Qui a envoyé Charlemagne Honfo sur Canal3 dimanche dernier ? parler de l’échec du Prd à la dernière élection présidentielle ? Est-ce Me Adrien Houngbédji le président du parti ? Ou l’a-t-il fait de son propre chef ? Question somme toute banale mais opportune au regard de la médiocrité de la prestation du porte parole du Prd. Que ceux qui n’ont pas suivi l’émission en demandent la bande, ils s’apercevront du désastre.
A ceux qui l’ont suivi et qui, dans l’instantanéité de l’image n’y ont pas vu de gravité, je demande aussi qu’ils réécoutent avec le recul nécessaire. Eux aussi se rendront à l’évidence de la calamiteuse sortie du porte parole. Tant par son manque de pondération sur le plateau que par la gravité des propos tenus, il aura réussi à marquer négativement les esprits au point de faire, sur certains forums de discussion whatsapp, objet de vives railleries.
Le débat était d’un niveau très bas, les arguments peu soutenables, les affirmations aussi imprudentes et aussi contradictoires les unes que les autres, sans oublier des déclarations qui devraient irriter les militants du parti au lieu de les rassurer.
La copie servie est aux antipodes de celles fréquemment servies aux militants par le président qui allie sagesse, humour et assurance. Alors que le président Houngbédji dans une humilité légendaire a affirmé le jour de son investiture comme président de l’Assemblée nationale avoir des défauts dont il a du mal à se passer depuis 25ans, Charlemagne Honfo se pose en érudit politique qui ne commet jamais d’erreur. Du Prd, il a une idée hautement utopiste. « C’est une famille, une religion », fermant les yeux sur le désamour actuel au parti, même dans ses bastions imprenables.
Voici une des aberrations du porte parole: « le Prd n’échoue jamais ». Cette déclaration de fortune d’une incohérence rare, dénote d’un manque d’humilité criant. Il ne voulait pas reconnaître l’échec pourtant évident qui a fait du président du parti un candidat malheureux à toutes les élections présidentielles auxquels il a pris part. Comment peut-on dire une telle bêtise alors que le parti tente vaille que vaille de sortir la tête de l’eau après la sanglante déculottée à la dernière élection présidentielle ?
Comment avec ce parcours truffé de hauts et de bas qu’on doit analyser avec recul, ose-t-on dire que le Prd n’a jamais échoué ?
Ceci ne l’a pas empêché de dire cela après « Parlant des dernières élections, je m’en voudrais de ne pas envoyer un clin d’œil à tous les militants et leur demander pardon pour les choix qui n’ont parfois pas répondu à leurs aspirations. Je leur dis d’oublier ». Voyez-vous-même l’incongruité. On n’a jamais échoué mais on demande pardon pour un mauvais choix. Un mauvais choix qui a entrainé un échec. Et là-dessus, voici ce qu’il dit. « Nous ne sommes pas le Bon Dieu pour faire le choix judicieux ». Donc c’est une affaire divine. Honnêtement, ce genre de propos venant d’un homme politique de ce rang doit faire marrer. Il résume le choix et les options politiques à la providence, au hasard. Réduire la réflexion politique à ce niveau dénote d’une grave cécité politique.
Une autre aberration : « Les gens ne nous aiment pas dans l’Ouémé ». Et plus loin : « les autres régions se regroupent contre nous ». De tel propos montrent une ignorance de l’histoire politique du pays. Dans les années 50 et 60, le fief du Prd de Sourou Migan Apithy débordait largement au delà de l’Ouémé et du plateau, allant du Mono au Couffo, et couvrant une partie du Zou, des Collines et de l’Atlantique. Doit-on aussi lui rappeler que le Prd de Me Adrien Houngbédji a eu des députés dans le nord et dans l’Atlantique. Lors de l’élection présidentielle de 2011, Adrien Houngbédji avait été désigné candidat unique de l’Un, et avait à cet effet bénéficié du soutien des militants RB du Zou et de l’Atlantique, et des Psd du Couffo. Il est regrettable que les isolements politiques, les incapacités à rallier d’autres forces à sa cause, soit une question de sentiment.
Etait-il opportun de faire cette sortie ? Quel est l’urgence à s’expliquer sur la débâcle à la présidentielle passée, justifier le choix de son candidat ? De dire des choses aussi crues, sans aucune nuance et sans explications politiques valables ? Pourquoi le faire dire par quelqu’un qui n’en a pas l’étoffe ? Ce genre de choses difficiles à soutenir, de positions et de choix difficiles à assumer, devraient être faits par le président Houngbédji lui-même. Lui qui sait user des mots adéquats, chercher des arguments soutenables pour convaincre ses électeurs. Il sait si bien le faire que depuis le 26 ans, il a toujours le soutien des siens. Parfois la parole, lorsqu’elle est délicate, doit être portée par le Chef qui en a l’art. Honfo aurait dû se contenter de défendre son bilan « flatteur » à la mairie de Sèmè-Kpodji, cela le revaloriserait mieux que ce déchet médiatique à vite jeter à la poubelle
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