Depuis quelques mois, le gouvernement Patrice Talon a entamé une communication tous azimuts autour de son programme d’actions.Cela amène certains membres du gouvernement à sillonner quelques localités du Bénin pour annoncer la bonne nouvelle aux populations. Comme pour dire que la République est en marche et que le pays va enfin sortir de sa torpeur. Mais dans les faits, c’est une propagande qui ne dit pas son nom. Les erreurs dénoncées hier se répètent sous la rupture avec tambours et trompettes. Du changement à la rupture en passant par la refondation, le mode de communication, après quelques mois de flottement n’aura pas beaucoup changé.
Les Béninois avaient reproché au régime du président Boni Yayi, de verser dans une communication agressive, propagandiste, qui ennuie. Avec le nouveau départ, on a promis de changer la donne et faire les choses dans les normes. Curieusement et très tôt, le peuple a été privé d’informations nécessaires, le minimum pouvant permettre aux uns et aux autres d’avoir des éléments d’appréciation sur la nouvelle administration. Dès lors, les actions du gouvernement ne sont pas révélées au public, les activités, sorties ou voyages du Chef de l’Etat ne sont pas du tout relayés par les médias. Les grandes décisions au sommet de l’Etat et dont l’application nécessite la participation ou l’implication des citoyens sont difficiles d’accès. C’est un style propre au chantre de la rupture qui a souvent préféré travailler dans la discrétion. La preuve, au cours de l’émission ‘’Bénin Révélé’’ en avril dernier où le président de la République s’est prononcé sur des sujets qui relèvent du domaine de l’intérêt national, notamment la révision de la Constitution, Patrice Talon avait déclaré :
« je n’aime pas l’autosatisfaction et puis je suis aussi malheureusement un homme un peu timide. Ce qui fait que ce qui va bien pour moi, je ne m’attarde pas là-dessus. Je cherche à améliorer au quotidien. Si je dois communiquer, je trouve parfois un peu de pudeur à communiquer sur mes succès, c’est pour ça que personne ne sait que la production cotonnière a atteint et dépassé les 400 000 tonnes de coton graine, le record historique ».
Il a fallu que certains citoyens donnent de la voix pour que le gouvernement revoie sa copie. C’est ainsi que Talon et son équipe ont décidé de faire les choses autrement. Malheureusement, on constate que les mêmes qui hier ont reproché à Yayi de cultiver le culte de la personnalité, de faire de la propagande, de la communication exagérée ont choisi d’utiliser les mêmes canaux pour commettre des erreurs d’une extrême gravité au plan de la communication. Evidemment, les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets. Le programme d’actions du gouvernement (Pag) est désormais l’élément autour duquel les meetings et les déclarations de soutien se font.
Le Pag pour séduire le peuple
Depuis que la prise en compte du projet de révision constitutionnelle a échoué au parlement, le président de la République a lui-même déclaré qu’il va désormais faire de la politique. C’est ce qui explique peut-être le fait que le gouvernement a entamé des tours de villes pour sensibiliser les populations autour des projets contenus dans sonPag.
Par ailleurs, il suffit qu’un Béninois fasse un exploit (Collectif ou individuel) dans un domaine pour qu’on fasse de la publicité autour, afin de montrer que le Pag est en marche. Il suffit que des travaux soient lancés ou que des pierres soient posées pour qu’on dise que le pays va bien et se développe aujourd’hui plus qu’hier. On fait croire à une population majoritairement analphabète, que tous les moyens sont mobilisés et que bientôt leur quotidien va changer dans tel ou tel secteur. En vérité, avec la crise qui sévit au pays, les Béninois ont hâte de voir du concret. Ils brûlent d’impatience de voir un changement dans la rupture.
Ce changement ne sera peut-être pas pour demain parce que les projets viennent d’être lancés et il leur faut du temps pour prendre corps. Mais ce qui est sûr et le Chef de l’Etat l’a une fois encore souligné lors de l’émission ‘’Bénin Révélé’’ en avril dernier, il tient compte de la souffrance de ses concitoyens qui n’ont pas la patience d’attendre, parce que socialement il faut aussi apporter des réponses immédiates.
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