L’argent aura-t-il le dernier mot en Février-Mars prochain au Bénin ?

L’année 2016 est incontestablement celle des élections présidentielles dans un certain nombre de pays africains, dont le Bénin. La lecture du livre de Polsby & Wildavsky suscite de nombreuses réflexions, notamment celle qui a trait au rôle de l’argent dans la constitution des alliances, la conduite de la campagne électorale, et finalement le choix des électeurs.

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C’est sur ce chapitre essentiel que se concentre la présente rubrique. Deux grands partis, le Parti Républicain et le Parti Démocrate, dominent le paysage politique américain. A travers un système complexe comportant notamment les primaires et le Collège des Grands Electeurs, les citoyens américains élisent leur Président tous les quatre ans, mais des scrutins partiels et toute une série d’élections locales ont lieu dans les Etats de la Fédération avant la fin du mandat présidentiel.

Polsby & Wildavsky font un constat frappant sur le rôle croissant que l’argent a joué dans le passé, et qu’il continue de jouer d’ailleurs dans le processus électoral aux Etats-Unis: entre 1964 et 1984, écrivent-ils, les frais engagés pour tous les candidats à tous les niveaux sont passés de 200 millions de dollars à 1,8 milliard de dollars. ‘Face à de telles dépenses, on ne peut que se poser des questions très sérieuses sur le rapport entre l’argent et le pouvoir en régime démocratique’, commentent les deux auteurs. Et de poser deux questions pertinentes : ‘Les personnes qui alimentent le plus généreusement les caisses d’un candidat jouissent-elles auprès de lui d’une influence importante ou excessive en échange de leurs largesses ‘? ‘Le candidat victorieux est-il tenu de ‘’récompenser’’ ses principaux commanditaires’ ?

C’est vrai qu’aux Etats-Unis comme ailleurs dans le monde, les investissements financiers massifs ne décident pas forcément du résultat final du scrutin présidentiel. Ainsi par exemple, en 2008 et 2012, le candidat du Parti Démocrate, Barack Obama, n’avait pas financé sa campagne à coup de plusieurs milliards de dollars. C’est davantage son discours et l’espoir qu’il représentait pour la refondation de l’Amérique, qui ont séduit la majorité des électeurs, suite à un deuxième mandat catastrophique de son prédécesseur, George W. Bush. Barack Obama a su également réveiller et conscientiser les jeunes, les Hispaniques et les Afro-Américains à travers les réseaux sociaux, pour leur expliquer qu’ils pouvaient être les principaux acteurs du changement, d’où le fameux slogan ‘Yes, We Can’. Mais qu’en sera-t-il du Bénin en Février-Mars prochain ? Les électeurs en général, et la jeunesse en particulier, ont-ils pris conscience de leurs forces et de leurs potentialités pour exiger des présidentiables un Programme de Gouvernement qui tienne compte de leur avenir – emplois, financements de microprojets, éducation, santé, etc.? Les regroupements politiques soutenant tel ou tel candidat auront-ils également à cœur l’avenir du Bénin où la demande sociale sera de plus en plus forte au cours des prochaines années ?  Pour l’instant, tout indique que dans les prochaines semaines, l’argent jouera un rôle majeur à au moins deux niveaux : d’abord la capacité des présidentiables à construire des alliances solides autour de leur candidature ; ensuite, leur stratégie d’occupation du terrain à travers les panneaux d’affichage, les meetings géants, la distribution des kits électoraux, la mobilisation des médias, etc. Mais qu’on ne s’y trompe pas : le plus dur restera à faire après la conquête du pouvoir, quel que soit le gagnant.

 

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