucoup. Et j’observe que plusieurs d’entre eux, sont très estimables, mais pour l’instant le Bénin a des candidats de bonne qualité.

Patrice Talon, vous le connaissez ?

Ecoutez. Je le connais peu directement. Je le connais parce que c’est un opérateur économique que je connais beaucoup sur le plan économique du pays. Je sais que c’est un homme d’affaires,et politique. Plus d’une décennie, j’ai fait sa connaissance. Et maintenant, je le connais à travers la presse.

Il est à pourtant Paris où vous résidez !

Paris c’est 13 millions d’habitants. Je connais tout à fait Patrice Talon comme tous les citoyens du Bénin. De contacts directs sont peu fréquents parce qu’on n’a pas eu l’occasion tellement dans nos vies respectives de le faire. J’ajouterai qu’il a de contentieux, des litiges un peu compliqués avec la République du Bénin, des décisions de justice pendantes, donc je ne vais pas aller à des commentaires. On n’a pas des relations personnelles.

Interview réalisée par Vincent Foly, Marcel Zoumènou et Léonce Gamaï
Transcription : Blaise Ahouansè

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