Fcbe-Prd-Rb : Quand l’exploit de Nicéphore Soglo en 1991 se profile à l’horizon

Depuis l’annonce de l’alliance réunissant la Renaissance du Bénin (Rb) et le Parti du renouveau démocratique (Prd) autour des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) dans la perspective de l’élection présidentielle du 28 février prochain, les supputations laissent croire à une victoire certaine du candidat Lionel Zinsou.

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Mais l’histoire politique de notre pays notamment la victoire du président Nicéphore Soglo contre toute attente aux sorties des élections de mars 1991 doivent être un cas de conscience pour le peuple.

En se ralliant au candidat du pouvoir en place, l’on se demande si les électeurs des deux partis que sont la Renaissance du Bénin (Rb) et le Parti du renouveau démocratique (Prd) vont littéralement suivre les consignes de vote des ténors de leur formation politique. De ce point de vue, il s’impose désormais de faire une nuance par rapport au succès supposé dont on peut créditer cette nouvelle alliance autour de Lionel Zinsou, candidat de Boni Yayi dans la course présidentielle. Ainsi, la situation actuelle qui prévaut au sein de la classe politique béninoise paraît similaire au premier tour de l’élection présidentielle de mars 1991, la première de l’ère du Renouveau démocratique, les candidats Nicéphore Soglo et Mathieu Kérékou arrivent en tête de peloton avec respectivement  36, 16% et 27,33% des suffrages exprimés. Albert Tévoédjrè se retrouve à la troisième place avec 14,24% des voix. Il était évident que ce score témoigne d’un profond désir de changement exprimé par les électeurs, comme l’ensemble des acteurs politiques de l’époque l’avaient également clamé. Et c’est justement ce qui doit  inciter le candidat Patrice Talon, et l’électorat béninois en quête d’une alternative crédible à la pérennisation du système Yayi à se remobiliser pour mener une campagne efficace basée sur le projet de société du candidat en phase avec les préoccupations et les aspirations du peuple et surtout à prendre les précautions idoines pour une surveillance sans faille des résultats du vote.

Même effet, même cause….

Vingt cinq ans après le renouveau démocratique, l’histoire politique du Bénin est en cours d’être rééditée. Aux sorties du scrutin de l’élection présidentielle de mars 1991, les pontes politiques de l’époque ont signé le 16 mars 1991 un accord politique avec le candidat Mathieu Kérékou pour le soutenir au second tour, prenant ainsi le contre pied de l’union nationale sacrée autour du candidat Nicéphore Soglo. Il s’agissait d’Albert Tévoédjrè, Adrien Houngbédji, Bruno Amoussou, Moïse Mensah, Sévérin Adjovi , Assani Fassassi, Bertin Borna, Gatien Houngbédji, Idelphonse Lemon, Thomas Goudou. (CF Accord politique en annexe).L’ensemble de ces candidats totalise au premier tour 37,31% des suffrages exprimés. De toutes les façons, le peuple était décidé à effacer toute trace du Parti de la Révolution populaire du Bénin (Prpb). Ce qui n’a fait que conforter la position de Nicéphore Soglo, unique alternative qui s’offrait.

Malgré ses 27,33% et le virtuel apport de 37,31% de ses alliés, Mathieu Kérékou a perdu l’élection au second tour avec 32,42 % des voix puisque l’électorat a élu Nicéphore Soglo à 67,57 % des voix (Sources : INSAE). Il est clair que le score électoral du candidat Mathieu Kérékou ne s’est amélioré que de 5 points à peu près, tandis que celui du candidat Nicéphore Soglo a doublé. C’est le lieu de se demander si les électeurs ont suivi quelque consigne de vote de leurs leaders politiques partenaires du candidat Mathieu Kérékou. La réponse est évidemment négative car les militants et les électeurs sont restés collés à leur volonté de changement de système politique et de mode de gouvernance  antérieur à 1990. Cette fois-ci, il s’agit de personnalités politiques qui confondent l’attitude des électeurs aux élections législatives avec celle que ces électeurs pourraient avoir à la Présidentielle à laquelle, ils ne sont même pas candidats. Devrait-on s’attendre à ce que l’électorat les suive ? Impossible. La seule précaution qui vaille, c’est de les laisser continuer leur aventure sans lendemain et de se concentrer sur la vulgarisation efficace du projet de société du candidat Patrice Talon et d’observer une vigilance sans faille autour du déroulement de l’élection afin que les suffrages des électeurs ne soient pas détournés

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PROTOCOLE D’ACCORD

Entre :

Le Président Mathieu Kérékou, candidat au second tour des élections présidentielles et les candidats du premier tour soussignés :

  1. Il a été arrêté et convenu que :

a)Le Président Mathieu Kérékou s’engage, en cas d’élection à la magistrature suprême le 24 mars 1991, à préserver et respecter scrupuleusement les acquis de la conférence des Forces vices de la nation, notamment toutes ses résolutions non entièrement appliquées à ce jour, et spécialement tout ce qui concerne les libertés de la presse, les mesures économiques et sociales, etc.

  1. b) Le Président Mathieu Kérékou s’engage à nommer un ministre coordinateur chargé de concevoir et de conduire l’action du Gouvernement, en attendant la mise en œuvre de la révision constitutionnelle annoncée par lui lors de la déclaration de candidature.
  2. c) Le Président Mathieu Kérékou s’engage à faire sienne et à appliquer la plate-forme de programme qui lui sera proposée par les candidats signataires du présent protocole en attendant la tenue de la Conférence économique chargée d’élaborer le programme national de développement annoncé par le Président, Conférence à laquelle participeront tous les partenaires au développement
  3. d) Le Président Mathieu Kérékou s’engage à former un Gouvernement de large union nationale incluant les personnalités valables de la transition, y compris, s’il l’accepte, le Premier Ministre actuel
  1. En contrepartie de ces engagements, les candidats soussignés apportent leur soutien à  sa candidature au second tour des élections et lui assurent en cas de succès leur collaboration franche et loyale.

Cotonou, le 16 mars 1991

Ont signé :

Albert Tévoédjrè

Bruno Amoussou

Adrien Houngbédji

Moïse Mensah

Sévérin Adjovi

Bertin Borna

Assani Fassassi

GatienHoungbédji

Idelphonse Lemon

Thomas Goudou

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