L’ambassadeur Moïse Kérékou est l’un des pionniers de la guerre pour la monnaie unique. En 2009 et 2011, il avait mené des recherches sur l’intégration économique. Près de huit ans après, ses réflexions apparaissent telle une prophétie, et apportent plus de science et de méthode au débat sur la sortie du franc Cfa. « L’intégration économique est une science qu’il faut connaître, mieux, maîtriser. Elle va au-delà de la simple coopération ou de la diplomatie entre États. C’est avec beaucoup d’amertume que je suis le débat sur la création de la monnaie commune, ainsi que l’adhésion du Royaume du Maroc à la CEDEAO. Et avec tout le respect que je dois aux fonctionnaires de notre espace communautaire, techniquement et stratégiquement, ils ont tout faux.
Je voudrais donc humblement recommander mon ouvrage paru aux Éditions l’Harmattan, et qui traite de la question de monnaie, pour y voir les étapes indispensables dans un espace communautaire, à la création d’une monnaie commune. Il est plus facile seul de créer une monnaie (Gambie, Ghana, Nigeria…) mais pas aisé de créer une monnaie communautaire à cause de la disparité des économies.
Je crois fortement qu’il est temps que notre espace se dote de sa propre monnaie, indépendante. Mais nous devons nous assurer que les préalables suivants, tels les barreaux d’une échelle, ont été atteints et bien assimilés de manière ascendante au sein de notre espace. Il s’agit de :
- Une Zone de libre-échange préférentielle ;
- Une Zone de Libre-échange ;
- Une Union douanière ;
- Un Marché commun ;
- Une union économique et monétaire.
Tout en respectant le noble combat des activistes dont le porte flambeau est Kémi Séba, je voudrais appeler nos Dirigeants à la circonspection.
Je pourrais revenir plus tard et donner ma position sur l’adhésion du Maroc à la Cedeao, pour ceux qui le désirent.
« Je ne suis pas contre la création d’une nouvelle monnaie ; au contraire j’ai affirmé qu’il était temps que nous disposions de notre propre monnaie, indépendante. Et je soutiens la position des Chefs d’Etat dont le précurseur est le Président Tchadien Idriss Deby Itno. Son courage est extraordinaire. J’admire et je respecte aussi le noble combat panafricain des activistes, dont le porte flambeau est le béninois Kemi Seba.
Toutefois, j’attire l’attention sur les préalables parce qu’avec la création d’une nouvelle monnaie, nous devons nous engager aussi à une gestion scientifique, saine et rigoureuse. Pourquoi ? Jusqu’alors, la parité du franc CFA est fixe et donc stable. Cette stabilité est assurée par le Trésor français et l’Euro. Avec une nouvelle monnaie, nous faisons le choix automatique d’aller vers une parité qui va fluctuer par rapport aux autres monnaies. C’est une lourde Responsabilité qui nous engage vis-à-vis de nos peuples. Les exemples sont légion des risques encourus, risques provenant rarement du comportement des marchés financiers, mais de la gestion hasardeuse, puérile et approximative de la monnaie. Un hyper fonctionnement de la planche à billet, ne devrait pas être par exemple admis.
Alors qu’on nous parle de l’appétit de certains Pays à importer plus qu’ils n’en ont besoin, qu’il est reconnu que nous n’exportons pas beaucoup, et qu’au sein même de notre espace nous avons des pays favorables au maintien du CFA, la prudence, la méthode et la circonspection, doivent être de règles ; surtout à en ces moments de grandes difficultés pour nos États, où la main visible est plus que jamais active sur notre cher et beau Continent. Cette prudence ne doit enlever en rien notre détermination d’avoir notre propre monnaie.
Mes propositions ne sont pas forcément les meilleures, mais elles méritent d’être prises en compte »
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