Bénin : L’EPMB appelle le Chef de l’État au respect des décisions de justice

La crise au sein de  la grande famille des méthodistes du Bénin a connu  un nouveau développement hier dimanche avec la célébration d’une messe dite de réconciliation au temple Béthanie(voir page7) ,en présence du chef de l’Etat qui , apprend- on de sources concordantes,  en a pris l’initiative.

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Ces retrouvailles inimaginables, il y a  seulement quelques jours, après les troubles consécutifs à la mise en exécution forcée des décisions de justice en faveur de l’Epmb, vont-elles mettre fin à une crise vieille  de deux décennies ? Les optimistes dont le  nouveau chef de l’Etat veulent bien le croire, surtout après les scènes d’effusion observées à la fin de la célébration d’hier. Cependant, des inquiétudes demeurent, quand on se souvient des  tentatives infructueuses de conciliation initiées par le passé par l’ex-médiateur Albert Tévoédjrè, entre autres, tant les positions des deux camps restes inconciliables.

Ces inquiétudes sont confortées  par une note personnelle adressée au chef de l’Etat par les dirigeants de l’Epmb dont votre journal a pu avoir copie .Cette note censée confidentielle remet les pendules à la bonne heure car elle exige tout simplement du chef de l’Etat le respect des décisions de justice .Histoire de le prendre au mot sur  sa déclaration pendant la campagne électorale. Lisez plutôt.

Note stratégique pour une réunification de l’EPMB

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La crise qui secoue la communauté méthodiste depuis 1997 ne vient pas d’un conflit entre deux églises, mais entre l’Eglise protestante méthodiste du Bénin (EPMB) et son président de l’époque, le pasteur Moïse SAGBOHAN. Débouté par le jugement n° 32 du 7 juin 1999, il crée une nouvelle église le 14 juillet 1999 sous l’appellation EPMB-Conférence. Cette nouvelle formation religieuse est installée sur des terres appartenant à l’EPMB. Un récépissé d’enregistrement lui est dé livré le 29 novembre 2000 puis annulé le 13 juillet 2006 par la Cour suprême ‘’avec toutes les conséquences de droit ». Le ministère de l’intérieur a dû à son tour annuler ce récépissé par arrêté du 12 juin 2007. La hiérarchie de l’« EPMB-C » n’a cependant jamais accepté cette annulation. Elle a continué à entretenir, chez les fidèles de I’EPMB pris en otage dans les temples confisqués par elle, les mêmes illusions et une méconnaissance totale de la réalité des faits.

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L’exécution des décisions de justice, lancée Je 13 mai 20 16, a eu un effet éminemment positif : celui de dessiller les yeux d’un nombre croissant de fidèles, voire de pasteurs« EPMB-C ». Plusieurs paroisses ont manifesté depuis lors leur désir de réintégrer simplement I’EPMB, dont elles commençaient à voir qu’elle seule détient la légitimité. Le coup d’arrêt brusque donné par le Chef de l’Etat à cette initiative salutaire a entraîné un recul considérable. Il a eu pour effet de freiner le processus de règlement en cours et de remettre en selle les dirigeants d’une formation illégitime.

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Contrairement à ce que prétend la hiérarchie de l’« EPMB-C », le patrimoine de l’Eglise n’est nullement une copropriété des fidèles susceptible d’être partagée ou redistribuée en cas de schisme. Si tel était le cas, on devrait, de toute façon, prendre en compte les diasporas EPMB des temples confisqués par cette hiérarchie, et reconnaître à ces diasporas un droit égal de propriété. La vérité, cependant, comme l’attestent le jugement n° 184 du 21 décembre 2000, l’arrêt n° 54/CA du 13 juillet 2006 de la Cour suprême et l’arrêt n° 186/ 10 du 21 octobre 2010 de la Cour d’appel est que le patrimoine de 1 ‘Eglise est indivisible et appartient en propre à l’EPMB.

L’Eglise protestante méthodiste du Bénin (EPMB) est régie par deux textes : a) ses statuts constitutifs adoptés à l’unanimité au synode général de février-mars 1992 à Porto-Novo et approuvés par la Conférence de 1 ‘Eglise méthodiste de Grande Bretagne la même année, en prélude à l’autonomie acquise le 7 mars 1993 ; et b) un règlement intérieur adopté au Synode général d’EKPE en 1993. Seul le Synode général, organe .suprême de décision, a compétence pour modifier ces textes fondateurs.

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La paix, la tranquillité, la sauvegarde de l’ordre public passent par l’exécution des décisions de justice. Toutes les médiations tentées jusqu’ici, plus d’une vingtaine au total, y compris celles de la CETA (Conférence des Eglises de toute l’Afrique, Nairobi), de la CEVAA (Communauté d’Eglises en mission, Montpellier), de l’Eglise Méthodiste de Grande Bretagne, de 1 ‘Eglise Méthodiste du Nigeria, de feu Mgr. Isidore de SOUZA, des Eglises-sœurs du Bénin et d’ailleurs, de l’ancien Médiateur de la République, puis de l ‘ancien Président de la République, qui invitaient l’ancien président de l’EPMB et son équipe à réintégrer l’Eglise-mère, ont régulièrement échoué. Mais puisque les instances judiciaires ont tranché le litige, il ne reste plus qu’à faire comprendre au perdant qu’ il n’est pas au-dessus de la loi, comme il s’emploie à le proclamer haut et fort à qui veut bien l’entendre.

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L ‘EPMB apprécie 1 ‘ intérêt personnel porté par le Chef de l’Etat à la résolution de cette crise. Elle accueille avec satisfaction le fait qu’il ait reconnu devant les deux délégations que dans cette affaire, seule 1 ‘EPMB détient la légitimité. L ‘EPMB prie le Chef de l’Etat de jouer son rôle de garant de l’exécution des décisions de justice. Elle le supplie, au nom du Seigneur, et dans un souci citoyen de vérité et d’équité, de ne pas cautionner la logique du fait accompli de deux églises.

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En vue de la réunification de l’Eglise, l’EPMB propose respectueusement au Chef de l’Etat le plan d’action suivant :

  1. a) Pose des plaques et enseignes EPMB sur tous les temples, toutes les institutions et tous autres domaines relevant du patrimoine de l’EPMB (durée : 15 jours);
  2. b) Information et sensibilisation des fidèles, sur toute l’étendue du territoire, sur le souhait du Président de la République de voir appliquer les décisions de justice dans un climat apaisé en vue d’une réunification pacifique de l’EPMB. Le comité mis en place par le Chef de l ‘Etat aura pour tâche de sillonner quelques-uns des temples de l’EPMB, y compris les temples confisqués par l’ ‘’EPMB-C », pour apporter aux fidèles une information juste sur la teneur réelle des décisions de justice (durée: 1 mois).
  3. c) Réintégration des pasteurs et évangélistes de l’ « EPMB-C » reconnaissant l’autorité du Président et des organes dirigeants de l ‘EPMB en vue de leur redéploiement éventuel, et mise en place d’un programme de renforcement des capacités (formations, bourses d’études à l’extérieur comme à l’intérieur du pays)
  4. d) Prise en charge effective des églises locales, des presbytères et des œuvres  à travers notamment la nomination des pasteurs par l’EPMB et la recomposition des Conseils d’Eglise.

Toutes ces propositions sont fondées sur le respect scrupuleux de nos textes fondamentaux et des lois de la République.

A Dieu seul soit la gloire !

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