Affaire Morpho Dys : Le ministre Hêhomey s’explique sans convaincre

Par la voix du ministre des Transports et des Infrastructures, le gouvernement a effectué hier sa première sortie médiatique sur la polémique relative au retrait du marché de sécurisation des aéroports à l’entreprise Securiport (lire notre premier article), réputée pour son expertise dans ce domaine, au profit de Morpho Dys. Le ministre Hêhomey a expliqué la décision du gouvernement sans convaincre sur l’un des nœuds de cette actualité.

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« Segub et Morpho Dys : que retenir ? ». Tel est le thème d’une émission diffusée sur la télévision Golfe Tv dans la soirée de ce lundi 22 novembre 2016. Le journaliste Rachidi Odjo avait pour invité le ministre des Transports et des Infrastructures. Le ministre Hervé Hêhomey était sur le plateau de nos confrères pour apporter des clarifications sur certains dossiers relevant de sa tutelle et au cœur de la polémique depuis quelques jours.

Lire Bénin : Le ministre Hêhomey clarifie les Affaires, Segub, Sttb et Morpho Dys

L’un de ses dossiers est ce qu’on peut désormais appeler l’affaire Morpho Dys. Du nom de cette entreprise non encore créée (aux dires du ministre) à laquelle le gouvernement de la rupture a décidé d’octroyer le marché de sécurisation des aéroports du Bénin. Ce qui crée la consternation dans l’opinion publique, c’est que cette délégation de service public avait déjà été octroyée  à la société Securiport par l’ancien régime. Un contrat a été signé entre l’Etat béninois, représenté par trois ministres et les représentants de Securiport, société basée à Washington Dc, aux Etats-Unis. Dans son intervention d’hier, la principale raison avancée par le ministre Hêhomey pour justifier l’acte du régime de la rupture est relative aux manipulations des données personnelles. « Securiport, une société privée, se substitue purement et simplement à notre police nationale », a-t-il affirmé. « Securiport gère les données à caractère personnel, explique-t-il. La police n’est pas associée à cette gestion. Ce qui est contraire à la loi. L’enregistrement et le traitement des données à caractère personnel est du domaine régalien de l’Etat ».

« Les données générées, la propriété du gouvernement »

Pourtant, le contrat liant l’Etat béninois à Securiport stipule tout le contraire des analyses faites par le ministre Hêhomey hier. D’abord, dans son intitulé, il s’agit plutôt d’ « un contrat de fourniture d’un système de sécurité de l’aviation civile et de l’immigration au gouvernement de la république du Bénin selon des modalités de construction, maintien et transfert ». Dans ses considérants, le contrat reconnait à Securiport son statut de « fournisseur exclusif mondial d’applications de gestion de l’immigration dotées d’une technologie unique brevetée de prise d’empreintes digitales au moyen de l’imagerie par ultrasons ». Mieux, dans un point consacré à la « propriété et la confidentialité des données », le contrat, conclu le 18 novembre 2015, après plus de trois ans de négociation et d’analyse, dispose : « Toutes les données générées (…) sont la propriété du gouvernement. (…) Ni Securiport, ni aucun de ses employés ne fera de copies de ces données, ni ne divulguera ou n’utilisera une quelconque information acquise pendant l’exécution de cet accord, sous peine de poursuites judiciaires ».

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Pour rester conforme à l’esprit de cet accord, Securiport a formé des agents de la police de terre et de l’air à l’utilisation de sa technologie. On apprend que la clé du centre des données est détenue par la police. Les agents de Securiport ne devraient pas y avoir accès. Indiquons d’ailleurs que dans ce dossier, en réaction aux réserves soulevées à propos de la Securiport, l’ex-diriecteur général de la police nationale, le contrôleur général de police Didier Atchou, avait suggéré au ministre de l’Intérieur, « une reconsidération » de la position du gouvernement .(Voir ci-dessous une copie de sa correspondance).  

Lire des extraits du contrat dans le document PDF du journal ici

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