Panafricanisme au Congo: entre Alain Mabanckou et Sassou-Nguesso qui défendre?

Une polémique secoue actuellement la classe politique congolaise et au delà du pays, touche directement les panafricanistes du continent. Pour ceux qui ne le savent pas, le Panafricanisme est une doctrine qui prône une solidarité envers les peuples africains.

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Si cette doctrine a connu des remous au cours de ces 25 dernières années, avec la disparition parfois tragique des leaders africains qui tentaient de l’instaurer, une nouvelle classe de panafricaniste est née sur le continent à la faveur de l’explosion des réseaux sociaux, mais aussi de la détermination d’une nouvelle élite, instruite et prête à changer les choses. 

Tout le monde le sait, les élections sont parfois un casse-tête pour les panafricanistes. Choisir un président n’est jamais chose facile, puisqu’il y’a parfois de forts intérêts dans la balance. Et, quand bien même le pays concerné n’est pas un pays pétrolier, ni même un pays à fortes ressources naturelles, des intérêts géostratégiques peuvent être bien dissimulés quelque part. 

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Au Congo, la récente élection de Sassou-Nguesso sur fond de révision de la constitution a fait renaître l’éternel débat de l’ingérence étrangère dans le pays. Pour certains, une partie de la population (la majorité pour d’autres) ne voulait pas de celui qui a longtemps dirigé le pays sans que le développement tant attendu ne pointe à l’horizon. Après les contestations, l’éternel président avait décidé de recourir à la force en attaquant sans ménagement les quartiers non acquis à sa cause. De nombreux blessés et des morts ont été dénombrés dans l’indifférence internationale. 

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C’est Alain Mabanckou, célèbre écrivain africain également reconnu en Occident, qui a récemment créé la polémique en publiant une lettre ouverte adressée au président français, François Hollande. Réagissant dans une interview à RFI sur les raisons qui l’ont poussé à entreprendre cette démarche il a affirmé que François Hollande n’avait pas validé l’élection au Congo créant ainsi un tollé sur la toile et même au sein de la classe politique congolaise qui n’a pas hésité à lui répondre. 

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Et pour cause, pourquoi, en temps normal, un pays indépendant devrait s’attendre à ce qu’un autre pays valide ses élections ? La question mérite d’être posée à juste titre. C’est ce que le ministre congolais de la communication a essayé de faire comprendre par média interposé à l’écrivain, en lui rappelant que l’époque de Tintin au Congo était révolue, signifiant ainsi que le pays n’a pas à attendre le quitus d’un autre pour valider son élection.

Et c’est à ce moment que le débat prend place. Qui d’Alain Mabanckou ou du ministre a raison? Difficile de répondre! En effet si l’Afrique veut aller de l’avant, elle doit apprendre à se rapprocher de l’autodétermination; c’est ce que pensent les panafricanistes. L’autodétermination signifie que l’on ne doit pas avoir recours aux avis d’autres peuples sur ce qui nous convient le mieux. La démarche de Mabanckou est donc de prime abord néfaste et humiliante. D’autant plus que l’homme est souvent critiqué pour ses propos souvent qualifiés d’allégeance à la France. 

Tout panafricaniste digne de ce nom devrait donc rejeter en bloc les propos de Mabanckou… mais il y a un hic! Rejeter les propos de Mabanckou reviendrait à défendre indirectement Sassou-Nguesso qui n’est pas non plus reconnu pour son panafricanisme. Alain Mabanckou a tort! c’est indéniable. Et ceci pour plusieurs raisons: 

  • la France n’a pas intérêt à rejeter l’élection de Sassou
  • Même si elle le faisait, Sassou ne démissionnerait pas pour autant

Sa démarche donc à part, l’humiliation infligée à son peuple avec cette déclaration, n’aura pas un impact réel sur la situation dans le pays. Et en y pensant bien, il aurait été peut-être plus judicieux de sa part d’associer dans sa déclaration, l’union africaine, les pays voisins, et la communauté internationale dans son entièreté. Cela aura probablement éviter de renforcer dans l’esprit de certains africains l’idée qu’ils avaient de lui. 

Mais en attendant, Sassou-Nguesso, qui visiblement n’a pas envie de lâcher les rênes du pouvoir, a été investi président au grand dam de ses opposants.

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