Réponse au Doyen Olympe BHÊLY-QUENUM

J’ai lu avec surprise et quelque peu de tristesse l’article à caractère de panégyrique du doyen Olympe BHÊLY-QUENUM intitulé « Lionel Zinsou est ma préférence », article dont j’avais la teneur et qui est publié dans les canards de la place béninoise, dont entre autres  « La Nouvelle Tribune » du lundi 25 Janvier  2016.

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Le doyen Respecté, pour justifier son choix, écrit ceci « De nature à ne jamais demeurer indifférent aux préoccupations majeures de la terre natale, ni à m’aligner sur les rangs de qui que ce soit, je déclare d’emblée : le candidat Lionel Zinsou est mon choix, le seul que je soutiens et soutiendrai avec l’énergie caractéristique de mes combats politiques; ainsi, de plain-pied sur le ring de la Présidentielle 2016 sur lequel tombent beaucoup de baves, je n’ai cure des glapissements, aboiements, hurlements, barrissements et des anathèmes ».

Fort bien. Mais lisons plutôt en faisant un petit recul en arrière

1° « Garrigues-Sainte-Eulalie, 17-03-11« Que par millions les Béninois et Béninoises descendent dans toutes les rues du pays.  Que la Terre natale ne soit plus le chien couchant qu’apprécie Monsieur Claude Guéant, ex-secrétaire général de l’Elysée selon qui « La France a beaucoup de respect pour la façon dont Yayi conduit le Bénin.»

Peuple du Bénin, tu te rends compte ? Le bureau de cet homme était le passage obligé de la coterie Françafrique ; celui dont il vient d’hériter à la Place Beauvau ne se désintéressera pas du creuset du néocolonialisme ; et pour cause : à l’inverse de la teneur du discours prononcé en 2006 à Cotonou par le candidat Nicolas Sarkozy, élu président de la République française, le même homme s’est enraciné dans le « Pré carré » au lieu de le démolir…

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Sous le règne de Monsieur Thomas Boni Yayi, comment et pour quels motifs obscurs les noms d’étrangers ont-ils pu être mis en exergue sur le Monument qui recèle les ossuaires de ceux dont les souffrances hantent encore les descendants ? Il faut finir avec ce régime et tous ses soutiens

Olympe Bhêly-Quenum »

2° Par Olympe BHÊLY-QUENUM, Ecrivain, en date à Garrigues-Sainte-Eulalie du 20/05/13

« Après la lecture de l’interview du juge Angelo HOUSSOU dans Afrika 7, j’ai publié le texte ci-dessous et les feed-back sont déjà plus de 1000 en moins d’une heure !« CHASSER YAYI DU POUVOIR »

Je viens de lire l’interview, du juge  Angelo Houssou; c’est un plaisir qu’il y ait encore un juge de cette trempe au Bénin de la politique du ventre, de la peur, du servilisme, de l’immoralité et de la saloperie; j’admire et soutiens fermement un tel homme.  « Que sa vie soit désormais en danger est bien plus une évidence qu’une vue de l’esprit parce qu’objectivement le régime souffle la haine, en suinte aussi et a du sang sur les mains.  Je n’aime ni la violence ni les effusions de sang bien qu’il y en ait dans certains de mes écrits ; n’empêche, au point  où en est le Bénin, ma terre natale que j’aime d’un amour sans partage, il faut en arriver à une insurrection sans effusion de sang parce que je ne veux pas une tragédie du genre Insurrection des Mille Haches (Mashokaelfumoja), une de mes nouvelles: mieux vaudrait, s’il le faut, ce que j’ai appelé LA POLITIQUE D’AKOKO qui m’a déjà valu l’insulte d’un cymbaliste de Monsieur Thomas Boni Yayi. ..  Il faut que les Béninois aient la volonté et le courage de chasser Monsieur Thomas Boni Yayi du pouvoir.  Il a ses hommes de main (la tuerie dans son sillage à Ouidah) et on laisse entendre qu’il a du sang sur les mains. Mais je l’ai dit et le répète : pas de crime, pas d’effusion de sang. Une solution simple : comme pour les présidents Maga, Apithy et Ahomadégbé, il faut que Monsieur Thomas Boni Yayi soit arrêté et assigné à résidence; il est une nuisance pour le Bénin de plus en plus ridiculisé; on a honte de dire qu’on est Béninois, qu’on est né dans le pays qu’on appelait Dahomey; j’en ai déjà appelé à la désobéissance civile dans l’Armée des hommes et des femmes et il faut chasser de la Marina celui dont le retour au pouvoir était dû à une forfaiture. .. À vous aussi, mes Frères et Sœurs Francs-Maçons, y compris ceux de la Gendarmerie et de la Police, je fais un Signe de Détresse en vous invitant à la désobéissance civile. »

Avec ces diatribes anti-YAYI comment peut-on comprendre, sous la plume du même Olympe Bhêly-Quenum  une si vibrante déclaration d’amour à Lionel Zinsou, l’homme que YAYI BONI a, contre toutes les règles internes, imposé à sa majorité présidentielle et dont le rôle est de protéger ses arrières et qui assume lui-même fièrement son bilan., investi au premier chef de la mission d’assumer entièrement le bilan de YAYI Boni ?

A présent, examinons les arguments mis en avant. En essayant de parcourir sans préjugé les gloses de ce qui relève de la griotique plus que de tout autre chose, on lit ceci :

1°- « Un des devoirs de cet homme me semblait la célèbre Fondation Zinsou ; à Ouidah, ville historique, creuset de la culture et du culte vodún, une belle création d’art nègre dénommée Hommes debout (tout un symbole) campée sur la Route des Esclaves en était un don…; voilà un indice des fondements anthropologiques, culturels et sociaux de ce pays; le failli national les ignore ou les sous-estime ; Lionel Zinsou apprendra à s’en imprégner s’il veut maîtriser les problèmes du peuple béninois et faire vraiment ce qu’il a appelé « mon devoir ». Dans les caracolades et galops vers la Marina, lequel des tocards a déjà doté le Bénin d’une structure artistique, culturelle qui y attire des touristes? »

Deuxième argument «  L’intelligence de l’homme, ses formations, ses compétences d’économiste de haut rang reconnu internationalement, ses incontestables activités dans des cabinets ministériels et à la direction de Fonds d’investissement PAI Partners font de lui quelqu’un d’autre que le Docteur dont l’incapacité de diagnostiquer les maux du pays ont traumatisé le peuple…»

L’argument massue qui fonde ce coup de foudre enrobé de douces sucreries romanesques est l’argument culturel : la « Fondation  Zinsou » : Oui la « Fondation Zinsou et  pour cela tous les contradicteurs sont traités de tous les noms d’’oiseaux « déloyal, lâche, indigne » et leurs arguments sont taxés de « baves,  …glapissements, aboiements, hurlements, barrissements, anathèmes… jacassements démagogiques….». D’ailleurs les prémisses de ce choix sont posées ainsi «  […] je ne soutiendrai aucun candidat, n’appellerai à voter pour aucun dont le programme ne comportera pas de données culturelles convaincantes ; c’est de carences culturelles aussi que souffre notre pays ; je ne vais pas y collaborer ….».

Et pour cela, Olympe Bhêly-Quenum (homme de passion plutôt que de raison comme souvent tout grand écrivain!) évacue par des arguments mièvres et sans consistance toutes les critiques adressées à son candidat, surfe sur certaines lapalissades pour se donner bonne conscience d’avoir raison. Eh oui !

1°-Lionel Zinsou est-il « Homme nouveau » au Bénin ?  Pas du tout, répond le Doyen Olympe. En tout cas s’il est « Homme nouveau » « pour le Béninois lambda », il ne l’est pas « pour celui dont il a été le conseiller économique »: c’est-à-dire pour YAYI Boni. Et pour Olympe Bhêly-Quenum, cela suffit pour qu’il soit élu du peuple.

2°-« Etranger politique » au Bénin ? Lionel Zinsou « sait assembler le culturel et l’économique qui participent du développement social de tout pays ; les gérer sans corruption ni détournement de fonds n’est pas le fort du régime des artistes de la politique du ventre, de panier de crabes et de la fosse des vipères ». Comprenez : Lionel Zinsou est étranger à la politique de « corruption et détournement de fonds » propre au « régime des artistes de la politique du ventre ». S’il est étranger au Bénin, il l’est par rapport à la politique de « faillites en matière de politique culturelle, sociale, économique .., qui ont mis le Bénin à plat ventre sur un parterre de détritus »

3°-« Des Français bon teint sont déjà conseillers de Lionel Zinsou » dans son cabinet ! C’est normal ; c’est la pratique « de tous les gouvernements des ex-colonies françaises d’Afrique… ils n’entendent aucune langue africaine mais bien qu’on les sache excellents espions au service de leur pays, on les utilise à cause de leurs compétences, fussent-elles au-dessous de celles de leurs homologues africains »

4°- A propos de la FrançAfrique ? Olympe Bhêly-Quenum  répond « Le Bénin étant aux abois, Lionel Zinsou pourrait estimer légitime de servir davantage la terre de son ascendance africaine en soupesant ses chances… les nostalgiques du système colonial ne désarment pas, voire avec la collaboration des Africains renégats .Si les intérêts du Bénin sont primordiaux dans le tréfonds de Lionel Zinsou, l’économiste ne doit avoir cure des faits du prince du Failli national à qui une coalition ou simple collusion a fait mordre la poussière  »

5°-Quid de la critique selon laquelle Lionel Zinsou ne parle aucune langue nationale ? Voici la réponse de notre Grand Nationaliste «  hormis les jacassements démagogiques qu’il dégorge depuis des lustres, un Monsieur qui doit tout à son pays natal sans y avoir rien apporté a fait grief au fils du Professeur René Zinsou de sa méconnaissance de certaines langues du pays. D’accord, mais depuis 1960, laquelle de ces langues les gouvernements du Dahomey ou du Bénin ont-ils osé choisir pour l’Enseignement primaire ou secondaire ?… Qu’on me le dise : à l’Assemblée nationale, qui comprendrait quoi que ce soit si un député du Septentrion déversait une logorrhée en dendi, ou si un des ses homologues de l’Atlantique lui emboîtait le pas en fongbé ou avec les pesanteurs royales d’Abomey? Nugor! Aurait raillé Plaute».

Autrement dit (en faisant fi du latinisme superflu « Nugor » pour dire balivernes), si les gouvernants ont failli dans tous les domaines (même dans la dotation de l’Assemblée nationale d’interprètes-traducteurs en langues nationales), il faut soutenir et acclamer le retour du colon !

Voilà pour l’essentiel de ce que l’on peut retenir des odes écœurantes  pro-Lionel Zinsou du Doyen Olympe Bhêly-Quenum.

Des questions hautement politiques comme l’engagement faisant office de « feuille de route » du candidat Zinsou d’assumer entièrement le bilan du pouvoir de YAYI Boni, celle de ses déclarations sur « l’Afrique qui appartient à l’Europe », de la FrançAfrique qui serait « plutôt un mythe », du franc CFA qui est la meilleure chose au monde et qu’il faut étendre aux autres pays anglophones… Sa complicité avec Boni Yayi dans la cession illégale du contrat ferroviaire à Bolloré et son soutien au parjure de Yayi dans le refus d’appliquer les décisions de justice. Tous les silences sur les faits de corruption de YAYI Boni, scandales ICC- Concours frauduleux ; ses propres pratiques hautement corruptrices consistant à s’acheter par des milliards de CFA les soutiens des grands partis politiques (cf. les aveux d’Adrien Houngbédji), l’usage des moyens de l’Etat pour sa campagne, etc ; tout cela est merveilleux aux yeux de notre Patriarche Olympe Bhêly-Quenum. Si on ajoute à cela qu’il labellise le fait pour les gouvernements africains francophones de nommer des conseillers français dans leur cabinet au détriment des chômeurs de leurs propres pays, le fait qu’il aille jusqu’à tourner en dérision l’exigence pour un Candidat à la magistrature suprême de notre pays de maîtriser une de nos langues nationales, on se demande ce qui a pu bien se passer pour en arriver là. Oui en effet, qu’est-ce qui a pu faire opérer un tel changement chez Olympe Bhêly-Quenum ? Est-ce les relations particulières de réseaux particuliers si prégnants sous les cieux, qui font qu’au lieu de juger les proclamations de l’individu, son existence et environnement réels, on présume d’avance sa conscience (phénomène non mesurable) pour bien faire, consistant en la prise en compte « des intérêts primordiaux du Bénin dans le tréfonds de Lionel Zinsou? »

Olympe Bhêly-Quenum (tenu par l’on ne sait quelle pesanteur sociale) est demeuré sur le seul terrain de la culture pour le choix de son candidat. Ainsi il s’affirme un adepte forcené du culturalisme. Or il est connu par expérience que le culturalisme sans le patriotisme- surtout lorsqu’on se situe hors du champ culturel national- se résout en exotisme, à la manière des Arthur Rimbaud ou Charles Baudelaire décrivant les vierges noires au sein nu des pays exotiques. Le maintien des cultures des peuples sans le patriotisme, c’est la transformation de ces cultures en folklores, objet de musées où les riches et repus dominateurs des  puissances impérialistes viennent se délester de leur ennui ; c’est exactement comme les parcs zoologiques où viennent se divertir les hommes.

Tout en s’en défendant, le Doyen Olympe Bhêly-Quenum ne se libère point des carcans de la FrançAfrique. C’est le triste constat que l’on est en droit de faire. Et c’est dommage !

Très respectueusement,

Cotonou,  le 28 Janvier 2016.

Albert GANDONOU, citoyen béninois.

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